"Nous devons repartir en action. Non pas pour se retrouver tout simplement à la table de négociations, mais pour mettre fin aux mesures antisociales du gouvernement."

BM 20160501 Greve SNCB Bruxelles 10023331 620x413Le 7 octobre dernier, nous étions plus de 100.000 syndicalistes, membres d’organisations sociales et d’associations (Hart Boven Hard et Tout Autre Chose parmi les plus remarqués), ainsi que des personnes non organisées, à manifester dans les rues de Bruxelles. Cette forte participation à la manifestation est une bonne nouvelle pour nombre de militants syndicaux. Contrairement à l’idée que les travailleurs se soient résignés ou qu’ils aient gobé la propagande sur le « caractère social » du gouvernement, le mécontentement est aujourd’hui plus grand qu’il y a un an, surtout depuis que chacun a pu se rendre compte plus concrètement de l’impact des mesures. Et elles font mal, même parfois très mal. 

Le problème est le suivant. En une année de lutte, très peu ou rien n’a été obtenu. Toutes les mesures principales ont été votées à la majorité au parlement. Quelques modalités d’application ont certes été « corrigées » ou « revues » – et cela reste exceptionnel -, mais la pilule est simplement impossible à faire avaler. Le 7 octobre nous donnait un nouvel élan jusqu’à ce que, sans la moindre consultation, les manifestations en Flandre et à Bruxelles aient été annulées pour cause de menace terroriste. Les camarades de Charleroi et du Hainaut ont résisté fermement à cette pression et ont maintenu leur grève dans la région. A Namur, ils ont reporté la grève. Cela a provoqué pas mal de remous parmi les militants. La menace d’alerte 3 ou 4 semble avoir été l’excuse idéale pour certains dans nos syndicats pour abandonner les actions. Il s’agit maintenant de se reprendre. 

Nos syndicats doivent aussi se prononcer sans hésitation contre les mesures antidémocratiques que le gouvernement envisage de prendre dans sa lutte contre le terrorisme. La moitié des 18 mesures annoncées ne visent pas les terroristes, mais tout le monde. La possibilité d’une arrestation administrative pendant 72h, les patrouilles militaires en rue, l’interpellation agressive de citoyens innocents qui semblent « suspects », le profilage racial, etc. 

En quelques heures, le gouvernement a trouvé 400 millions d’euros pour sa nouvelle politique sécuritaire. Grâce au maintien en activité des centrales nucléaires, Electrabel se ramasse un pactole de 200 millions et c’est notre facture d’électricité qui s’envole. N’importe quel enfant sait maintenant que ce gouvernement est celui des riches. Les effets de ces assainissements commencent à se faire sentir. Les gens ne tolèreront plus cela longtemps. C’est pour cette raison que Michel I se prépare à limiter le droit de grève, le droit de mettre des piquets, d’imposer un service minimum, etc. Tous les moyens sont bons pour casser le pouvoir des syndicats.

Dans un article sur l’année sociale à venir à la SNCB, le journal flamand de droite, De Standaard, conclu: « Sans accords sociaux, la voie est libre pour des initiatives législatives, où pour tout régler par la loi. On ira alors à la confrontation, certainement avec le syndicat socialiste, qui a déjà indiqué de résister âprement à l’instauration d’un service minimum. Cette année on saura quel pouvoir sera brisé. »

Et voilà aussi que le gouvernement décide de faire un cadeau de Noël à l’armée, aux fabricants d’armes et à la police pour une somme de 9 milliards d’euros. Voilà que la Belgique se réarme avec, entre autres, des inutiles avions de chasse F35 et d’autres engins. Mais pour aider les 80.000 enfants qui vivent dans la pauvreté, on en est réduit à faire de la charité via les médias. Comparons les quelques millions raclés dans les poches des gens de bonne volonté aux sommes obscènes déboursées pour l’effort de réarmement et de répression. Pour la lutte contre la pauvreté ou pour les services publics, pas un liard !

Pour un combat unifié de tous les secteurs, publics et privés. Repartir à l’offensive ! 

Nous devons repartir en action. Non pas pour se retrouver tout simplement à la table de négociations, mais pour mettre fin aux mesures antisociales du gouvernement. En premier lieu, il faut répondre à tous les média-mensonges. Par exemple, en ce qui concerne les fameux 60 jours de congé des cheminots. Quand on sait très bien que ce n’est pas vrai et que ce mensonge sert à cacher les 6000 pertes d’emplois prévues pour 2018.

Le soutien de Tout Autre Chose, de Hart Boven Hard et d’autres associations montre qu’il est possible d’obtenir un soutien auprès des couches plus larges de la population. Le combat des cheminots nous concerne tous. Ce n’est pas pour rien que le quotidien des actionnaires et des boursicoteurs flamands, De Tijd, présente le conflit comme un « moment thatchérien » pour le gouvernement.  Ce qui est en jeu est une attaque fondamentale qui risque de redessiner  le terrain des luttes des autres secteurs et des entreprises. Nous sommes réellement face à un moment de basculement dans les luttes contre ce gouvernement. Il nous semble que les dirigeants syndicaux ne l’aient pas compris.  Les travailleurs portuaires sont aussi visés avec une réforme de la Loi Major. Là aussi, le gouvernement les met devant le fait accompli d’une décision prise sans concertation sociale. Cela devient la norme dans le rapport social en Belgique. Le rôle attribué aux syndicats est de négocier les modalités et la vitesse du recul social. En d'autres mots, on ne fera que négocier le « poids de nos chaînes ». Le ministre du Travail a déjà annoncé la couleur pour la nouvelle année. 2016 sera l’année de « l’innovation sociale », c’est-à-dire, du détricotage social avancé, de la flexibilité sophistiquée. 

Il nous faut de toute urgence une campagne d’infos sur tous les lieux de travail et dans les quartiers pour démonter les mesures du gouvernement. Un plan d’actions sérieux pour mettre le gouvernement à genoux s’impose de toute urgence. Manifester, c’est bien mais largement insuffisant. Michel I ne se laissera pas faire si facilement. Il nous faut préparer une série de grèves générales et en front commun. Mais nous devons aussi élaborer une alternative socialiste et anticapitaliste: la retraite à 60 ans, la réintroduction de l’index, le retour à la prépension à 52 ans, la réduction du temps de travail à 30 heures/semaine sans perte de salaire en sont les premiers jalons. 

Mais il s’agit maintenant de montrer notre force. C’est le seul langage que le gouvernement des patrons comprenne.   

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