Les travailleurs du Québec sont confrontés, comme ailleurs, à l’augmentation du chômage et à toute une série de contre-réformes.

Les travailleurs du Québec sont confrontés, comme ailleurs, à l’augmentation du chômage et à toute une série de contre-réformes. Le gouvernement provincial du Parti libéral (droite) justifie les suppressions d’emplois et le gel des salaires par le niveau de la dette publique québécoise, qui s’élève à près de 95% du PIB. Dans le même temps, le patronat québécois mène une puissante offensive idéologique pour faire accepter la réduction drastique des dépenses publiques. A l’image des contre-réformes mises en œuvre en France, les services publics québécois sont attaqués à coup de suppressions de postes et de baisse des budgets.

C’est dans ce contexte que les syndicats doivent négocier – avec le gouvernement provincial – la convention collective du secteur public, arrivée à échéance fin mars. On sait ce que le gouvernement et le patronat attendent de cette négociation : dégrader davantage les conditions d’emploi et de salaire des travailleurs du secteur public, dont les revenus sont déjà de 6% inférieurs à ceux du secteur privé.

Les trois principales centrales syndicales québécoises – la CSN, la FTQ et la SISP – ont su recréer les liens et l’unité qui leur avaient permis de conquérir une série d’avancées sociales, dans les années 1970. Le 20 mars dernier, cette intersyndicale, qui porte le nom de « Front commun », a mobilisé 75 000 personnes, dans les rues de Montréal. C’est un chiffre assez important au regard de la population du Québec (7,8 millions d’habitants, dont 1,6 million à Montréal). Les organisateurs avaient tablé sur 50 000 personnes. On n’avait pas vu autant de monde dans la rue depuis 5 ans, ce qui témoigne d’une montée de la combativité des travailleurs de la fonction publique québécoise.

Deux semaines plus tard, le gouvernement provincial a présenté sa loi de Finances. Sans surprise, elle prévoit d’importantes coupes budgétaires. L’attaque la plus emblématique concerne la gratuité du service de santé, actuellement menacée. Aujourd’hui, le service public de la santé est exclusivement financé par l’impôt. Mais à partir de 2012, la loi de Finances prévoit que chaque adulte bénéficiant d’une couverture maladie publique devra payer près de 150 euros par an, en plus de l’impôt. Même recul dans l’éducation publique. Le gouvernement a décidé d’introduire des frais de scolarité pour s’inscrire au Cégep, l’établissement public qui dispense les cours des deux dernières années d’enseignement avant l’université. Cette mesure ne restera pas sans réponse de la part des étudiants québécois, qui ont toujours su se mobiliser pour défendre l’enseignement gratuit, comme par exemple en 2007. Le ministre des finances a déclaré que « rien n’est gratuit » – hormis bien sûr pour le patronat, qui a bénéficié de larges exonérations... En réaction, dès le lendemain de la présentation de cette loi, 12 000 personnes se sont rassemblées, à Montréal, pour dénoncer ces attaques et la baisse générale des dépenses publiques.

De toute évidence, la société québécoise s’oriente vers une période de grandes luttes sociales. Les récentes mobilisations démontrent que les travailleurs s’y préparent et regagnent en combativité. Exemple – parmi d’autres – de ce changement d’état d’esprit : l’annonce de la fermeture d’une raffinerie de pétrole de SHELL, à Montréal, en janvier dernier, a soulevé une vague d’indignation. 3000 salariés sont menacés de licenciement. Or, d’après un récent sondage, 67 % des Québécois se disent favorables à la nationalisation de l’industrie pétrolière !

Dans ce contexte, le Front commun intersyndical est une excellente nouvelle. Il renoue avec les meilleures traditions du mouvement ouvrier québécois. Le gouvernement n’entend pas satisfaire sans combat les revendications des syndicats, qui refusent les suppressions d’emplois et exigent une hausse générale des salaires. La dette publique québécoise est la cinquième plus importante au monde, en pourcentage du PIB. Il est donc clair que les négociations engagées aboutiront rapidement à une impasse, et leur issue sera décidée dans la rue. En 1972, le Front commun qui s’était constitué – et qui représentait 210 000 salariés du secteur public – avait organisé une grève générale dont les revendications comportaient un certain nombre de mesures révolutionnaires. Aujourd’hui, le Front commun représente 475 000 salariés. Il est capable d’engager à nouveau une mobilisation massive et de créer le rapport de force qui contraindra le gouvernement à céder. Une telle victoire injecterait une haute dose de combativité dans les veines du salariat québécois, mais aussi sur l’ensemble du continent nord-américain.

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