Après avoir reporté l'arrêt des activités à février 2018, la direction de Dow abandonne maintenant l'idée même de fermeture. Un travailleur nous explique ce qui s'est passé.

camionrapideVous semblez aller de soubresaut en soubresaut dans votre lutte chez DSV. Après vouloir fermer l'entreprise, et un volte-face garantissant l'emploi jusqu'en 2018, voilà un nouveau tournant.

En effet, notre client DOW nous avait d'abord accordé début mars une extension jusque février 2018, pour finalement nous annoncer le 14 mars qu'il faisait une complète marche arrière en nous proposant un contrat de 5 ans fixes, prolongeable de la même période (les contrats étaient auparavant signés pour une période de 3 ans). De plus, notre employeur DSV a obtenu la liberté de devenir « multi-clients » (ce que DOW avait toujours refusé à tous ses partenaires jusqu'ici). DSV a l’intention également de se porter acquéreur du bâtiment à moyen terme. Les deux sites DOW de Wilrijk et de Feluy deviennent par cet accord complémentaires dans leurs fonctions et ne sont plus mis en concurrence comme précédemment.

Comment expliques-tu ce changement d'attitude?

Nous avons mis DOW à genoux économiquement et techniquement. Puisque nous ne sortions plus des marchandises qu’au compte-gouttes, c’est le site de Wilrijk qui a dû assurer les flux mais il était noyé sous les commandes vu leur manque d’expérience et de savoir-faire. Ce site n’était pas encore 100% performant au moment de l’annonce de fermeture de Feluy le 10 février. Il venait d’engager 100 personnes, toutes naturellement inexpérimentées. De pertes de clients en arrêts de production, DOW a été contraint de faire demi-tour s’il ne voulait pas perdre plus d’argent.

Cette victoire elle vous est due aussi?

Elle nous est entièrement due. C’est par un mouvement collectif, solidaire intra et extra-muros, désobéissant et organisé que nous les avons fait plier. Nous n’avons pas fait grève car nous voulions écarter le risque du lock-out très présent, mais nous avons bien pratiqué la grève du zèle afin de garder notre stock au maximum. 

Quel est l'état d'esprit parmi les travailleurs maintenant?

C'est une heureuse victoire qui apporte un grand soulagement, mais la plupart d'entre nous restent brisés par la violence sociale et le mépris éprouvés durant ces 5 longues semaines. Nous sommes encore sous le choc de ce revirement de situation, complètement inattendu, nous nous préparions tous à devoir rechercher un emploi dans les prochains mois. La reprise du travail se fera progressivement et non pas sans amertume après ce qui nous a été infligé.

Comment tu envisages l'avenir de la lutte syndicale dans l'entreprise?

Nous nous préparons à mener de nouvelles luttes, vis-à-vis de DSV, qui nous a déjà demandé de faire preuve de plus de « flexibilité » pour ces prochaines années. La flexibilité patronale, nous savons tous ce que cela veut dire ! Plus soudés que jamais après avoir vécu ensemble cette dure épreuve, il est clair que nous ne nous laisserons pas faire.

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