Avec le règne le plus long de l’histoire du Royaume-Uni, la reine Elizabeth II était une véritable relique héritée d’une période de stabilité révolue. Avec sa mort, c’est un nouveau pilier de l’establishment britannique qui s’effrite, en un signe avant-coureur des bouleversements révolutionnaires qui approchent.
Grande Bretagne
Grève du rail en Grande-Bretagne : « C’est la guerre de classe ! »
La lutte des classes s’intensifie en Grande-Bretagne, où les cheminots sont en grève. La presse de caniveau crie à la « guerre de classe ». Et pour une fois, elle a raison. Voici la traduction d’un article publié par nos camarades de Socialist Appeal, la section britannique de la TMI.
Le 21 juin, les cheminots ont entamé la première des trois journées de grève planifiées cette semaine. A travers le pays, les gares ont fermé et les trains se sont arrêtés.
A Londres, les grévistes des chemins de fer ont été rejoints par des employés des transports publics, syndiqués à la RMT (« Rail, Maritime and Transport »), qui ont mis le métro à l’arrêt et paralysé la capitale.
Il s’agit de la plus grande grève des chemins de fer depuis des décennies. Elle s’annonce comme un grand combat pour l’ensemble du mouvement ouvrier. Les cheminots luttent pour défendre leurs emplois, leurs salaires et leurs conditions de travail.
Cette lutte pourrait bien être la première d’une série de grandes grèves, dans les mois à venir, car c’est l’ensemble de la classe ouvrière qui va devoir se battre pour protéger son niveau de vie face à l’inflation et aux coupes salariales.
Il est donc vital que les cheminots gagnent cette grève, car cela encouragerait toute la classe ouvrière.
Hystérie médiatique
Cette seule journée de grève a suffi à effrayer la classe dirigeante, qui a commencé à attaquer et diffamer le syndicat des cheminots. L’appareil médiatique du patronat a lancé une offensive féroce contre la RMT. Le syndicat a été qualifié d’« extrémiste », son secrétaire général Mick Lynch de « marxiste », et ses membres « surpayés » de victimes d’un « chantage » orchestré par leurs dirigeants pour « miner » le pays.
Il faut s’attendre à ce genre de mensonges et d’hystérie, dès lors que la classe ouvrière organisée passe à l’action et se bat pour ses propres intérêts.
Ceci dit, la presse à scandales a dit la vérité sur un point. Le Sun, torchon du milliardaire Murdoch, titrait ce matin : « C’est la guerre de classe ! », alertant sur la possibilité d’une vague de grèves durant l’été, à l’initiative d’autres secteurs de la classe ouvrière.
Mick Lynch a su se défendre face aux chiens de garde des capitalistes – qu’il s’agisse de journalistes sensationnalistes ou de députés conservateurs. Dans de nombreuses interventions médiatiques, le secrétaire général de la RMT a méthodiquement réfuté leurs inepties en mettant en avant les raisons réelles de la grève.
Malgré le déluge de propagande réactionnaire, un sondage récent a montré qu’une majorité de la population (58 %) soutient la grève. Alors que les patrons font tout pour diaboliser la RMT, les personnes interrogées par cette même enquête ont répondu que le gouvernement conservateur portait une plus forte responsabilité dans le déclenchement de la grève que le syndicat.
En effet, les revendications de la RMT – défense des emplois et hausse réelle des salaires – ont un écho certain parmi les travailleurs britanniques solidaires des grévistes, alors que l’inflation s’élève à 9,1 %, un chiffre inédit depuis quarante ans.
Le Parti « travailliste »
Dans sa quête de respectabilité, dirigeant du Parti travailliste, « Sir » Keir Starmer, a conseillé au groupe parlementaire de son parti de ne pas se rendre sur les piquets de grève de la RMT. Mais même cette attitude lamentable n’a même pas réussi à apaiser les capitalistes. Malgré les efforts de la direction travailliste pour tenir le parti à distance des grèves, les Conservateurs et la presse de droite ont continuellement essayé de lier les deux – alors même que la RMT n’est pas affiliée au Parti travailliste !
Le refus de Starmer de soutenir la grève a écœuré les travailleurs et les militants du mouvement ouvrier. Cependant, un certain nombre de députés travaillistes ont désobéi aux ordres de leur chef et sont allés sur les piquets de grève pour exprimer leur solidarité. Leur résistance est bienvenue. Le soutien aux travailleurs en lutte est le strict minimum attendu de n’importe quel élu « travailliste ».
Les piquets de grève
Les militants de Socialist Appeal ont aussi affiché leur solidarité avec les grévistes, hier, en se rendant sur des piquets de grève, d’un bout à l’autre du pays. Les grévistes nous ont raconté des anecdotes témoignant d’une culture de harcèlement et de racisme de la part de la direction de l’entreprise, qui affecte la santé mentale des travailleurs.
Des membres d’autres syndicats – dont la CWU, Unison, la NEU et Unite – sont aussi venus pour apporter leur soutien.
Nos camarades ont discuté avec des membres locaux de la RMT. Ces derniers ont souligné que les Conservateurs essayaient d’instrumentaliser leur opposition à cette grève pour attaquer l’ensemble du mouvement ouvrier. Mais la situation se retourne contre eux, car la plupart des travailleurs font face, eux aussi, à des attaques sur leurs salaires réels et leurs conditions de travail, si bien qu’ils soutiennent le mouvement de grève.
Un des grévistes a déclaré que la seule issue était de mobiliser l’ensemble du mouvement syndical, dans l’optique d’une grève générale pour renverser les Conservateurs.
Les camarades intervenant sur le piquet de grève de Liverpool Street ont interviewé le secrétaire des cheminots de Londres-Est, Walé Agunbiadé, qui a également évoqué la force du soutien public, ainsi que les inégalités croissantes.
Les militants londoniens de Socialist Appeal ont aussi rejoint le piquet de la gare de Kings Cross, pour y aider à distribuer des tracts de la RMT et parler de la grève avec les passants. Les camarades ont constaté une ambiance optimiste sur le piquet de grève. Sur la grande ligne de chemin de fer de la côte est [qui relie Londres à Edimbourg], seuls 30 % du service était assuré, alors que le patronat espérait qu’il tourne à 80 %. De nombreuses voitures ont klaxonné en solidarité avec les grévistes, tandis que les piétons saluaient le piquet en levant le pouce.
Nos camarades se sont également rendus sur le piquet de grève de Newcastle. Le soutien de la population locale y était évident. Un passant a déclaré : « Il était tant qu’on se lève face aux patrons, qui croient pouvoir s’en sortir en traitant leurs employés comme cela ! »
Un gréviste nous a dit : « Le soutien du public est important. Les gens comprennent que nous ne gagnons pas 41 000 livres par an [chiffre avancé par la droite]. Les attaques et les mensonges des Conservateurs ne les ont pas trompés. » Un autre gréviste a enchainé : « Pourquoi est-ce qu’on serait en grève si on gagnait plus de 40 000 livres par an ? Ils racontent vraiment des bêtises. »
A Leeds aussi le piquet de grève était d’une grande solidité. Les travailleurs parlaient de la sécurité comme de leur préoccupation majeure, avant même les salaires, car les coupes budgétaires conduisent à une augmentation des risques – et même à des morts.
Les membres de la RMT ont clairement compris le rôle de leur grève, comme première vague d’un tsunami d’actions militantes. Beaucoup d’entre eux ont exprimé l’idée qu’ils n’étaient pas seulement en grève pour eux-mêmes, mais pour l’ensemble de la classe ouvrière.
Nos camarades ont également soutenu des piquets de grève dans les villes de Sheffield, Norwich, Ipswich, Cardiff, Clacton-on-Sea, Cambridge, Morpeth, Acton, et bien d’autres, aux quatre coins du pays.
Un tournant décisif
Cette grève pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte des classes en Grande-Bretagne. Tous les regards se tournent vers la RMT. Une victoire des grévistes stimulerait l’ensemble du mouvement syndical, qui a déjà gagné en dynamisme au cours de l’année passée, comme en témoigne la multiplication des grèves et des conflits dans différentes régions et branches d’industrie.
Ce fait est d’ailleurs reconnu par les Conservateurs. Le député Dominic Raab a déclaré que « nous [comprenez : la classe dirigeante] ne pouvons pas permettre aux syndicats de gagner cette bataille ». Il est donc vital que l’ensemble du mouvement ouvrier apporte son soutien à la RMT.
Une grève nationale des enseignants est déjà envisagée. Le syndicat NEU a averti le gouvernement qu’il s’en remettrait au vote de ses membres si la revendication de hausse des salaires n’était pas satisfaite.
Plus de 115 000 postiers du Royal Mail – organisés par la CWU – sont également prêts à voter une grève pour leurs salaires.
Le mouvement pourrait s’étendre aussi à la Fonction publique, aux tribunaux et à l’industrie des télécommunications. Il est hors de doute que des victoires de ces travailleurs inciteraient également les employés du système de santé et des administrations locales à se mobiliser à leur tour.
Les dirigeants syndicaux doivent fournir une stratégie de combat, en organisant une action coordonnée entre les différents mouvements – non seulement pour renforcer chacune de ces luttes et obtenir des victoires, mais aussi pour renverser ce gouvernement des milliardaires et des patrons.
Comme l’a correctement exprimé Nick Oung, membre de la RMT et militant de Socialist Appeal : « Plus grande sera notre grève, meilleure sera notre victoire ! »
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Grève des livreurs de repas : une réponse à l’économie des « petits boulots »
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Jeremy Corbyn, les erreurs à éviter
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Grande-Bretagne : défendre Corbyn ! Lutter pour le socialisme !
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20 ans après la grève des mineurs : où en est le mouvement ouvrier britannique ?
Il y a vingt ans, le gouvernement de Margaret Thatcher provoquait un conflit avec le Syndicat National des Mineurs (NUM). Son objectif était de briser la colonne vertébrale du mouvement ouvrier britannique.