Deux syndicalistes nous parlent de la grève dans leurs entreprises. L'un Abdellah est permanent syndical dans le nettoyage; Stavros est ouvrier chez Audi-Forest.

Nettoyage : « La grève est fort suivie par les travailleurs »

C’est le mégaphone en main que l’on rencontre Abdellah parmi un groupe d’ouvrières du secteur du nettoyage à la ‘Place de la Liberté’, au centre de Bruxelles. Ce lieu n’a pas été choisi par hasard. Les syndicats réclament justement la ‘liberté’ de négociation salariale, qui est impossible aujourd’hui à cause de la norme salariale.

Est-ce que tu peux te présenter ?

Je suis Abdellah Misslimani, permanent à la Centrale Générale Bruxelles-Vlaams-Brabant. J’ai été engagé comme propagandiste depuis un an et demi, et je travaillais dans le secteur du nettoyage comme ouvrier. Par mon militantisme, je me suis intégré dans l’équipe des secrétaires pour mieux défendre les travailleurs.

Pourquoi participes-tu à la grève aujourd’hui ?

La grève d’aujourd’hui, c’est pour dire non à l’Accord Interprofessionnel. 0,4 %, ce n’est pas assez pour les travailleurs. Il faut aller voir sur le terrain ce qu’il se passe. Quand les gens vous appellent pour vous dire : « je n’ai pas de quoi remplir mon frigo, de quoi payer mes factures, mon loyer », à ce moment, il faut faire quelque chose. Et si le gouvernement est aveugle à tous les appels de détresse, [alors il faut faire grève].

Le secteur des titres services est touché de manière incroyable. Les gens se retrouvent avec des salaires de 200/400€ pour subvenir à leurs besoins pour tout un mois.

Est-ce que vous trouvez que c’est assez ?

Non.

La grève est-elle soutenue par les travailleurs ?

Elle est fort suivie par les travailleurs. Les travailleuses ont eu beaucoup de difficultés à arriver jusqu’ici, suite à la perturbation des transports. Certaines sont restées à la maison pour protester et n’ont pas été travailler. Pour moi, c’est une grève réussie.

Comment vois-tu la suite ?

Seul l’avenir nous le dira, c’est aux politiques de nous donner le mot, le la, de nous dire pourquoi ils restent sur ce 0,4%. Ce n’est pas à moi de donner une réponse. C’est aux politiques de dire qu’ils ont entendu nos revendications et de dire qu’ils sont prêts à se mettre autour de la table.


Audi Forest - « La seule façon de les faire plier, c’est que les luttes continuent »

Stavros est ouvrier chez Audi, l’usine automobile de Forest. C’est sa troisième journée de grève depuis le début des actions contre la norme salariale. A trois reprises, l’usine a été mise à l’arrêt avec l’appui des syndicats.

Pourquoi es-tu en grève aujourd’hui ?

Ce que la FEB veut nous donner, c’est 0,4%, ce qui fait plus ou moins 9€ brut par mois. Et quand on voit le prix de nos courses, du carburant, etc., 4 ou 5 € net ce n’est rien du tout.

Quel soutien les travailleurs expriment-ils envers cette grève ?

A l’usine d’Audi, beaucoup de travailleurs n’ont pas été travailler et sont restés chez eux. A cause du Covid, on ne peut pas faire des piquets comme d’habitude, et donc un piquet symbolique a été tenu par les délégués. Mais les travailleurs suivent le mouvement en restant chez eux. Naturellement, ce ne sont pas tous les travailleurs, mais ça n’arrange pas la direction qu’il y ait déjà 300/400 personnes à l’usine qu’elle paye à ne pas produire.

Comment vois-tu la suite du mouvement ?

Il faudra continuer, car la FEB et son homologue du côté flamand, la Voka, n’ont pas tellement envie de changer de position. La seule façon de les faire plier, c’est que les luttes continuent.

 

Entretiens réalisés par Matthis Dartevelle.

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