« Nous ne pouvons que constater qu’aucun acte d’enquête actif ne peut encore être posé dans ce dossier ». C’est en ces termes que la nouvelle procureure fédérale Ann Fransen, la mine grave, s’est adressée à la presse réunie au Justitia à Haren le vendredi 21 juin 2024 en fin de matinée. Et pour cause, la fermeture du dossier des Tueries du Brabant est un échec pour la justice belge.

[L'article qui suit est un article de nos camarades canadiens qui a été adapté]

Un des thèmes récurrents qui revient souvent durant nos congrès, dans chacun des plus de 45 pays où nous sommes présents, est l’éducation théorique. Sans elle, nous pourrions être des milliers de membres à travers le monde, avoir une solide organisation ainsi que de nombreux journaux hebdomadaires & des publications quotidiennes sur les réseaux, et tout cela pourrait s’effondrer comme un château de cartes. De nombreuses organisations socialistes ou communistes ont connu une croissance impressionnante pour ensuite disparaître quelques années plus tard. À chaque fois, la cause fondamentale était une erreur dans les idées, un mépris de la théorie et de l’éducation, ou les deux.

D’après nos camarades des Revolutionary Communists of America, 14 juillet 2024

Samedi 13 juillet, une tentative d’assassinat contre Donald Trump a approfondi encore un peu plus la crise dans laquelle est plongée la démocratie bourgeoise américaine. Durant un meeting électoral, le candidat républicain a été la cible de plusieurs tirs, qui l’ont blessé à l’oreille et ont tué un spectateur. Ce n’est certes pas la première tentative d’assassinat contre un président américain – en l’occurrence contre un ex-président qui semble bien parti pour revenir à la Maison-Blanche – mais c’est par contre la première à être retransmise en direct à la télévision et sur les réseaux sociaux.

Avant même cet événement, la politique américaine était d’ores et déjà « en situation de crise », tout particulièrement depuis le débat entre Trump et Joe Biden le 27 juin. Du point de vue de l’image publique de la démocratie bourgeoise américaine, ce débat marqué par des échanges d’insultes a été particulièrement ridicule. Il s’est même à un moment transformé en une dispute sur les performances de golfeurs des deux candidats !

Mais c’est le comportement de Joe Biden durant le débat qui a le plus retenu l’attention, et a même plongé le parti démocrate dans une profonde panique. Biden s’est montré confus et incohérent. Par moment, il semblait complètement perdu, comme s’il se demandait où il était et pourquoi diable il se trouvait devant un pupitre à côté d’une personne si désagréable. Face à ce spectacle d’un candidat sénile, plusieurs dirigeants et soutiens importants du parti démocrate ont été jusqu’à appeler Biden à retirer sa candidature, pour ne pas risquer d’offrir la victoire à Trump lors des élections de novembre.

C’est dans ce contexte que les images de l’attentat de ce week-end ont inondé Internet. Après que les agents des services de sécurité aient abattu le tireur, ils ont exfiltré Trump de la tribune. Conscient de l’importance de ce moment dans sa campagne, celui-ci a saisi cette occasion d’une séance photo historique : il a levé le poing en signe de défi alors que du sang lui coulait sur le visage.

Trump_x.jpeg

Pourquoi les communistes s’opposent au terrorisme individuel

A l’heure où nous écrivons, peu d’informations sont disponibles sur le tireur ou sur ses motivations. D’après les premières déclarations de la police, il s’appelait Thomas Matthew Crooks, était inscrit comme électeur républicain, travaillait dans la cantine d’une maison de retraite et semble avoir agi seul.

Quelles qu’aient été ses motivations, il est important de rappeler que les communistes s’opposent au terrorisme individuel, non pas pour des raisons morales ou par pacifisme, mais parce que de tels actes jouent un rôle contre-productif du point de vue du développement de la lutte des classes et nuisent au développement de la conscience de classe. Au lieu d’aider à donner aux travailleurs une conscience de leur propre force en tant que classe – comme le font par exemple des grèves ou des manifestations de masse, les attentats individuels relèguent les masses au rang de spectateurs passifs de l’action d’individus isolés ou de petits groupes de militants.

L’appareil trumpiste a accusé la « gauche radicale » d’être responsable de cette attaque. Ces accusations démagogiques sont d’une hypocrisie crasse. Trump a explicitement incité ses partisans à la violence à de nombreuses reprises. Il a même promis de payer les frais judiciaires de ceux qui répondraient à ses appels d’aller « assommer » ses opposants. Lors du mouvement Black Lives Matter en 2020, il a même apporté son soutien aux miliciens de droite qui avaient attaqué des manifestations les armes à la main. Les accusations lancées aujourd’hui par Trump suite à cet attentat ne peuvent d’ailleurs que rendre plus probables de nouvelles attaques violentes de la part des groupes de droite.

Les partisans de Trump étaient déjà convaincus que l’élection présidentielle de 2020 avait été truquée pour que leur candidat perde, et que toutes les institutions – des médias au système judiciaire – conspiraient contre Trump. L’attentat a dramatiquement renforcé cette mentalité d’assiégé et plongé des millions d’électeurs trumpistes dans un mélange de panique et de colère. Au passage, il va aussi renforcer les diverses théories du complot selon lesquelles il s’opposerait à un soi-disant « Etat profond » pour défendre les « américains moyens ».

Il est exact que la majorité de la classe dirigeante est profondément opposée à Trump. Mais c’est parce que celui-ci est un individualiste acharné, qui fait passer son intérêt personnel avant celui du capitalisme dans son ensemble. Les stratèges de la bourgeoisie sont bien conscients que le premier mandat de Trump n’a fait qu’aggraver l’instabilité de leur système agonisant et ils craignent qu’un second ne discrédite encore plus les institutions qui sont si importantes pour le maintien de leur domination de classe.

Enfin, de tels attentats désignent des politiciens isolés comme le problème principal, comme si le fait d’éliminer Trump – ou Biden – pouvait représenter un pas en avant. C’est faux et cela ne fait que détourner l’attention des travailleurs du fait que c’est le système capitaliste tout entier – avec toutes ses institutions et ses partis bourgeois – qui est la cause des souffrances de la classe ouvrière.

L’impasse du réformisme

Les réformistes partisans de Biden, le « moindre mal », font tout ce qu’ils peuvent pour présenter Trump comme une sorte de personnification de toutes les menaces contre la démocratie. Ils le traitent de « fasciste » et ont été jusqu’à suggérer que sa réélection pourrait marquer l’instauration d’une dictature – comme si un tel développement ne dépendait que du bon vouloir d’un président. Au passage, ils ont dépeint ses partisans comme un bloc réactionnaire et « pathétique », qui ne mériterait que le mépris.

Les communistes s’opposent évidemment à Donald Trump, qui est un réactionnaire patenté et un ennemi des travailleurs. Mais nous avons plusieurs fois expliqué qu’une partie significative des électeurs de Trump se composait de travailleurs dont la colère contre le système capitaliste était détournée et manipulée par la droite, uniquement parce qu’il n’existait pas une véritable alternative de classe sur la gauche.

Au lieu de dénoncer les politiques répressives de Biden contre les syndicats de cheminots ou son soutien à la guerre génocidaire contre Gaza, Alexandria Ocasio-Cortez, Ihlan Omar et leurs homologues du « Squad » soutiennent sa candidature, tandis que Bernie Sanders a affirmé qu’il était le « président le plus efficace de l’histoire moderne ». En se ralliant au réactionnaire Biden contre le réactionnaire Trump, ces soi-disant « socialistes » aident à canaliser vers les démocrates une partie de la colère qui s’exprime parmi les masses, mais repoussent aussi vers Trump une partie conséquente de la classe ouvrière.

La solution pour briser la dynamique du trumpisme ne se trouve ni dans les attentats individuels, ni dans l’alliance avec le politicien bourgeois Biden. Il faut expliquer aux travailleurs abusés par Trump que leurs instincts de classe sont manipulés par un membre égoïste de la classe dirigeante et leur proposer une alternative révolutionnaire.

Durant le mandat de Trump, les 1 % les plus riches s’en sont très bien tirés et le « marais » de l’establishment capitaliste n’a pas été « assaini ». S’il revient dans le bureau ovale, Trump n’apportera aucune amélioration aux millions de travailleurs qui glissent chaque jour un peu plus dans la pauvreté. Les véritables ennemis des travailleurs ne sont pas les travailleurs d’autres pays ou les immigrants, mais la classe dirigeante américaine, dont Trump fait partie au même titre que Biden.

Pour une politique révolutionnaire

En novembre prochain, les travailleurs vont être appelés à choisir, encore une fois, entre un démocrate et un républicain. Mais des millions d’entre eux sont dégoûtés – à juste titre – par Biden et par Trump, en fait par tous les politiciens et toutes les institutions de la classe dirigeante.

Des sondages ont montré que 63 % des Américains étaient en faveur de la création d’un nouveau parti de masse. 55 % des électeurs pensent que le système politique et économique des Etats-Unis doit être profondément transformé et 14 % pensent qu’il doit être purement et simplement renversé. Ces chiffres reflètent une profonde colère de classe. Des millions de travailleurs sentent instinctivement que le système tout entier est entre les mains d’une autre classe sociale dont les intérêts sont opposés aux nôtres.

Alors que nous approchons de ce qui pourrait être l’élection la plus agitée depuis des générations, nous avons besoin de défendre avec audace et clarté une perspective de classe. Aujourd’hui plus que jamais, un parti communiste de masse est nécessaire pour regrouper les forces qui peuvent expliquer comment lutter contre Biden et Trump, pour unir la classe ouvrière sur la base d’un programme révolutionnaire, et pour diriger l’immense colère qui existe dans la société contre sa véritable cause, le système capitaliste lui-même.

[Cet article fait suite à un entretien avec la sœur d’Imad, Ouafah]

Dans une société de plus en plus fracturée, en proie à la banalisation du racisme et à la montée de l’extrême droite, les violences policières passent de plus en plus souvent pour de simples faits divers surtout lorsqu’elles sont commises à l’encontre des personnes pauvres et/ou issues de l’immigration vivant dans des parties de la ville complètement ghettoïsées.

Plus de 1.500 postes menacés et le spectre d’une fermeture pour l’usine d’Audi Forest

Le texte ci-dessous est juste une brève d’information sur ce qui se passe autour de la lutte d’Audi en ce moment, des articles plus conséquents suivront.

Les résultats du deuxième tour des élections législatives ont suscité la joie et, surtout, le soulagement de millions d’électeurs qui redoutaient une victoire du RN.

Au lendemain du premier tour, Le Pen et Bardella s’y voyaient déjà. Ils composaient leur « futur » gouvernement ; des noms de « futurs » ministres fuitaient dans la presse. Confiants dans leur victoire, ils renvoyaient leur programme « social » aux calendes grecques. « Dans un premier temps », expliquaient-ils, ce sera l’austérité budgétaire et la retraite à 66 ans.

Le gouvernement Vivaldi mord la poussière. La coalition gouvernementale composée de tous les partis perdants en 2019 perd à nouveau, et plus encore. La fragile majorité dont elle bénéficiait n'est plus.

La peur de nouvelles élections et surtout d'une avancée de la droite nationaliste flamande (la N-VA) et de l'extrême droite (Vlaams Belang) a été durant 5 ans le ciment de ce gouvernement de crise.

Les résultats du premier tour des élections législatives sont à peu près conformes à ce qu’annonçaient les sondages.

La participation (66,7 %) est beaucoup plus élevée qu’en 2022 (47,5 %). A qui cela a-t-il profité ? Pas aux macronistes, dont la défaite est à peine moins sévère qu’annoncé. La plus grande participation a profité au Nouveau Front Populaire et, plus encore, à l’extrême droite. C’est ce que montre la comparaison des résultats – en nombre de voix – de 2022 et 2024.

L’alliance RN-Ciotti a recueilli 10,6 millions de voix ; si l’on y ajoute le résultat de Reconquête, cela fait près de 10,9 millions de voix. En 2022, le total RN + Reconquête s’élevait à 5,2 millions de voix. Entre 2022 et 2024, l’extrême droite progresse donc de 5,7 millions de voix.

De son côté, la NUPES avait recueilli 5,8 millions de voix en 2022 ; le NFP en recueille 9 millions cette fois-ci. La « gauche unie » progresse donc de 3,2 millions de voix, quand l’extrême droite progresse de 5,7 millions de voix. La prise en compte des candidatures dissidentes du NFP n’y changerait pas grand-chose : la différence est très nette entre la dynamique de la gauche et celle de l’extrême droite, au profit de celle-ci.

C’était prévisible. Dans un récent article, nous écrivions à ce propos :

« Le NFP peut-il remporter les élections législatives et former le prochain gouvernement ? C’est possible, mais ce n’est pas le plus probable. Pour le comprendre, il faut lier l’arithmétique électorale aux dynamiques de classe qui en forment la base.

« La bourgeoisie et la petite bourgeoisie voteront massivement soit pour le RN, soit pour le “centre”, soit pour les Républicains “indépendants”. Cependant, cela ne représente qu’une petite minorité de l’électorat, qui pour le reste est constitué de jeunes et de travailleurs (actifs ou non). Pour qui voteront-ils ? Une large fraction de cet électorat – en particulier dans ses couches les plus exploitées et les plus opprimées – votera pour le RN ou s’abstiendra. […]

« On en connaît les raisons fondamentales : depuis 1981, divers gouvernements de gauche ont trahi les aspirations de ces couches sociales. Cela a joué un rôle central dans la montée en puissance du RN, qui a constamment élargi son électorat non seulement dans la petite bourgeoisie, mais aussi dans la classe ouvrière. Pendant des décennies, des millions de travailleurs ont constaté que l’alternance entre la droite et “la gauche” ne changeait strictement rien à leur situation. Sous la droite comme sous “la gauche”, ils étaient accablés par le chômage, les fermetures d’entreprises, la destruction des services publics, la précarité de l’emploi et bien d’autres maux, pendant qu’une infime minorité de la population accumulait des fortunes toujours plus indécentes.

« La dynamique électorale du RN vient donc de très loin – et elle ne peut être brisée que de deux manières. La plus douloureuse, c’est l’expérience d’un gouvernement du RN, dont la politique réactionnaire, pro-capitaliste, finirait par décevoir son électorat ouvrier. La plus combative, c’est le développement d’une alternative de gauche massive et suffisamment radicale pour susciter l’adhésion de millions de jeunes et de travailleurs qui, en l’absence d’une telle alternative, s’abstiennent ou se tournent vers la “radicalité” démagogique du RN – lequel, en outre, bénéficie d’un avantage décisif : il n’a jamais été au pouvoir.

Le mois dernier, nos camarades britanniques ont fondé le « Revolutionary Communist Party » (RCP). Sous l’impact de la crise du capitalisme – et notamment, ces derniers mois, de la situation en Palestine –, une fraction significative de la jeunesse se radicalise et s’oriente vers le communisme. La fondation du RCP découle de la nécessité d’organiser cette couche au sein d’une organisation ancrée dans les idées et traditions authentiques du marxisme.

Mardi 25 juin, la loi de finances 2024 a été présentée devant le parlement kényan pour la troisième et dernière fois. Avant même que la session ne commence, une énorme foule s’avançait déjà dans le quartier des affaires de Nairobi, et se dirigeait vers le siège du parlement. A 14h15, les députés approuvaient la loi par 195 voix contre 106. Quarante minutes plus tard, les masses insurgées avaient pris d’assaut le parlement tandis que les députés fuyaient à toutes jambes.

La psychologie de la petite bourgeoisie sous le fascisme, son état d’esprit individualiste et sa vision étroite trouvent une expression puissante dans le film La zone d’intérêt (v.o. « The Zone of Interest ») de Jonathan Glazer.

Librement inspiré du roman de Martin Amis, le film dépeint l’officier SS Rudolf Höss (interprété par Christian Friedel), commandant d’Auschwitz, sa femme Hedwig (Sandra Hüller) et leurs cinq enfants vivant à côté du camp de la mort où les nazis ont tué 1,1 million de personnes, principalement des Juifs.

Le résultat des élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale ont envoyé une onde de choc dont les répercussions se succèdent à un rythme impressionnant.

La naissance du mouvement communiste remonte aux écrits de Karl Marx et à la publication du Manifeste du parti communiste en 1848. Ce texte a été écrit dans les rues d'Ixelles quand la classe ouvrière était encore dans les limbes et sans puissantes organisations. Mais à l'époque, Marx faisait preuve d'une extraordinaire clairvoyance en traçant la direction que le mouvement ouvrier allait prendre.

Les nouvelles règles budgétaires de l’Union européenne imposent à la Belgique d’économiser 27 milliards les sept prochaines années, soit près de quatre milliards par an. Le premier ministre De Croo ose après cela encore marteler : «qu’ il va falloir augmenter les budgets militaires, et parallèlement limiter les allocations de chômage dans le temps à deux ans ».

La Nouvelle-Calédonie est secouée depuis plusieurs jours par des émeutes qui ont déjà fait quatre morts à ce jour (16 mai). Ce soulèvement est la conséquence des provocations répétées du gouvernement impérialiste français. En 2022, après un référendum sur l’indépendance que le gouvernement Macron avait imposé en violant toutes les promesses faites aux dirigeants indépendantistes, nous avions publié l’article ci-dessous dans lequel nous écrivions : « Le gouvernement français se félicite du résultat, mais le problème n’est absolument pas réglé – et ne manquera pas de ressurgir, tôt ou tard. » Depuis, le gouvernement a avancé à marche forcée pour faire adopter une réforme du corps électoral qui est une véritable provocation pour les Kanaks.

En janvier dernier, nous annoncions la sortie du 1er numéro de notre revue théorique trimestrielle : Défense du marxisme. Entièrement consacré aux idées et aux combats de Lénine, ce numéro a été diffusé avec succès par les militants de la Tendance Marxiste Internationale (TMI) en France, en Belgique, en Suisse et au Québec.

Il y a 55 ans, l’émeute à la sortie du bar Stonewall Inn, situé sur Christopher Street dans le Greenwich Village de la ville de New York, marquait un tournant dans la lutte pour l’émancipation des personnes LGBTQ. Ce soir-là, le bar est victime d’un autre raid policier, comme c’est la coutume à l’époque avec les bars gays. Mais cette fois, les personnes LGBTQ ne se laissent pas marcher sur les pieds et tiennent tête à la police de New York dans une fin de semaine d’émeutes sans précédent.

Planifiée de longue date, l’attaque contre Rafah a commencé. Le lundi 6 mai, Tsahal a lancé des frappes aériennes sur la ville et des appels à l'évacuation d'environ 100 000 Palestiniens de ses quartiers est vers les soi-disant « zones humanitaires » d'al-Mawasi vers la côte et une zone à l'ouest de Khan Younis.

Aux États-Unis, des campements organisés par les étudiants et les professeurs ont émergé sur plus de 60 campus universitaires dans le cadre du mouvement contre le massacre à Gaza. Toute une génération se politise et tire des conclusions sur la nature de l’impérialisme, le rôle de la police et de l’État et la nécessité d’une action collective.

Le 17 avril, des étudiants et des professeurs de l’Université Columbia à New York ont ouvert la voie en organisant un campement sur le campus en solidarité avec le peuple palestinien, qui subit un assaut génocidaire des plus brutaux de la part du régime sioniste israélien. L’étincelle qui a propagé le mouvement à travers les États-Unis a été la calomnie du président de l’université, Minouche Shafik, qui a taxé d’antisémitisme le mouvement de solidarité avec la Palestine et a appelé la police à disperser la manifestation sur le campus.

Depuis des mois, nous sommes confrontés à un barrage de propagande de la part de ministres, de représentants étatiques et des grands médias, qui qualifient d’antisémites tous ceux qui soutiennent le peuple palestinien et s’opposent au gouvernement sioniste d’Israël. L’ironie est que de nombreux étudiants juifs participent activement au mouvement de solidarité avec la Palestine et sont très visibles dans la vague actuelle de manifestations sur les campus. Ils comprennent que s’opposer au génocide des Palestiniens ne signifie pas être antisémite.

Jusqu’à présent, plus de 34 000 personnes ont été tuées à Gaza, et 77 000 ont été blessées. Une telle brutalité ébranle les consciences de centaines de milliers d’étudiants américains. Ils ne peuvent pas tolérer l’appui ouvert de l’administration Biden envers la guerre de Nétanyahou. Le pays a été le théâtre d’une longue série de manifestations de solidarité avec la Palestine, mais celles-ci ont eu peu ou pas d’impact sur Biden et le gouvernement américain. C’est ainsi que nous pouvons comprendre pourquoi le mouvement a atteint un niveau plus élevé. Les étudiants américains veulent faire quelque chose de plus concret pour stopper le génocide maintenant. Beaucoup de leurs professeurs ont rejoint le mouvement à leurs côtés.

Les autorités américaines pensaient qu’elles pourraient tuer le mouvement dans l’œuf en sortant l’artillerie lourde de la répression policière à l’Université Colombia. La répression a atteint des niveaux jamais vus depuis des décennies avec des centaines d’arrestations, et des étudiants suspendus et expulsés. Mais le résultat est précisément le contraire de celui qui était espéré. Les étudiants de Colombia sont encore plus furieux, et cela n’a fait qu’étendre le mouvement à tout le pays. Commençant à Yale, la mobilisation de masse s’est étendue sur une série de campus, et le mouvement continue de grandir. Le mouvement traverse les frontières, atteignant maintenant la France, la Grèce, la Grande-Bretagne et l’Australie, où des tentatives d’occupation ont lieu.

Le niveau de répression policière provoque une profonde et large radicalisation. Les étudiants apprennent présentement la véritable nature de l’État – avec ses « corps d’hommes armés » utilisés pour défendre les intérêts fondamentaux de la classe capitaliste américaine – non pas en lisant des livres, mais en étant battus, malmenés et arrêtés. Les agents de police ont utilisé les matraques, le gaz lacrymogène et la police montée contre un mouvement pacifique exerçant son droit démocratique de manifester. Dans ces conditions, les jeunes apprennent en accéléré!

En temps normal, les représentants de l’État crachent de belles paroles sur la défense de la « démocratie » et des droits humains, alors qu’ils défendent en réalité leurs propres profits et privilèges. Le mouvement actuel aux États-Unis dévoile le vrai visage du système. Ce processus aura des conséquences dans l’avenir. Une nouvelle génération de militants se forge à travers ces événements.

Le niveau de répression déployé par les autorités américaines montre qu’elles craignent ce mouvement. Elles veulent le faire reculer et l’écraser. Mais de quoi ont-elles peur? Les capitalistes et leurs représentants politiques aux États-Unis défendent ouvertement les intérêts du capitalisme américain. L’envoi d’armes à Israël représente de grosses sommes d’argent et sert les intérêts géostratégiques de la classe dirigeante américaine. La défense d’Israël est un élément clé de la politique de l’impérialisme américain, qui vise à conserver ses sphères d’influence dans le monde et à récupérer son influence dans les régions qui lui ont échappé au profit de ses concurrents.

Cela explique pourquoi les États-Unis sont impliqués dans un conflit mondial qui s’étend de l’Ukraine à la Palestine, en passant par l’Afrique, l’Amérique latine et le Pacifique. Ils sont aux prises avec deux grandes puissances, la Russie et la Chine, dont l’influence et le poids se sont considérablement accrus au cours des dernières décennies, empiétant sur ce qui était autrefois considéré comme les sphères d’influence des États-Unis. L’Iran a également étendu son influence au Moyen-Orient, devenant une puissance régionale forte, avec des connexions en Irak, en Syrie et au Liban. Il fait désormais partie d’une chaîne de pays liés à la Russie et à la Chine. Les récents échanges d’attaques de drones et de missiles entre Israël et l’Iran, ainsi que la menace d’une guerre plus large entre les deux pays, s’inscrivent dans le cadre de ce conflit plus vaste.

Les étudiants américains confrontent la plus grande puissance impérialiste de la planète, qui s’efforce de regagner l’influence qu’elle a perdue sur la scène internationale. Les étudiants américains voient clairement que, pour mettre fin à la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza, ils doivent empêcher les États-Unis d’appuyer le régime de Nétanyahou.

Les étudiants exigent que les universités américaines désinvestissent à la fois d’Israël et des entreprises qui profitent actuellement de la guerre à Gaza. Nous sommes tout à fait d’accord avec ces revendications. Pas un sou, pas une balle ne devraient aider la machine de guerre du gouvernement israélien. Sans l’aide américaine, tant financière que militaire, Israël serait très affaibli dans son offensive militaire à Gaza.

La question que nous devons poser est la suivante : comment le mouvement peut-il réussir à imposer son objectif principal, à savoir le désinvestissement? Il ne suffit pas de faire appel aux administrations des universités. Ces gens ont tout intérêt à maintenir leurs liens économiques avec Israël. De grandes entreprises mondiales sont impliquées, de BlackRock à Google, en passant par Amazon, Lockheed Martin et bien d’autres, avec des milliards de dollars en jeu. Ce sont ces personnes que les policiers américains défendent.

Les étudiants américains peuvent voir que ce qu’il faut, c’est de l’action directe, un puissant mouvement de masse. Dans la plupart des cas, les détails sur les liens financiers des universités avec ces grosses entreprises ne sont pas du domaine public. Ils doivent être rendus publics. C’est pourquoi une revendication clé devrait être : ouvrez les livres, montrez-nous d’où vient l’argent et où elle est investie! Toutes les opérations des administrations universitaires avec Israël devraient être connues du public.

Les étudiants aux États-Unis ont bien commencé. Cependant, jusqu’à présent, les revendications sont adressées aux autorités universitaires, en qui nous ne pouvons avoir aucunement confiance. Ces gens ne peuvent pas être convaincus via le « dialogue ». Ils doivent être confrontés à un mouvement si puissant qu’ils sont forcés de reculer. Les étudiants ont montré la voie. Mais pour ajouter du poids à leur campagne, ils doivent étendre la lutte à d’autres couches de la société. 

Cela peut commencer en approchant les travailleurs sur les campus, que ce soit les professeurs – dont certains ont déjà risqué leur poste en prenant la défense des étudiants –, le personnel administratif, les agents d’entretien, le personnel de recherche, etc. Il faut exercer une pression sur les syndicats, en commençant par la base, en approchant les délégués syndicaux et les comités de délégués syndicaux.

Une campagne devrait être organisée avec des groupes d’étudiants envoyés pour approcher différents groupes de travailleurs. Des actions conjointes de travailleurs et d’étudiants devraient être organisées. À un niveau plus large, les travailleurs impliqués dans le transport, tels que les débardeurs et les travailleurs du fret aérien devraient être approchés pour appliquer un boycott ouvrier. Dans un tel boycott, tout transport d’armes ou de marchandises vers Israël servant l’offensive militaire de l’armée israélienne à Gaza devrait être bloqué par des actions de grève.

Ailleurs dans le monde, des travailleurs de ces secteurs ont déjà pris de telles initiatives. La ténacité très médiatisée des étudiants face à la répression policière a suscité énormément de sympathie et de respect parmi de larges couches de la population, et nous sommes certains que les étudiants recevraient une réponse chaleureuse de la part de beaucoup de ces travailleurs.

Les États-Unis sont le plus grand exportateur d’armes vers Israël. Ils représentent environ 65% des importations israéliennes d’armes conventionnelles. Les deux autres principaux fournisseurs d’armes à Israël sont l’Allemagne (environ 30%) et l’Italie (un peu moins de 5%). Un boycott ouvrier réussi nuirait énormément à sa capacité à poursuivre sa campagne génocidaire à Gaza.

Une campagne réussie aux États-Unis pourrait donner une impulsion à d’autres campagnes de ce type dans d’autres pays. Son effet serait décuplé si elle atteint l’Europe, particulièrement les pays fortement impliqués dans l’envoi d’armes à Israël.

Une telle campagne doit donc être organisée à l’échelle internationale. Le fait que des campements similaires à ceux que nous avons vus sur les campus américains aient eu lieu sur des campus à Paris, à Sydney et au Caire, et que des efforts similaires sont rapportés dans d’autres pays, est une indication du potentiel de propagation du mouvement.

Tandis que le mouvement vise à mettre fin à la boucherie israélienne à Gaza, il est clair que l’ennemi direct des étudiants américains est à la maison. Il s’agit de la classe dirigeante américaine, tout comme l’ennemi des étudiants britanniques est le gouvernement Sunak, celui des étudiants français est Macron et son gouvernement, celui des étudiants italiens est le gouvernement Meloni, etc. Tous ces gouvernements ont utilisé les forces policières pour réprimer les activités de solidarité avec la Palestine d’une manière ou d’une autre. Les manifestants ont été matraqués, aspergés de gaz lacrymogène et arrêtés dans de nombreux pays.

L’accusation d’antisémitisme a également été utilisée systématiquement dans tous les pays occidentaux pour tenter de criminaliser le mouvement de solidarité avec la Palestine. L’ironie de la chose, c’est que c’est précisément la classe dirigeante qui fomente le racisme. Ce sont les mêmes ministres bourgeois qui tentent d’attiser la frénésie contre les migrants et qui font des déclarations scandaleuses visant à provoquer des conflits interethniques – la méthode éprouvée de « diviser pour régner » – qui ne cessent de faire du bruit à propos de l’antisémitisme. 

Nous rejetons toutes ces manœuvres flagrantes de la classe capitaliste dans tous les pays. Nous disons : l’ennemi est à la maison. Pour aider le peuple palestinien, nous devons combattre ces ennemis sur le front intérieur. Dans cette optique, « pas un sou, pas une balle pour la machine de guerre israélienne » devrait être le cri de ralliement de tout le mouvement. Il devrait viser tous les gouvernements nationaux qui soutiennent le génocide à Gaza.

Biden, Sunak, Macron, Scholz, Meloni et tous les autres dirigeants – qu’ils soient conservateurs de droite, comme Sunak, ou sociaux-démocrates, qu’ils soient au gouvernement, comme Scholz en Allemagne, ou dans l’opposition, comme Starmer en Grande-Bretagne – ont le sang du peuple palestinien sur les mains. Ils défendent tous les intérêts économiques de leur classe dirigeante respective. Et ils utilisent tous les forces répressives de l’État pour attaquer physiquement, harceler et arrêter de jeunes manifestants, dont le seul crime est de faire activement campagne pour mettre fin aux activités criminelles de leurs dirigeants.

Tout cela montre très clairement que la lutte pour défendre le peuple palestinien est en même temps une lutte contre l’ennemi à la maison : les capitalistes, la classe dirigeante et leurs représentants politiques. Les mêmes politiciens qui peuvent toujours trouver des milliards pour des balles, des bombes, des drones et des missiles, sont ceux qui réduisent les dépenses en santé, en éducation, dans le transport public ou le logement public. Ils mènent non seulement des guerres militaires, mais aussi la guerre des classes.

Pendant que des dizaines de guerres font rage dans différentes parties du monde, les capitalistes profitent du bain de sang et de la destruction. Nous devons nous débarrasser de tous ces parasites! Pour cela, nous devons organiser tous les travailleurs et les jeunes les plus avancés et les plus combatifs en une véritable force communiste révolutionnaire dans tous les pays. Une telle force peut commencer la tâche de rassembler les meilleurs combattants de notre classe, tous ces individus qui veulent changer la société mais qui se sentent impuissants laissés à eux-mêmes. Nous disons : « l’union fait la force ». Aidez-nous à construire ce parti que la classe ouvrière et la jeunesse méritent.

Tant et aussi longtemps que le capitalisme existe, les capitalistes nous entraîneront dans des guerres. Pour mettre fin à cette barbarie une fois pour toutes, nous devons transformer radicalement la société. Cela veut dire qu’il faut lutter pour le véritable communisme, où le pouvoir est dans les mains de ceux et celles qui produisent la richesse : les travailleurs du monde entier!

 

Pas un sou, pas une balle pour la machine de guerre israélienne!


Palestine libre!


Intifada jusqu’à la victoire, révolution jusqu’à la victoire!

Oubliez les fleurs blanches et les arnaqueurs des bords de route. Oubliez ladite « fête du Travail ». Oubliez ce qu’ont fait du 1er mai le capitalisme, la social-démocratie moderne et les fascistes.

La tradition du premier mai s’est forgée dans le sang de la classe ouvrière au prix de nombreux martyrs et condamnés, toutes et tous animés par des idéaux révolutionnaires et socialistes.

Notre revue

Screenshot 2024 07 23 at 11 53 24 Copie de Révolution BON LAY OUT RELU REVOLUTION 51 VERSION FINALE 1.pdf
  

La nouvelle édition du « Staline » de Léon Trotsky

Les éditions Syllepse viennent de publier en français cette version établie par la TMI. Vous pouvez nous la commander par courriel (marxiste.be@gmail.com) au prix de promotion de 26 euros.

Staline de Trotsky

Facebook

In Defence of Marxism - Marxist.com