Ce mercredi 10 décembre, la marine américaine a pris d’assaut et arraisonné un pétrolier qui se rendait depuis le Venezuela vers Cuba. Cet acte de piraterie est un nouvel épisode de l’agression impérialiste menée par les Etats-Unis contre le Venezuela. Depuis la fin de l’été, les forces armées américaines ont bombardé toute une série de bateaux dans les Caraïbes et le Pacifique, et tué plus de 80 personnes, qu’elles présentent – sans en apporter la moindre preuve – comme des trafiquants de drogue.

Hypocrisie impérialiste

Donald Trump prétend que cette campagne militaire vise à lutter contre le narcotrafic. C’est complètement faux. Le Venezuela et les Caraïbes ne représentent qu’une infime partie du trafic de drogue à destination des Etats-Unis. La lutte contre la drogue n’est qu’un prétexte hypocrite. S’il en fallait encore une preuve, elle a été apportée par Trump lui-même la semaine dernière, lorsqu’il a gracié et fait libérer l’ancien président du Honduras Juan Orlando Hernandez, qui purgeait une peine de 45 ans de prison aux Etats-Unis pour… trafic de drogues et d’armes ! Drôle de façon de lutter contre le narcotrafic.

Les impérialistes européens apportent leur soutien à cette agression impérialiste, notamment en s’associant aux sanctions économiques contre le Venezuela. Ils prétendent vouloir défendre la « démocratie menacée par le régime de Maduro ». C’est pure hypocrisie. En mai dernier, Emmanuel Macron a reçu en grande pompe à l’Elysée le président syrien Ahmed al-Charaa, ex-djihadiste membre d’Al-Qaida dont les troupes venaient juste de commettre un massacre de civils dans l’ouest de la Syrie. En novembre, le président français a présenté ses « félicitations » au président ivoirien Alassane Ouattara qui venait de remporter avec 90 % des voix une élection présidentielle dont les principaux candidats d’opposition avaient été écartés. Où étaient à ce moment-là les préoccupations « démocratiques » du gouvernement français ?

Certains à gauche affirment que cette agression impérialiste s’explique par la volonté des Etats-Unis de prendre le contrôle des immenses ressources du Venezuela, qui possède en particulier les plus grandes réserves de pétrole connues au monde. Cet élément joue effectivement un rôle important. Durant la réunion de l’American Business Forum qui s'est tenue en novembre à Miami, la récipiendaire du Prix Nobel de la Paix 2025, l’opposante venezuelienne Maria Corina Machado, a pris la parole pour demander que les Etats-Unis envahissent le Venezuela. Elle y a décrit en termes à la fois serviles et hallucinés les immenses profits qui attendaient les entreprises américaines si Washington reprenait le contrôle du pays : « Nous ouvrirons le Venezuela aux investissements étrangers [par un] programme massif de privatisation. [...] Pas seulement le gaz et le pétrole. Nous ouvrirons tout, tout, à tous les niveaux. »

Mais ce facteur ne suffit pas à expliquer l’actuelle offensive impérialiste contre le Venezuela. Après tout, ce sont les sanctions de Washington – mises en place dès 2013 sous l’administration de Barack Obama – qui représentent actuellement le principal obstacle qui empêche les entreprises américaines d’investir au Venezuela.

Comment lutter contre l'impérialisme ?

Cette campagne contre le Venezuela est une partie intégrante de la réorientation stratégique de l’impérialisme américain depuis l’élection de Donald Trump. Un document publié la semaine dernière par le Département d’Etat américain affirmait ainsi qu’il était impératif de « restaurer la suprématie américaine » en Amérique latine.

Plusieurs rivaux des Etats-Unis – dont la Russie et la Chine – se sont implantés en Amérique du Sud ces dernières décennies. La Chine, en particulier, est devenue le premier créancier des pays latino-américains et le premier partenaire commercial de plus de la moitié d’entre eux. L’impérialisme américain cherche à reprendre le contrôle de sa sphère d’influence traditionnelle, l’Amérique latine, et à en expulser ses rivaux. Or, le Venezuela est le pays d’Amérique du Sud qui a noué les liens les plus serrés avec Moscou et Pékin. En l’attaquant, Washington veut envoyer un signal à tout le continent.

Le 6 décembre, le président colombien Gustavo Petro a expliqué qu’il était favorable à l’instauration d’un « gouvernement de transition » au Venezuela. Il semblait vouloir dire que, pour éviter une invasion américaine, le Venezuela devait… se plier aux exigences américaines. C’est une profonde erreur. La faiblesse invite à l’agression. Si l’impérialisme américain réussit à reprendre le contrôle du Venezuela, il s’attaquera ensuite à la Colombie, à Cuba, etc.

Le seul moyen de résister aux attaques de Washington se trouve dans une mobilisation révolutionnaire des travailleurs de toute la région : les masses doivent prendre les choses en main, s’attaquer à tous les leviers dont dispose l’impérialisme américain dans la région, exproprier les entreprises américaines et se préparer à repousser l'agression impérialiste, les armes à la main si c’est nécessaire.

Il est dans l'intérêt des travailleurs du monde entier d’apporter leur soutien aux masses d’Amérique latine dans leur lutte contre l’impérialisme américain, la force la plus réactionnaire de la planète. Les dirigeants du mouvement ouvrier français doivent dénoncer l’agression impérialiste de Washington et les manœuvres hypocrites des impérialistes européens, et mobiliser toutes les forces disponibles pour s’y opposer.

Une victoire de l’impérialisme américain serait une défaite pour les travailleurs de toute l’Amérique du Sud, et du monde entier. Une défaite de l’impérialisme serait un encouragement pour tous les opprimés de la planète !

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