Le 15 avril, plus de huit cents réfugiés ont laissé la vie dans un énième naufrage au cours de la traversée de la mer Méditerranée. Depuis lors, la crise des réfugiés n’a pas quitté l’actualité. L’enchaînement des événements catastrophiques de ces derniers mois ne relève pas d’une simple coïncidence.

immigrationcapitalismPlus tôt cette année, les autorités italiennes ont mis fin à l’opération de sauvetage qui se déroulaient sous leur commandement (opération « Mare Nostrum »). Les moyens mobilisés pour cette opération étaient déjà largement insuffisants, mais depuis que l'agence européenne Frontex a repris cette tâche, la situation n'a fait qu'empirer. Comme il est d'usage dans de telles structures européennes, cette agence intervient en dehors de tout contrôle démocratique. La mission de Frontex est de « contrôler » la migration vers l’Europe. Ainsi, elle a – avec le consentement des dirigeants européens – réduit le budget destiné aux opérations de sauvetage. Ces économies se sont fait immédiatement ressentir par la perte de milliers de vies humaines.

Les conditions de vie misérables et meurtrières des réfugiés provenant d’Afrique et du Moyen-Orient ne sont pas nouvelles. La situation aux frontières de l'Europe est si mauvaise que nous ne pouvons que parler d'un charnier. Depuis 2000, selon les estimations des autorités italiennes, 22.000 réfugiés ont trouvé la mort en essayant de traverser la Méditerranée. Compte tenu de la nature clandestine de cette migration, le bilan humain réel est, selon toute probabilité, encore plus élevé.

La classe dirigeante européenne parle haut et fort de ses « valeurs démocratiques ». Mais quand il est question de fournir aux réfugiés une aide humanitaire, la véritable nature de sa pensée refait surface. Confrontés au terrorisme, contre lequel ils mènent une guerre hypocrite, les Etats européens ont ensuite déclaré la guerre aux migrants. Depuis la création de l'agence Frontex en 2004, la politique des dirigeants européens est plus que jamais destinée à empêcher les migrants d’entrer en Europe. Ceux qui y parviendront malgré tout seront tracés, détenus et expulsés. Entièrement dans cet esprit, Theo Franken, le secrétaire d'État belge à la migration, a suggéré de bombarder les bateaux de passeurs. (1) Mais même pour la classe dirigeante cette idée allait un peu trop loin...

D'où viennent les réfugiés?

La vraie question reste cependant de savoir pourquoi des milliers de personnes quittent leur terre d’origine pour entreprendre un voyage dangereux, qui ne les mène à l’arrivée qu’à des conditions de vie dégradantes. Ce désespoir massif montre à quel point la situation au Moyen-Orient et en Afrique est dramatique après des décennies d’exploitation économique et de guerres impérialistes.

Il y a environ deux millions de morts et encore plus de réfugiés recensés à la suite des conflits sanglants en Irak, Afghanistan, Palestine, Pakistan, Libye et en Syrie, pour ne nommer que les plus meurtriers. Un remarquable  rapport d’enquête récemment publié par le Huffington Post montre de manière frappante les mécanismes politiques larvés de cette violence capitaliste. Le rapport indique que les projets qui ont été financés par la Banque mondiale depuis la dernière décennie ont entraîné la fuite de 3,4 millions de personnes. "La Banque mondiale et son service de prêt privé ont financé des gouvernements et des entreprises accusés de violations des droits de l’homme telles que le viol, l’assassinat et la torture. Dans plusieurs cas, il y a d'autres contrats conclus après que les violations ont été prouvées. "(2)

Boucs émissaires

Le système capitaliste et sa classe dirigeante sont complètement impuissants et ne veulent même pas mettre fin à cette situation. En fait, les politiques au pouvoir ne sont capables que d'utiliser le spectre du désespoir des migrants pour dissimuler leur politique prédatrice contre la classe ouvrière européenne. Alors qu'ils attaquent les conquêtes de la classe ouvrière et nient à la jeunesse son avenir, les banquiers, les patrons et les hommes politiques voient augmenter leurs comptes en banque. Telle est la réalité que Francken et ses pareils essaient de couvrir derrière leur parler médiatique bien rôdé sur l’immigration; afin de détourner l'attention, ils répètent avec plaisir : « Nous ne pouvons quand même pas faire face à la misère du monde entier. »

En réalité, la question se pose différemment. Alors que la classe dirigeante s’enrichit de plus en plus, elle essaie de nous faire croire que le danger vient de gens qui n’ont rien, qui sont comme nous à la recherche d'un travail et d’une vie décente. Un simple calcul pourrait démontrer l'absurdité de cette accusation : avec l'énorme richesse dans les mains de la minorité au pouvoir, la crise des réfugiés peut être résolue plusieurs fois !

En tant que marxistes, nous savons que pour chaque naïf qui croit momentanément au discours de la classe dirigeante, tôt ou tard, un révolutionnaire naît. Pour mettre fin une fois pour toutes  à cette misérable situation des réfugiés aux frontières de l’Europe, nous devons aborder ses causes profondes : les puissances impérialistes qui s’enrichissent en déracinant le monde socialement et écologiquement. L'ennemi n’est pas aux portes de l'Europe, mais entre les murs du palais.

1) De Standaard, 3 Mai 2015.

2) http://projects.huffingtonpost.com/worldbank-evicted-abandoned

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