Les 5 et 26 octobre derniers se sont déroulées les élections générales au Brésil, qui renouvellent, pour quatre ans, la présidence de la République, le congrès national, ainsi que les gouverneurs et assemblées législatives des Etats régionaux. Le Parti des Travailleurs (PT) et sa candidate, Dilma Roussef, ont remporté ces élections en obtenant, pour la présidentielle, 51,6 % des voix, contre 48,4 % pour Aécio Neves, le candidat du Parti de la Social-Démocratie Brésilienne (PSDB, droite), soutenu par la classe dirigeante.

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Cette victoire du PT est une démonstration de la conscience de classe des travailleurs brésiliens, qui ont fait échec au candidat de la bourgeoisie, malgré toutes les tentatives de déstabilisation par de grands médias, tels que VejaGlobo ou la Folha de São Paulo. Véritables organes de la réaction, ces médias ont tenté par tous les moyens de faire battre le PT. Par exemple, la veille du second tour, Veja a accusé Dilma et Lula d’être impliqués dans un scandale de corruption qui touche Petrobras, l’entreprise nationale pétrolière. Cette diffamation était en « une » du journal.

Cependant, la leçon principale du scrutin est que, malgré sa victoire, le PT sort politiquement affaibli de ces élections. En 2010, Dilma l’avait emporté avec 56 % des voix, contre 44 % pour le candidat de droite José Serra. Le PT a perdu 1,2 million de voix, alors que le nombre de votants a augmenté de 7 millions.

La propagande de la classe dirigeante ne peut expliquer ce faible score du PT, le plus mauvais depuis son accession au pouvoir en 2003. Et, contrairement à une idée véhiculée par les médias et une partie de la gauche, il n’y a pas de « vague conservatrice » qui traverserait le sud du pays, comme dans l’Etat de São Paulo. Au premier tour, le PSDB n’y a pas amélioré son pourcentage de 2010 (24 %). Par contre, le PT est tombé de 35 % à 30 % des voix.

La dérive droitière du PT

Les causes fondamentales du reflux électoral du PT sont liées à la politique droitière qu’il a menée au gouvernement, ces dernières années, et qui a été réaffirmée pendant la campagne. Le discours de « responsabilité » et de « stabilisation sociale » de Dilma signifiait la poursuite d’une politique pro-capitaliste – avec un mince vernis social.

Les formidables manifestations et grèves qui ont secoué les grands centres urbains du pays, en juin 2013 et janvier 2014, ont montré qu’il y a un profond désir de changement dans la société brésilienne, dont la jeunesse est le fer de lance. Seulement voilà : par sa politique et ses méthodes, le PT est perçu – notamment dans la jeunesse – comme un parti semblable aux autres, capable de belles promesses, mais faisant tout le contraire une fois au pouvoir. Il ne faut pas s’étonner de cette défiance quand, par exemple, le PT soutient Fernando Pimentel comme gouverneur de l’Etat de Minas Gerais. Pimentel avait favorisé l’élection de Marcio Lacerda, un capitaliste richissime, dans la grande ville de Belo Horizonte.

La main tendue du PT vers les capitalistes est dangereuse. Ceux-ci ne veulent pas du PT au pouvoir et ne lâcheront rien en retour. La crise du capitalisme frappe l’économie brésilienne ; les marges de manœuvre pour les réformes diminuent. Les coupes budgétaires vont s’accentuer, tout comme les attaques contre l’emploi et le droit du travail. Inévitablement, de nouveaux affrontements entre la classe ouvrière et le gouvernement se produiront. Dans cette perspective, la bourgeoisie brésilienne préfèrerait contrôler directement – via ses propres partis – l’Etat et son appareil répressif. Elle ne fait pas confiance au PT, en la matière, car il peut subir la pression du mouvement ouvrier dont il est issu.

Nos camarades d’Esquerda Marxista (la Gauche marxiste du PT) luttent pour que ce parti renoue avec ses origines et traditions révolutionnaires. Or, ce n’est possible qu’en rompant avec les partis pro-capitalistes de la coalition gouvernementale, en expropriant les grands leviers de l’économie et en nationalisant les médias du réseau Globo, pour les mettre au service du mouvement social. Un tel programme gagnerait un large soutien chez les jeunes et les travailleurs, y compris dans le sud du pays. En s’appuyant sur les masses, le PT tiendrait en échec le congrès national et les autres institutions dominées par les réactionnaires. Cela ouvrirait la voie à un changement réel dans ce pays aux immenses ressources naturelles, mais toujours miné par une pauvreté massive.

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