Rarement une période pré-electorale a été aussi agitée socialement. Le contexte d’un gouvernement minoritaire, et en affaires courantes, n’est généralement pas propice à une intense activité de protestation.

 

Or cette fois-ci, à l’initiative des lycéens et des étudiants, une vingtaine de manifestations et de grèves pour le climat ont déferlé sur le pays. A cela s’est ajouté, le 13 février, une grève générale très suivie dans les entreprises sur la question du pouvoir d’achat. Les enseignants flamands ont également arrêté le travail pendant une journée pour plus d’investissements dans l’école. A Bruxelles, le personnel des communes et CPAS continue sa lutte obstinée contre les bas salaires ; en Wallonie, les actions se sont succédées contre la marchandisation des services. Le mouvement des Gilets Jaunes en Belgique, et particulièrement en Wallonie, persiste dans ses actions. Personne ne peut plus en douter : le mécontentement est très grand parmi la population. Ce gouvernement qui a fait tant de dégâts en cinq ans, n’est pas seulement minoritaire au parlement mais aussi dans l’opinion publique, comme en attestent plusieurs sondages. La droite ne réussit plus comme avant à contrôler l’agenda politique : ce sont les différents mouvements sociaux, et en particulier les actions des jeunes, qui donnent le ton politique. Le désir de changement est très profond dans le pays. Cela a un effet sur les partis politiques : après quelques hésitations, et en traînant les pieds, le PS et le sp.a ont adopté un programme plus à gauche. C’est le résultat à la fois d’une radicalisation dans le mouvement ouvrier ainsi de que de la progression, confirmée, du PTB au sein de la population.

Le retour des socialistes au gouvernement ?

Les deux partis socialistes reprennent des revendications syndicales comme l’âge de la pension à 65 ans, une retraite de 1500 euros, un salaire minimum de 14 euros/heure, la semaine de 32 heures etc. Mais ces partis souffrent d’un cruel manque de légitimité suite à leur participation ininterrompue pendant plus de 20 ans à une politique très antisociale. En Flandre, leur préférence pour des coalitions locales avec la N-VA, ou en Wallonie et Bruxelles avec les libéraux, réduit leur crédibilité à gauche. Une chose est d’avoir un programme de gauche, une autre est de le réaliser. Le PS et le sp.a s’imaginent pouvoir y arriver en négociant habilement avec les partis de droite, par le système du « donnant-donnant » ; la tentation est grande pour les dirigeants des partis socialistes d’entrer au gouvernement fédéral. Au sein du mouvement syndical, une partie des militants, mais surtout les dirigeants, voient d’un très bon œil un retour des socialistes dans certains ministères. Grande illusion !

Nouvelle récession en vue

Elle est terminée cette période des Trente Glorieuses, où le capitalisme pouvait se couvrir d’un masque « social ». La crise mondiale de 2008 – la plus grave depuis les années 30 – a réduit en cendres ces illusions. En outre, la « reprise » qui a suivi la crise est la plus faible de toute l’histoire du capitalisme. Pire encore : les économistes bourgeois les plus sérieux préviennent qu’une nouvelle récession mondiale est à l’ordre du jour. En effet, au cours des dix dernières années, les bourgeoisies n’ont réglé aucun des problèmes structurels du capitalisme mondial. Elles ont simplement regonflé les énormes bulles spéculatives qui avaient éclaté en 2008. Depuis, la dette mondiale (publique et privée) est passée de 208 % à 230 % du PIB mondial. C’est insoutenable.

Les uns après les autres, les indicateurs passent au rouge. Le commerce mondial vit sous la menace permanente des tensions protectionnistes qui se développent entre les Etats-Unis, la Chine et l’Europe. Cette dernière redoute en outre les effets du Brexit, dont personne ne peut prédire les conséquences. Les économies chinoise, allemande et canadienne ralentissent nettement ; l’Italie a replongé dans la récession ; en Belgique, les prévisions de croissance sont revues à la baisse pour cette année et la prochaine.

Pour la masse des jeunes et des travailleurs, ce que tout cela signifie est parfaitement clair : d’une part, ils ne profitent pas et ne profiteront jamais de la reprise économique, d’autant que les politiques d’austérité se poursuivent et s’aggravent ; d’autre part, le pire est à venir. Une récession mondiale se traduira par une nouvelle flambée du chômage, par une avalanche de fermetures d’entreprises – et, de manière générale, par un développement brutal de toutes les formes de misère. Dans un tel contexte, le retour du PS « aux affaires » ne changera rien. Le PS sera alors complice, comme dans le passé, d’une politique faite d’attaques contre le mouvement ouvrier.

C’est à cela que les jeunes et les travailleurs doivent se préparer. Dans les urnes et dans la rue.

Votez PTB

Le PTB a le vent en poupe. Le parti de Raoul Hedebouw va connaître sa troisième percée électorale après celles de 2014 et2018. Son programme politique est clairement de gauche (et plus à gauche que celui du PS et du sp.a) et exprime le désir de changement radical qui existe dans la société. Nous appelons donc à voter pour le PTB.

Mais ce n’est pas suffisant : une faiblesse notoire du programme du PTB est qu’il n’explique pas qu’il faut rompre avec le capitalisme, ni ne dit comment cela sera possible. Car la mise en œuvre de réformes sociales, écologiques et politiques audacieuses, aujourd’hui, nécessite en réalité une véritable révolution socialiste.

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