Raoul Hedebouw (PTB), Philippe Lamberts (Ecolo) et Paul Magnette (PS) étaient tous les trois invités, ce mardi 24 mai, par la revue Politique. Au cours de cette soirée autour du thème 'tempête sur la gauche', les trois intervenants ont abordé pendant près de trois heures différents sujets allant 'des rapports de force' à la question du pouvoir, en passant par le féminisme, la Grèce, la démocratie et la fin du capitalisme...
Le but de la soirée n'était pas de s'attaquer personnellement, mais d'essayer de construire des convergences entre les différents partis de gauche. Les trois intervenants ont assez bien compris le message, même si, comme on pouvait s'y attendre, les divergences ont parfois repris le dessus.
Rapport de force
Hedebouw et Lamberts se sont accordés sur la nécessité de reconstruire un rapport de force sur le terrain pour changer la donne au sein des différents parlements. Hedebouw a mis en avant les combats remportés par les travailleurs en 1936, alors que le parlement de l'époque était très hostile au mouvement ouvrier : grâce à une lutte acharnée, les huit heures ont pu être instaurées en Belgique. Magnette, tout en donnant raison aux deux autres, a insisté sur le fait que les politiciens ont continué de jouer un rôle très important et qu'il fallait parfois leur faire confiance.
Grèce
La capitulation de Syriza a été interprétée différemment par Hedebouw et Magnette. Pour Hedebouw, Syriza aurait dû aller au forcing avec la Troïka sans capituler ; il n'a malheureusement pas remis en cause le caractère réformiste du parti de Tsipras. Magnette a salué le courage de Tsipras et ne voit pas la capitulation comme une trahison : selon lui, il était important que Syriza prenne ses responsabilités et essaye d'infléchir le cours des événements de l'intérieur. En étant au gouvernement, Syriza a une chance de changer les choses… En politique, ceci à un nom : « le réformisme ».
Fin du capitalisme
Selon moi, ce fut la question la plus intéressante de la soirée. Hedebouw, comme on pouvait s'y attendre, veut mettre un terme au système capitaliste. Pour l'après capitalisme, il parle de Socialisme 2.0. ce qui, à mon avis, est une façon de faire comprendre aux gens que le PTB n'a rien à voir avec le stalinisme. Au lieu de parler du Socialisme 2.0, je pense sincèrement que le PTB devrait faire une analyse scientifique de ce qui s'est réellement passé en Union Soviétique : c'est seulement en comprenant comment le stalinisme a pu surgir qu'il sera possible de ne pas commettre les mêmes erreurs à l’avenir. Un peu de Trotsky ferait du bien au PTB pour chasser ses vieux démons. Lamberts, qui m'avait surpris tout au long de la soirée avec son discours très à gauche, m'a un peu déçu à la fin. Il veut la fin du capitalisme, mais ne souhaite pas aller vers une société socialiste, qu'il associe à 'une société tout à l'état' ; selon lui, il est nécessaire d'évoluer vers une société post-capitaliste. La palme du jour revient tout de même à notre ami Magnette. S’il est primordial de sortir du capitalisme et de travailler tous les jours à la transition vers le socialisme, ce dernier reste pour Magnette un objectif à (très) long terme : il nous faudra encore attendre, selon ses estimations, deux à trois siècles... Courage à tout le monde !
J'aimerais conclure en disant que, pour l'instant, le PTB est le parti belge qui se bat le plus pour les travailleurs/travailleuses de ce pays, pas seulement au sein des parlements, mais aussi dans la rue. Même s’il est de notre devoir d'être critique, il faut aussi reconnaître le mérite de ce parti.
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