Il est clair que les virus et les maladies ne font pas de discrimination selon les classes sociales, de sorte que personne n'est libre de souffrir (ou pas) à un moment donné de sa vie. Toutefois, les possibilités d'atténuer les risques de la maladie ou de minimiser ses conséquences relèvent bien d’une question de classe.
Ces inégalités face au Covid-19, peuvent être clairement observées en fonction du niveau de revenu de chaque quartier madrilène.
Madrid est aujourd’hui l’épicentre du Covid-19 en Europe. Le 18 septembre, parmi les 18 000 nouveaux cas en Espagne, presque la moitié se trouvait à Madrid. Au 29 septembre, 4 000 nouveaux cas étaient apparus dans la capitale. La région de Madrid, regroupant un peu plus de 6 millions d’habitants, dénombre 210 000 malades et 9 100 morts depuis le début de l’épidémie.
A Madrid, la président de la communauté de Madrid a décidé de confiner uniquement les quartiers pauvres de la ville, une politique de droite et de classe qui a pour objectif de donner priorité aux profits plutôt qu’aux vies des classes populaires : dans certains quartiers chics, il est possible de faire du shopping, mais dans les quartiers populaires on doit fermer toute activité sociale. En outre, pour la plupart des habitants de ces quartiers, le télétravail n’est pas possible : ils effectuent surtout des travaux manuels et se déplacent vers d’autres quartiers dans des métros bondés. On les confine mais ils doivent continuer aller à travailler !
Des milliers de personnes sont donc descendues le dimanche 20 septembre dans les rues madrilènes pour protester contre ce « reconfinement ». Depuis lors, les manifestations continuent.
Pour les habitants de ces quartiers, il s’agit d’une véritable injustice, qui s’apparente à de la ségrégation. Les quartiers pauvres du sud de Madrid (Vallecas, Villaverde, Usera, Carabanchel ou encore San Blas) sont défavorisés par rapport aux quartiers riches du nord (Chamberí, Moncloa, Salamanca ou Chamartín).
La mesure de « confinement sélectif » d'Ayuso (la présidente de la communauté de Madrid, présente au gouvernement grâce à l’extrême-droite de Vox) ne répond également à aucun critère scientifique : c'est juste une autre de ses idées foireuses habituelles à laquelle l'opposition ne sait pas répondre (le PSOE, le parti socialiste, n'a même pas voulu rejoindre les manifestations !).
Ces règles soi-disant sanitaires permettent ainsi de se rendre en métro à l’autre bout de Madrid, mais interdisent d’aller dans un parc de quartier. Le responsable « santé » du gouvernement régional a même déclaré en conférence de presse « [n’avoir pas] trouvé une seule contagion dans le métro ». Et, selon lui, par conséquent, le métro serait sûr !
Les quartiers du sud de Madrid ont déjà répondu de manière courageuse et audacieuse, à travers leurs associations et plateformes de quartier, en appelant à des mobilisations le dimanche 20 septembre. Les manifestations continuent désormais et les syndicats rejoignent la mobilisation, en particulier les syndicats liés à la santé.
Ceci doit être la première étape pour augmenter l'ampleur de la mobilisation populaire. Pour les membres de la Tendance Marxiste Internationale à Madrid, la prochaine étape doit être l'appel à une grève générale de 24 heures dans la région de Madrid par les centrales syndicales CCOO, UGT et CGT, et d'autres syndicats et plateformes syndicales, ainsi que par les associations des quartiers populaires de Madrid et de la ceinture rouge entourant la capitale, pour demander la démission du gouvernement.
Ces mobilisations montrent la voie aux classes populaires de toute l’Europe. Si les gouvernements se refusent à vraiment confiner et continuent de prendre des demi-mesures, il faut prendre la rue, comme on le fait à Madrid et comme ce fut le cas à Bruxelles, le 13 septembre avec la manifestation de Santé en Lutte !