Décidément, nous sommes gouvernés par des bandits. Le pistolet du chômage et des délocalisations braqués sur notre front, ils nous dérobent nos retraites, notre sécurité sociale, nos allocations chômage, nos 35 heures, nos services publics, tout.
On ne doit pas se faire la moindre illusion sur les objectifs que se sont fixés le gouvernement et le MEDEF. Leur avidité est sans limite. Il s’agit de démolir progressivement toutes les conquêtes sociales réalisées depuis des décennies. Leurs attaques incessantes nous refoulent constamment en arrière. Les riches s’enrichissent. Leurs profits et dividendes grimpent. Leurs charges et leurs impôts baissent. Dans le même temps, à coup d’intimidations et de menaces, on arrache aux salariés leurs moyens de défense — droits syndicaux, droit de grève, Code du travail —et les avantages qu’ils ont pu obtenir par le passé. On frappe aussi et surtout les plus démunis et fragiles — les chômeurs, les personnes âgées et dépendantes, les handicapés, les malades.
Cet acharnement n’a pas seulement des raisons économiques. Quand on voit, par exemple, les maigres « gains » financiers des mesures qui ont été prises contre les chômeurs, on peut se demander quelle en était la motivation, compte tenu des conséquences sociales dramatiques de ces mesures.
Dans les calculs du gouvernement et du patronat, il y a, bien sûr, un élément financier. Ils se disent : pourquoi diable nourrir, vêtir, loger, soigner ou encore éduquer des chômeurs ? Celui ou celle qui ne créé pas de profit n’a plus aucune utilité à leurs yeux. A cet égard, il faut toutefois reconnaître une amélioration par rapport au passé. Après tout, les ancêtres pas si lointains de nos capitalistes contemporains n’hésitaient pas à jeter à la mer les esclaves qui, enchaînés par milliers dans les cales leurs navires négriers, tombaient malades.
Mais le « coût » du chômage n’explique pas tout. Il s’agit surtout d’enfoncer davantage les chômeurs en enfer, de façon à mieux intimider les gens qui ont encore la chance d’avoir un travail, pour qu’ils acceptent tout et n’importe quoi en termes de conditions de travail et de salaires. Quand le patron vous dit : « c’est ça ou rien », son chantage est d’autant plus efficace que le « rien », c’est vraiment RIEN.
Ces riches, ces oisifs, ces parasites, qui passent leur temps d’un château à l’autre, ou qui festoient bêtement avec des « stars » dans les clubs privés de Saint Tropez, trouvent cependant que le travailleur français est bien trop « revendicatif », et s’étonnent qu’il n’arrive pas à comprendre les « réalités économiques ». Or, en réalité, les travailleurs de ce pays, ou en tout cas la majorité d’entre eux, se font beaucoup de tort en acceptant sans réagir ce qu’on leur fait subir. Cette passivité, c’est l’atout principal de ceux qui règnent sur notre dos. En un sens, on peut même dire que c’est le fondement de leur pouvoir, puisqu’ils ne forment, après tout, qu’une infime minorité de la population. Mais cette passivité ne durera pas indéfiniment. Face à un tel acharnement, face au chantage permanent dans les entreprises, la colère et l’amertume ne cessent de monter chez ceux que les capitalistes et le gouvernement considèrent comme une « masse obscure ». L’ampleur impressionnante des manifestations et des grèves de l’année dernière en était un symptôme, et les résultats des élections régionales et européennes en furent un autre.
Le gouvernement de droite n’a plus aucune légitimité. Il faut s’en débarrasser au plus vite.
Il faut se débarrasser de ce gouvernement. La droite n’a plus de majorité électorale. Elle n’a plus aucune légitimité. Il faut exiger des élections législatives anticipées pour la chasser du pouvoir au plus vite. Le Parti Socialiste et le Parti Communiste devraient mener une campagne énergique sur cette question. Va-t-on vraiment laisser ce gouvernement en place jusqu’en 2007 ?
En même temps, le retour d’un gouvernement de gauche ne règlera pas tout. Entre 1997 et 2002, la direction du Parti Socialiste a prouvé que son programme et son action n’ont de socialistes que le nom. Jospin a privatisé plus que les gouvernements de Juppé et de Balladur réunis.
Certes, François Hollande, qui jusqu’en 2002 était favorable aux privatisations, s’est depuis découvert une opposition à celles-ci. Jospin préparait la privatisation de France Télécom et d’EDF-GDF, et c’est la droite qui l’a faite. Or, si Hollande est réellement contre ces privatisations — et non seulement en train de les exploiter pour ramasser des voix — il pourrait facilement les empêcher, même en étant dans l’opposition. Comment ? Tout simplement en déclarant clairement que le prochain gouvernement de gauche renationalisera immédiatement France Télécom et EDF-GDF, sans aucune indemnisation pour les actionnaires. Cela porterait de suite un coup fatal à ces privatisations. La chose vaut également pour toutes les autres. Dans le même esprit, les partis de gauche devraient s’engager formellement à abroger toutes les autres lois et « réformes » néfastes mises en œuvre par la droite — y compris celles sur les retraites, les allocations chômage, la sécurité sociale et les 35 heures. Une telle approche, combinée avec une campagne vigoureuse pour la tenue d’élections législatives anticipées, mettrait la droite en grande difficulté.
Cependant, le mouvement syndical, socialiste et communiste ne peut pas se contenter de mesures purement défensives. Il faut traiter le problème de fond, celui qui se trouve à la racine des inégalités et de la régression sociale. Une petite classe de grands possédants domine la vie économique du pays et, par conséquent, la société toute entière. La Riposte a toujours insisté sur le fait que la lutte pour la défense des intérêts des travailleurs ne peut être menée efficacement si on se limite d’avance à opérer dans le cadre de ce système. Telle est l’explication fondamentale des échecs des gouvernements de gauche successifs.
Il est nécessaire d’enlever le contrôle de l’économie aux capitalistes, qui ne s’en servent que dans leur propre intérêt. Cela signifie la nationalisation des principaux piliers de l’économie française, dont les grands groupes industriels, les banques, les assurances et les grandes chaînes de supermarchés. On pourrait ainsi poser les bases d’une réorganisation de la vie économique et sociale du pays, de façon à ce que les ressources, la production et la distribution soient gérées démocratiquement et conformément aux besoins de la société.