À partir du 12 mars, dans le cadre de la lutte du mouvement ouvrier contre la réforme des retraites en France, les éboueurs et les conducteurs, ainsi que certains centres d’incinération des déchets ménagers, ont rejoint ensemble le mouvement de grève.

Des milliers de tonnes de déchets ce sont ainsi accumulés dans les rues de Paris, du Havre, de Nantes, de Marseille, de Montpellier, de Metz, de Saint-Brieuc et de Antibes, et potentiellement ailleurs depuis que cet article a été écrit.

Forcément les riverains et les populations de ces villes sont ennuyés par cette grève. Mais malheureusement il n’existe aucune grève qui n’ennuie personne. Pour ainsi dire, une grève qui ne dérange personne ne sert strictement à rien. Cependant on voit que le camp bourgeois s’est empressé dans ses journaux de fustiger les éboueurs grévistes en les accusant de créer « un risque sanitaire majeur » pour la population. Alors que d’après les experts le risque sanitaire est faible puisque mise à part la prolifération des rats (qui ne portent aujourd’hui aucune maladie incurable comme c’était par exemple le cas par le passé), il n’y a pas de réel danger sanitaire d’ampleur avec l’amoncellement des déchets dans les rues, encore moins par les températures actuelles. Mais pour la droite tout est bon pour essayer de stigmatiser les grévistes et monter la population contre eux alors que le retrait pur et simple de la réforme des retraites serait en réalité le meilleur moyen de remettre au travail les grévistes.

Il faut également rappeler qu’en mai 68 et dans les années 70 en France, les éboueurs avaient également rejoint le mouvement de grève pour réclamer des avancées sociales, et qu’il n’y avait pas eu de mort ou blessé ou même malade lié à l’exposition des milliers de tonnes de déchets dans les rues.

Les éboueurs eux par contre, par le fait qu’ils sont au contact de nos déchets chaque jour, par tous les temps et aussi par fortes chaleurs, ont une espérance de vie qui est actuellement de 60 ans. Autrement dit lorsque le gouvernement Macron veut repousser leur âge de départ à la retraite de 57 à 59, il leur laisse une année de vie à la retraite (en moyenne).

Alors voilà entre autres les raisons de la colère des travailleurs français. Pourquoi se laisser faire et repousser l’âge de la retraite pour combler un soi-disant déficit insurmontable à venir alors que dans le même temps le gouvernement a laissé filer des milliards en allégeant par exemple les cotisations sociales pour les patrons (80 milliards au total), en supprimant l’Impôt sur lmpôt sur la Fortune (ISF) et d’autres impôts qui touchaient principalement les plus riches ? Les riches ne sont-ils pas assez riches pour qu’on ait en plus à leur faire toujours plus de cadeaux fiscaux et qu’il faille aller chercher le manque à gagner pour l’Etat sur la santé des travailleurs ?

Le gouvernement français rabâche cet argument fallacieux du déficit et le saupoudre de son fameux « nous vivons plus longtemps, donc nous devons travailler plus longtemps », mais tout le monde sait que cette espérance de vie gagnée l’a été grâce au fait que nous travaillons moins et que nos charges de travail ont été allégées avec la technologie…

Dans ce contexte mouvementé, le gouvernement commence à réclamer que des réquisitions soient opérées par les mairies pour aller chercher avec l’appui de la police les grévistes à leur domicile pour les forcer manu militari à ramasser les déchets. Le problème étant pour le gouvernement que, par exemple, la maire de Paris s’y oppose et surtout que les moyens logistiques nécessaires pour mettre au travail forcé 3 000 éboueurs censés ramasser les déchets des quartiers du centre alors que ces derniers vivent généralement en banlieue de Paris, sont compliqués à mettre en œuvre… En mai 68, le gouvernement avait donc dû mobiliser les militaires pour remplacer les grévistes.

Mais que le gouvernement se rassure, depuis son annonce hier soir d’un énième passage en force à l’aide de l’article 49.3, les mobilisations spontanées qui électrisent actuellement le tout Paris de leurs slogans « Macron démission » « Retrait de la réforme » ou encore « Paris debout ! Soulève-toi ! » sont en train mettre le feu aussi bien aux déchets qui jonchent les rues, qu’à la conscience d’un prolétariat qui ne veut toujours pas de cette réforme. Tout est bien qui commence bien !

* citation de Jacques Prévert

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