Le sport le plus populaire au monde a été corrompu par l’argent et la recherche de profits. Il nous faut jeter le capitalisme hors des terrains de foot.

Alors que la coupe du monde 2018 a lieu en Russie, les délégués de la FIFA se sont réunis et ont convenu de la tenue d’une coupe du monde gonflée à 48 équipes, qui aura lieu en 2026 au Canada, aux Etats-Unis et à Mexico. Ce ne sera pas seulement la plus grande coupe du monde jamais organisée, mais également la première à être partagée entre trois pays.

La motivation derrière cette décision est évidente : l’argent, beaucoup d’argent. Cet événement devrait générer plus de 14 milliards de dollars américains, avec un profit net de 11 milliards pour la FIFA (1). Il n’y a donc rien de surprenant dans les derniers choix de la FIFA.

Il fut un temps où la FIFA était un groupe d’amateurs dirigé par des gens de la classe supérieure en costumes, qui pensaient que tout était une question de sport avec une pointe d’autopromotion. L’arrivée en 1974 de truands comme João Havelange et Sepp Blatter a tout changé : le potentiel financier du football a été utilisé pour systématiquement faire entrer les grandes entreprises.

La détestable commercialisation du football était bientôt en marche, avec des accords de diffusion TV toujours plus monstrueux, des sponsors avec des entreprises internationales, et ainsi de suite. Faire partie de la FIFA a commencé à devenir très rentable.

Havelange et Blatter se sont rendu compte qu’il était possible de sucer les grandes organisations du football, tout en créant des liens avec des organisations de pays plus petits, qui, en échange d’un peu de « considération », voteraient toujours dans le bon sens.

Au fil des années, les votes sur le lieu d’organisation des tournois sont devenus l’aspect le plus controversé des opérations effectuées par la FIFA. Presque à chaque fois depuis deux décennies, des doutes ont été émis quant à la sélection des propositions gagnantes.

La décision d’attribuer l’organisation de la coupe du monde 2022 au Qatar a été particulièrement questionnée, notamment suite aux preuves flagrantes de corruption et d’autres pratiques douteuses. De manière ironique, l’attribution de cette organisation à un pays arabe est un acte fort et attendu depuis longtemps. Mais comme toujours avec la FIFA, c’est l’argent qui parle, et le Qatar en a beaucoup.

La FIFA elle-même a voulu prétendre que tous ses problèmes étaient résolus. Une telle approche fait partie du quotidien des dirigeants de la FIFA. Quand le problème du racisme a été soulevé, ils ont annoncé qu’une commission serait mise en place ; en temps voulu, cette commission a estimé que le problème était résolu. Fin de l’histoire. Un footballeur anglais a cependant déclaré ne pas vouloir que sa famille assiste à une compétition pour le voir jouer, par crainte du racisme présent dans les tribunes et à l’extérieur du stade.

La FIFA n’a certainement pas envie de se voir rappeler les condamnations massives prononcées en 2015 contre ses dirigeants par des procureurs fédéraux états-uniens. Aussi bien Havelange (qui, fait bien pratique, est mort en 2016) que Blatter sont nommés pour leur implication dans des malversations. Blatter et d’autres ont dû quitter leurs fonctions. L’enquête des Etats-Unis se poursuit, mais pour la FIFA, les affaires continuent.

On peut le voir dans sa dernière décision concernant la compétition de 2026. Avoir une dernière phase à 48 équipes permet de résoudre le problème de la stratégie financière à la dérive, conséquence de la non qualification de certains pays. L’absence de pays comme les Pays-Bas et l’Italie lors de la coupe du monde de cette année en Russie n’embête pas autant la FIFA que celle des Etats-Unis. La coupe du monde est destinée à créer de nouveaux marchés, et les Etats-Unis (ainsi que la Chine) sont plus importants à cet égard. Situer la coupe du monde 2026 dans une « espace de marchés » entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada résout de nombreux problèmes : les intérêts des grandes entreprises seront garantis et célébrés pour quelques semaines.

A ce niveau, le foot n’est plus un jeu mais une méga-industrie commerciale. Rien qu’à eux, des produits comme Messi et Neymar génèrent des millions de dollars. Le potentiel pour de futurs profits demeure élevé.

Les seuls absents sont les supporteurs, qui restent la source principale de toute cette richesse. Le football est censé être un sport populaire. Mais à chaque niveau, les supporteurs sont repoussés, avec pour seule option de se voir pomper leur argent en retour de leur prestation de figurants dans le grand spectacle télévisuel qu’est la coupe du monde.

Les supporteurs sont trop conscients de la domination de l’argent sur le jeu, appuyée par la fosse nauséabonde qu’est la FIFA et tous les sbires qui siègent à son sommet. Il nous faut reprendre la balle.

1) http://newsfeed.united2026.com/2018/05/08/united-bid-could-generate-14-billion-in-revenue-11-billion-in-profit-for-fifa-and-its-members/

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