Il y a 80 ans, un groupe de jeunes juifs prenait les armes contre la terreur nazie dans le ghetto de Varsovie. La plupart d'entre eux étaient socialistes, communistes et fiers d'être internationalistes. L'organisation juive de lutte (Z.O.B.) à laquelle ils appartenaient avait été formée par des militants du Bund socialiste, des sionistes de gauche de Hachomer Hatzair et des communistes (1).
Au total, ils sont environ 700 jeunes, dont 200 femmes. La plupart ont moins de 25 ans, le plus jeune a 13 ans. Ils n'ont pratiquement pas d'armes à leur disposition. Certains étaient armés de revolvers (dont beaucoup ne fonctionnaient pas). Ils disposaient essentiellement de grenades, de cocktails Molotov, quelques fusils, deux lance-grenades et une mitrailleuse. Ils n’avaient quasiment pas d’expérience du combat. En face d'eux, une armée d'unités SS rodées, forte de 2 000 hommes, disposait d'armes lourdes, de mitrailleuses, de mortiers et de l’artillerie. Les nazis pensaient pouvoir réduire le ghetto en 3 jours. La bataille a duré 6 semaines. Ils n'avaient aucun espoir de victoire mais ne voulaient pas mourir comme des esclaves dans les camps d'extermination de Treblinka et d'Aushwitz. Fuir ou s'échapper du ghetto n'était pas un choix pour eux. Voici le récit de cet exceptionnel acte de résistance dans l’enfer nazi.
La Pologne à l’aube de la guerre
Trois millions de Juifs vivaient en Pologne au début de la guerre. Dans la capitale, Varsovie, un tiers de la population était juive, soit 337 000 habitants sur un total de 1,3 million. Il s’agissait de la plus grande concentration de Juifs en Europe. Officiellement, tous étaient des citoyens polonais ayant la nationalité polonaise.
Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne. 17 jours plus tard, Staline ordonne aux troupes soviétiques de pénétrer dans l'est de la Pologne. Les troupes allemandes envahissent Varsovie, moins d’un mois après le début des hostilités. Commence alors le long et inexorable calvaire qui va aboutir à l’extermination de 95% des Juifs de Pologne. Ce pays allait devenir l’épicentre de l’Holocauste. En novembre les nouvelles autorités décident que tous les juifs doivent porter publiquement l’étoile de David sur leurs vêtements.
Les premiers actes de violence organisés contre les Juifs arrivent à Pâques 1940. Les occupants allemands paient des bandes de voyous polonais pour organiser un pogrom, une émeute sanglante contre les juifs. Tous ceux qu'ils rencontrent sont maltraités, battus, terrorisés.
Les jeunes du Bund, organisation ouvrière socialiste non sioniste, se défendent et s’engagent dans des batailles de rue héroïques contre ces gangs. Les autres organisations juives sont effrayées et condamnent les jeunes du Bund. Selon elles, la riposte contre les ratonnades ne fait que provoquer de terribles représailles.
Le ghetto
Le 14 octobre 1940, le gouverneur allemand de Varsovie décide de déplacer tous les Juifs de la ville dans un seul et unique quartier. Un tiers de la population de la ville est confinée, comprimée sur 2,4% de la surface urbaine.
Un mois plus tard, une entreprise allemande qui construira aussi le camp de concentration de Treblinka, érige un mur autour du quartier. Le mur a une hauteur de 4 à 10 mètres et une circonférence de 17,5 km. Il est payé par la communauté juive elle-même. Plus tard, les nazis amèneront 400 000 autres Juifs dans le ghetto. La densité de population était de 80 000 personnes par kilomètre carré. En moyenne, 13 personnes partagent une seule chambre.
Pour gérer le ghetto, un conseil suprême, le Judenrat, est créé, strictement contrôlé par les Allemands. Ce conseil composé de « notables » agira comme véritable sous-traitant des injonctions des fascistes allemands. Une « force de police » de 2 000 agents juifs est également créée pour « maintenir l'ordre » dans le ghetto et lutter contre la contrebande. Cette police obéit également aux ordres des Allemands.
Les Allemands rendent les choses très difficiles pour les Juifs : leur ration quotidienne est de 181 calories par jour, soit ¼ de ce que reçoit la population polonaise, 1/10 du régime de la population allemande.
Un quart de pain, un demi-verre de riz et un quart de pomme de terre par jour. Voilà la ration qui condamne les couches les plus pauvres de la population juive à une famine lente mais certaine.
Le ghetto est aussi une société de classes divisée entre riches et pauvres. Les Juifs riches qui avaient réussi à cacher et à apporter leur fortune la vendaient en échange de produits alimentaires et se lançaient dans la contrebande.
Le marché noir avec le monde extérieur au ghetto y prospère. Des milliers de routes de contrebande, petites et grandes, ont trouvé leur chemin vers la nourriture. 80 % de la contrebande concerne la nourriture. Une énorme économie de survie alimente le ghetto. Cela n'empêche pas des dizaines de personnes de mourir de faim chaque jour.
Quarante et une usines ont été créées dans le ghetto, où les travailleurs juifs « s’échinent » pour des salaires de misère. Toutes ces usines appartiennent à des entrepreneurs allemands qui ont des contrats avec l'armée.
La vie sociale, culturelle et politique d’avant continue aussi à l’intérieur des murs du ghetto. Le Bund et les syndicats comptaient au moins 30 000 membres sur le papier. En octobre 41, quelque 2 000 militants participent régulièrement à des réunions clandestines. Des revues sont publiées et passent de main en main dans le ghetto. Des bibliothèques sont ouvertes chez des particuliers.
Mais la faim affaibli la population et les rend vulnérable aux maladies. Une épidémie de typhoïde emporte 1 000 personnes par mois. Des personnes meurent de faim dans les rues, d'autres sont abattues au hasard ou battues à mort par des SS, des Allemands ou des nazis lettons. La famine est telle que certains témoignent même de cas de cannibalisme.
Premières déportations
De janvier à août 41, le nombre de morts passe de 450 à 5 600 par mois. Ce ne sont pas des morts de vieillissement, il s’agit bien de personnes assassinées par les Allemands ou bien mortes de faim, de maladie. C’est à ce moment que commencent les premières déportations des ghettos vers les camps d'extermination. En avril, le ghetto de Varsovie apprend l'extermination de tout le ghetto à Lublin une autre ville en Pologne, mais la plupart des Juifs dans le ghetto de Varsovie ne veulent pas y croire. Ils refusent d’accepter qu'il s’agit d'une véritable politique d'extermination qui est mise en marche par les Allemands. Il y a une sorte de de refus, de négation, de voir cette horreur.
En juillet 1942, les nazis commencent les déportations massives vers Treblinka dans le cadre de la « Gross-Aktion Varsovie ». Une nouvelle ligne de train relie directement le ghetto au camp d’extermination. Le Judenrat accepte de livrer 6 000 juifs par jour pour être « relocalisés ». Une affiche nazie annonçait que ceux qui se présentaient volontairement allaient bénéficier de 3 kilos de pain et un demi-kilo de jambon : « Pourquoi nous tueraient-ils s'ils nous nourrissent ? » pensaient les Juifs désespérés.
La réalité est qu’ils ne seront jamais nourris. Au moment où commence la déportation massive vers Treblinka, 100 000 juifs du ghetto étaient déjà morts à cause des maladies, de la famine ou suite à des exécutions aveugles. On assiste à de véritables scènes d’horreur. Marek Edelman livre un témoignage poignant sur la vie et la lutte dans le ghetto. Il écrit :
« Aucun mot inventé par l'homme ne saurait décrire ce qui se passe dès lors sur l'Umschlagplatz, où il n'y a plus de secours à attendre de personne. Les malades, adultes et enfants tirés de l'hôpital, gisent là, abandonnés dans des salles où il fait froid. Ils font sous eux et demeurent dans leur fange puante. Des éclairs de folie dans leur regard, les infirmières cherchent leurs parents dans la foule et leur injectent la bonne morphine, donneuse de mort. La main charitable d'une doctoresse verse entre les lèvres fiévreuses d'enfants malades, inconnus d'elle, de l'eau additionnée de cyanure. On ne peut que s'incliner devant elle : elle donne son cyanure. Le cyanure est maintenant le trésor le plus précieux, le plus inestimable. C'est la belle mort, celle qui épargne l'horreur du transport »
En deux jours, les Allemands déportent 60 000 personnes.
Formation de groupes armés
La perspective de déportation de 200 à 300 000 juifs incite plusieurs petits groupes dans le ghetto à se tourner vers une résistance armée unie. En octobre, 3 groupes se réunissent au sein de la Z.O.B., l'organisation juive de combat : le Bund, Hachomer Hatzair (qui signifie la « Jeune garde ») et les communistes. La direction est assurée par un jeune homme de 22 ans appelé Mordechaï Anielewicz.
Il ne reste plus que 60 000 Juifs dans le ghetto. En janvier 1943, la déportation se fait en deux vagues. Cette fois-ci, les membres de la Z.O.B. prennent les armes pendant 4 jours et lancent des combats de rue. Ils n’ont pratiquement pas d'armes et sont contraints de se replier. En réalité, il s’agit surtout de batailles de guérilla, mais les nazis sont surpris et sont contraints de reculer et de réduire considérablement le nombre de déportations. Marek Edelman, dit : « Pour la première fois, les plans allemands ont été déjoués. Les Allemands ont perdu le halo de l'omnipotence et de l'invincibilité pour la première fois. Le juif de la rue a réalisé qu'il était possible de faire quelque chose contre la volonté et la puissance allemande. Ce fut un tournant psychologique. »
À partir de ce moment-là, la Z.O.B., prend le contrôle effectif du ghetto. Elle commence à organiser tout le ghetto avec un seul but, la résistance aux déportations. Pour cela, la Z.O.B. commence par exécuter les policiers juifs, les nazis et les espions. Ils exécutent aussi des commandants juifs qui sont à la botte des nazis. Ils supervisent également d'autres aspects du ghetto : la publication de journaux et ils prélèvent aussi un impôt sur les résidents fortunés.
L’insurrection
Le 19 avril, les forces allemandes tentent de reprendre les déportations. L'objectif est clair, liquider le ghetto en quelques jours. La Z.O.B., à ce moment-là, dispose d’un maximum de 220 combattants. Certains sont armés de revolvers dont beaucoup ne fonctionnent pas. Ils ont des cocktails Molotov, des grenades, quelques fusils, une mitrailleuse, mais un autre groupe prend aussi part au soulèvement. C'est l'unité militaire juive qui compte à peu près 500 combattants. La plupart sont des anciens officiers juifs de l'armée polonaise et des sionistes de droite. Ceux-là disposaient de meilleures armes grâce à leurs liens avec l'armée nationale polonaise.
De leur côté, les Allemands déploient plus de 2 000 soldats équipés d'armes lourdes. Grâce à la supériorité militaire, les Allemands estiment qu'il ne leur faudra que 3 jours pour venir à bout de la résistance. Des résistants polonais prennent également part aux combats. En dehors du ghetto, des troupes de résistants polonais mitraillent les unités de l'armée allemande. Les nazis sont obligés de combattre bâtiment par bâtiment, il leur faudra 6 semaines pour venir à bout du ghetto. Ils le font en incendiant le ghetto. Marek Edelman dira : « Les insurgés ont été vaincus par les flammes, non pas par les Allemands. »
La résistance va durer jusqu'au mois de juin. Il se raconte que pendant l'insurrection, deux drapeaux flottaient sur le ghetto : un drapeau avec l'étoile de David bleue et blanche (l'actuel drapeau d'Israël) et le drapeau rouge. Les résistants acculés vont décider de se suicider en groupe. Une toute petite partie ne se suicidera pas et s'enfuira par les égouts et rejoindra les autres groupes armés en dehors du ghetto.
D'un point de vue militaire, on peut dire que le soulèvement est une défaite et il ne pouvait en être autrement. Yitzhak Zuckerman, numéro 2 de la Z.O.B., remarque avec lucidité : « Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'analyser le soulèvement en termes militaires. Personne ne doutait de la façon dont il allait se terminer. Ce qui était vraiment important, c'était la force démontrée par la jeunesse juive, la façon dont elle s'est rebellée contre ses destructeurs et la façon dont elle a décidé comment elle allait mourir. »
Quelques conclusions
On nous a souvent appris que les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale face à la Shoah, à l'extermination, avaient une attitude passive de résignation. Cette image inhumaine des juifs est fausse. Ici nous avons une preuve éclatante de l'absence de résignation d'une partie de la population juive, surtout des plus jeunes, les plus révolutionnaires, les plus à gauche. La résistance clandestine dans les ghettos en Europe de l'Est contre l’Holocauste est très peu connue. Elle est en revanche bien documentée. Il y a eu en fait des organisations de résistance dans une centaine de ghettos en Europe de l'Est (environ 1/4 des ghettos avaient des organisations de résistance). Il y a eu des soulèvements dans 5 ghettos principaux et dans 45 ghettos plus petits.
En outre, il y a eu aussi des soulèvements dans 3 camps d'extermination (dont Treblinka et Sobibor) et dans 18 camps de travail forcé. Il y avait à peu près 20 ou 30 000 résistants juifs combattants dans une trentaine de groupes et dans une vingtaine de groupes mixtes. Certains aussi se sont repliés sur les forêts et ont organisé des unités militaires au départ des forêts. Dix mille juifs ont survécu dans des camps familiaux dans les forêts. La première conclusion est que la passivité juive est en grande partie un mythe.
Sionisme et résignation
Une deuxième conclusion s’impose. On pourrait penser que face à l’application de la « solution finale », la politique ou l'orientation politique n'a aucune importance. En fait, l’historienne Janey Stone dans « Fighting on all fronts. Popular resistance in de Second World War. » note que pendant les soulèvements des ghettos, la politique faisait bel et bien la différence. La plupart des organisations sionistes encouragent l’émigration plutôt que la résistance. Face aux déportations, les religieux, les rabbins prônent la résignation car il s’agissait là du destin du « peuple choisi ». Il en découle une attitude passive face aux déportations vers les camps de la mort. Des dirigeants juifs allaient même jusqu’à collaborer avec les Allemands dans les déportations.
Une bonne partie des jeunes refusaient ce comportement. Ce n’est pas un hasard que les premières victimes des actions des groupes armés de la Z.O.B. étaient des juifs qui prêtaient leur aide aux Nazis.
L’insurrection était une défaite militaire, mais pas une défaite morale. Les généraux SS ne s’attendaient pas à une telle résistance. Ils ne pouvaient tout simplement pas le concevoir, tellement ils étaient imprégnés de leurs supériorité raciale et de l’infériorité raciale des juifs. Leur idéologie suprémaciste excluait toute possibilité d’une telle audace militaire. Certains historiens rapportent que les officiers allemands responsables de l’opération contre la résistance armée dans le ghetto, croyaient qu’il s’agissait probablement de militaires étrangers parachutés pour organiser l’insurrection.
La trahison des forces « alliées » et de Staline
Les forces « alliées » (France, Grande Bretagne, États-Unis) et l’Union Soviétique ont pendant longtemps refusé de reconnaître que les Allemands avaient engagé l’opération visant à l'extermination des Juifs. Quand ils l’ont admis, ils ont aussi refusé de diffuser l’information publiquement. Ils ont refusé de venir en aide à l’insurrection du ghetto. Quand les organisations juives demandent le bombardement des camps d’extermination, les Anglais refusent, invoquant les risques pour les juifs dans les camps. Le représentant du Bund à Londres, d'ailleurs, va se suicider pour protester contre l'indifférence des gouvernements alliés.
Le gouvernement polonais en exil ne viendra pas non plus à l’aide à l'insurrection. Ce gouvernement polonais était fortement anti-juif et anti-socialiste et savait très bien qui organisait la résistance.
Une autre leçon est que l'insurrection du ghetto de Varsovie va inspirer un an plus tard une autre insurrection plus massive. Toute la population ouvrière de Varsovie va se soulever en 1944. Certains vont la comparer à une sorte de Commune de Varsovie, à l'image de la Commune de Paris de 1871. Les insurgés espéraient l'intervention de l'Armée rouge pour qu'elle leur vienne en aide. L'Armée Rouge se trouvait à 15 ou 16 km seulement de Varsovie. Staline va donner l'ordre de ne pas intervenir. Cette fois, parce qu'il a peur d'un mouvement indépendant des travailleurs de son régime. En fait, l'Armée Rouge va rester aux portes de Varsovie et va laisser les Allemands massacrer les insurgés polonais, laissant 200 000 morts sur le carreau.
La « question juive »
Il est vrai aussi que l'État d'Israël et les sionistes ont utilisé l'insurrection du ghetto de Varsovie et surtout le fait qu'elle soit restée isolée pour justifier la création de l'État d'Israël : « On ne peut compter que sur nous-même, on ne sera jamais en sécurité quelque part sur cette planète tant qu’on n’aura pas notre propre Etat. »
Malheureusement pour les Juifs, ils ne seront jamais en sécurité dans un état basé sur la spoliation des terres et des droits des Palestiniens. Trotsky juge que l’Etat d’Israël sur le territoire palestinien s’avérera « un piège sanglant ». Il explique sa position qui est aussi la nôtre sur la « question juive » en 1934 :
« Aussi bien l'état fasciste en Allemagne que la lutte arabo-juive fournissent de nouvelles occasions de vérifier le principe suivant lequel la question juive ne peut pas être résolue dans le cadre du capitalisme. J'ignore si le judaïsme peut être reconstruit en tant que nation. Mais il n’y a pas de doute sur le fait que les conditions matérielles pour l'existence du judaïsme en tant que nation indépendante ne peuvent être créées que par la révolution prolétarienne. Il n'y a pas place sur notre planète pour l'idée que l'un aurait plus de droit que l'autre à un pays. »
Lors d’un entretien avec l’Agence Télégraphique Juive en 1937 il dira :
« Mais les faits quotidiens démontrent que le sionisme est incapable de résoudre la question juive. Le conflit entre Juifs et Arabes en Palestine prend un caractère toujours plus tragique et toujours plus menaçant. Je ne crois absolument pas que la question juive puisse être résolue dans le cadre
du capitalisme pourrissant et sous le contrôle de l'impérialisme britannique. Je le répète, la question juive est indissolublement liée à l'émancipation complète de l'humanité. Tout ce qui peut être fait d'autre en ce domaine ne peut constituer qu'un palliatif, voire souvent une lame à double tranchant, ainsi que le démontre l'exemple de la Palestine. »
Les trotskystes britanniques vont d’ailleurs en 1947 refuser de reconnaître la partition de la Palestine et faire campagne contre ce qu’ils considèrent comme « un plan criminel et une trahison du peuple palestinien ».
Au-delà des oublis, des commémorations officielles et des récupérations sionistes, nous nous inspirons de l’action antifasciste d’une extraordinaire audace des jeunes juifs de Varsovie. Nous essayons aussi d’en tirer des enseignements pour la lutte d’aujourd’hui contre la barbarie capitaliste. A nous maintenant de mettre fin à un régime économique et politique qui est encore fécond de monstres racistes et fascistes.
Dans l'enfer du ghetto en lutte, ces jeunes gens se sont accrochés aussi à leur rêve de socialisme. Marek Edelman, se souvient de la façon dont ils ont célébré le 1er mai dans les décombres du ghetto :
« Nous savions que le monde entier célébrait le 1er mai ce jour-là et que des paroles fortes et significatives étaient prononcées partout. Mais jamais auparavant l'Internationale n'avait été chantée dans des circonstances aussi différentes, aussi tragiques, dans un endroit où un peuple entier avait péri et continuait de périr. Les paroles et la chanson ont résonné dans les ruines calcinées et ont montré à ce moment-là que la jeunesse socialiste se battait [encore] dans le ghetto et que, même face à la mort, elle n'abandonnait pas ses idéaux ».
Leur lutte est un exemple incroyablement puissant de la façon dont, dans les pires conditions de désespoir, ils ont refusé - selon les mots du poète partisan Hirsh Glik - de « ne jamais dire que c’est [leur] dernier chemin » (2).
1) Le groupe trotskyste dans le ghetto sera pratiquement liquidé suite à la Grossaktion en été 1942. Il éditait deux revues clandestines, le “Czerwony Sztandar” (Le Drapeau Rouge) et la “Przegląd Marksistowski” (Revue Marxiste).
2) Chant des Partisans écrit suite au soulèvement du ghetto.