PaxMediterranea : « Paix méditerranéenne ». Tels sont les mots utilisés par Macron pour expliquer l’envoi de navires de guerre français en Méditerranée orientale. La Grèce, le « droit international » et « la paix » y seraient menacés par les provocations de la Turquie. Comme à chaque fois que les impérialistes agitent de grandes « valeurs » pour justifier leurs manœuvres, il est important de distinguer clairement les intérêts des capitalistes de ceux des travailleurs.
Il est vrai que le régime turc veut redessiner les frontières négociées il y a un siècle, lors du démantèlement de l’Empire ottoman. Erdogan veut prendre le contrôle de la mer Méditerranée et imposer l’influence turque dans la région. Mais ces gesticulations militaires servent aussi la politique intérieure du gouvernement turc. L’économie turque est dans une très mauvaise situation ; elle l’était déjà avant la pandémie. En 2019, le PIB turc n’a crû que de 0,9 %. La livre turque a perdu 20 % de sa valeur depuis janvier 2020. L’offensive impérialiste de la classe dirigeante turque n’est pas seulement une tentative d’asseoir sa puissance à l’échelle régionale ; c’est aussi un moyen de distraire l’attention des travailleurs de leur misère croissante.
Macron au secours de… Total
De son côté, le gouvernement Macron joue au chevalier blanc venu au secours de la paix menacée. Mais en réalité, il cherche surtout à défendre les contrats d’exploitation gazière que la multinationale française Total a signés avec le gouvernement grec. Par ailleurs, la confrontation entre la France et la Turquie a véritablement commencé il y a plusieurs mois, en Libye, où les deux gouvernements soutiennent des camps rivaux dans la guerre civile qui s’y déroule. La France fournit des conseillers et des armes aux forces du « Maréchal » Haftar, et ce au mépris du « droit international », qui n’est évoqué par Macron que lorsqu’il lui est utile. Malheureusement pour l’impérialisme français, la Turquie est sortie victorieuse de cet affrontement, ce qui a ouvert la voie à de nouvelles confrontations, sur d’autres terrains.
Les tensions militaires entre la Turquie, d’une part, et la Grèce et la France, d’autre part, soulignent aussi la crise profonde de l’OTAN, dont tous ces pays sont membres. L’Alliance Atlantique est profondément divisée sur de nombreux sujets, de l’attitude face à la Russie à la guerre commerciale contre la Chine. En dernière analyse, ces divisions sont le reflet de la lutte toujours plus acharnée qui oppose les puissances impérialistes – pour les marchés et des zones d’influence. De telles crises militaro-diplomatiques ne peuvent que se multiplier dans les mois et les années à venir.
Le rôle du mouvement ouvrier
Un affrontement militaire ouvert et direct, entre la France et la Turquie, est peu probable, car les deux classes dirigeantes y auraient beaucoup trop à perdre. Mais ce qui est certain, c’est que l’accroissement des tensions ne peut rien apporter de positif aux travailleurs de la région. Les mouvements ouvriers grec, turc et français doivent dénoncer le caractère impérialiste et réactionnaire des manœuvres en cours. La lutte pour renverser leurs régimes respectifs, sur la base d’une politique internationaliste et révolutionnaire, constitue la seule garantie contre de nouvelles guerres impérialistes.