La semaine prochaine les syndicats vont évaluer les négociations entamées après la grève générale du 15 décembre. Avec ces négociations le gouvernement voulait gagner du temps et casser la dynamique du mouvement de protestation. Nos dirigeants syndicaux n'auraient pas dû y participer. Maintenant il s'agit de reprendre le fil de lutte avec un nouveau plan d'action pour le retrait de toutes les mesures antisociales.
Le 15 décembre dernier était probablement la plus grande grève générale de l’histoire syndicale belge. Le mouvement est pour le moins inhabituel. Il dépasse de loin des enjeux strictement syndicaux. Rudi Kennes, syndicaliste expérimenté, de General Motors, s’est exprimé à ce sujet : « Le mouvement rencontre une ampleur inédite. Autrefois je connaissais, façon de parler, tous les grévistes par leur nom. À présent, c’est un tout nouveau public qui est présent. » Une autre caractéristique de ce mouvement qui dure depuis début novembre est le sentiment d’unité entre syndicats flamands, wallons et bruxellois. Au plus que la droite tente de diviser le peuple, au plus la conscience que nous pouvons gagner s’accroît si nous mettons tous la main à la pâte. « Nous eûmes un véritable Front commun syndical », nous raconte un militant ému lors d’une réunion de grévistes au Roma à Anvers. « Les trois syndicats œuvraient comme s’ils n’en formaient qu’un. Si seulement c’était vrai… » Des groupes moins conventionnels, tels qu’étudiants, pensionnés, organisations sociales et culturelles, se sont unis, dans la protestation, au sein de la campagne Hart boven Hard/Tout Autre Chose . Le passage des caravanes de vélos dans les piquets était apprécié. Hart boven HardTout Autre Chose a introduit la créativité du monde culturel au sein des délégations syndicales. Le soutien pour la grève est aussi venu d’un groupe inhabituel : « Les mesures proposées causeront plus de stress, de burn-out, d’inégalités et d’insécurité. Le gouvernement parie, de manière irresponsable, sur la croissance et la décroissance économiques, dans l’illusion que cela apportera de l’emploi et de la prospérité, tandis que l'expérience de plusieurs pays européens nous démontre qu’elle en prolonge la chute. » Ce message nous proviens d’une lettre de 20 indépendants et chefs d’entreprises publiée sur le site du Vif L’Express le 15 décembre 2014.
Regain de confiance
Durant des années, les médias, des profs d’unif et les idéologues de droite ont essayé de nous convaincre que nous appartenions tous à la classe moyenne, que le temps de la solidarité était révolu et avait laissé place à une conscience du chacun-pour-soi. Ce mouvement démontre que la classe ouvrière belge - ceux qui vivent de leur travail – commence à se rendre compte du pouvoir dont il dispose. La majorité de la population soutient les organisations traditionnelles des travailleurs. La droite ne peut que se contenter de constater ce nouvel état de fait et de s’en plaindre. Le 16 décembre, le jour qui suivit la grève générale, la police a également mené une grève du zèle , pour protester elle aussi contre l’augmentation de l’âge légal de la retraite. Nous partageons tous le même sort et nous menons par conséquent le combat tous ensemble. La droite, elle, est toute seule. Quelle différence avec l'état d'esprit qui régnait juste après les dernières élections! Le bêlement de De Wever et compagnie résonne de plus en plus creux à la longue. Son propre (ancien?) bastion anversois est l’un des fers de lance du mouvement gréviste. De nouvelles revendications se sont fait entendre aux piquets : « Ce n’est pas qu’une question d’argent » ; « On se sent épuisé au travail » ; « On veut faire plus qu’obéir aux ordres, on veut prendre notre job en main et accomplir des choses utiles pour la société de façon non lucrative ». Il y a également des critiques sociales, contre notre société, qui se manifestent.
Le piège des négociations
Le gouvernement commence s’est réalisé qu’après 6 semaines de lutte il doit composer avec une résistance sociale croissante. Charles Michel insinue que la marge des négociations avec les syndicats sera « gigantesque », mais le Premier confirme à la fois que le programme gouvernemental est incontestable : le saut d’index sera maintenu ; l’augmentation de l’âge légal de la retraite à 67 ans aura lieu ; le gel des salaires ne sera pas remis en question, etc. Essayons donc de deviner ce qui pourrait être discutable… Vous donnez votre langue au chat? Vous n'en croirez pas vos oreilles! UNIQUEMENT la modalité d'application de ces mesures. Si jamais les dirigeants syndicaux décidaient d’y consentir, tous les efforts depuis novembre seraient vains. Pendant ce temps, les décisions sur le déroulement des actions syndicales à venir sont reportées à janvier 2015, dans le cas où les négociations ne devaient aboutir nulle part. De telles négociations, dans le cadre des plans gouvernementaux, ne sont qu’un leurre. Les syndicats ne peuvent y adhérer. De leur côté, les syndicats appuient un virage fiscal par des impôts sur les gains en capital. C’est un moyen trop doux et insuffisant pour redistribuer les richesses. Si le gouvernement décide de nous concéder cet os à ronger, c’est dans le seul but d’assurer la sauvegarde du programme actuel. Il est impératif d’établir MAINTENANT un nouveau plan d’action. En gagnant du temps, le gouvernement et le patronat espèrent casser la dynamique de la protestation. Si les dirigeants syndicaux ne s’en aperçoivent pas, ils commettront une grave erreur. Un mouvement n’est pas comme une lumière que nous pouvons décider d’éteindre ou d’allumer quand bon nous semble. Le report du nouveau plan d’action révèle un manque de détermination. Ce qui a été gagné aux piquets et aux blocages pourrait se perdre autour de la table des négociations. Ceci est inadmissible!
Saisissons notre chance!
Nous, qui résistons aujourd'hui, sommes ceux qui produisons la richesse du pays. Nous sommes en droit d'exiger que les mesures gouvernementales soient révoquées. Nous ne voulons plus nous soumettre aux lois de l’argent. La logique doit s'inverser: les épaules les plus larges doivent payer. Ce mouvement peut avoir un impact au-delà de nos frontières. La situation de notre pays concerne les intérêts du mouvement ouvrier partout en Europe. Une victoire chez nous peut signifier un retournement de situation dans tout le continent. Les échecs de la politique d'austérité partout dans le monde nous confirment que ce système ne fonctionne pas. Nous avons le pouvoir de générer l’impulsion dont l’Europe a besoin pour changer de politique et regagner la confiance de l’ouvrier. C’est pourquoi nous devons immédiatement élaborer un plan d’action pour une grève de 48 heures, suivie d’une grève de 72 heures. Si ce n’est toujours pas suffisant, nous devons nous préparer à une grève générale de durée indéterminée jusqu’à ce que le gouvernement et ses mesures antisociales soient renversés. Notre combat ne se concentre pas uniquement sur ce gouvernement, mais sur toutes les mesures antisociales qui ont été prises par les gouvernements précédents, celui de Di Rupo inclus. La discussion sur une alternative au système fait de plus en plus écho au sein des piquets et chez les activistes. Un capitalisme sans austérité est illusoire et c’est pourquoi Vonk/Révolution mène la lutte pour une alternative socialiste à Michel I et au capitalisme.
Aucune confiance dans la négociation "bidon" !
Faisons grève et manifestons jusqu'au retrait des mesures antisociales !
A bas le gouvernement de Michel !
A bas le système capitaliste, pour une société socialiste !