Voici l'éditorial du numéro de 4 de Révolution.
Ces derniers mois, les médias annoncent, à nouveau, que la crise économique s’atténue et que le pire est derrière nous. Le discours du gouvernement va dans le même sens. Mais la réalité reste très têtue et chaque fois qu’un indicateur économique permet l'optimisme, un regard plus en profondeur de la situation nous remet à notre place.
La Banque Nationale de Belgique (BNB) nous montre que 20 % des Belges possède plus de 60 % de la richesse (et les 20 % les plus pauvres se répartissent 0,2 % de cette richesse!). Ces différences ne peuvent pas contribuer à la reprise économique. L'écrasante majorité de la population a de moins en moins de pouvoir d'achat et les prix continuent à grimper (en 10 ans, le chauffage a augmenté de 133 %, le pétrole de 31 %, le diesel de 62 %, etc. ). Il va de soi que les salaires n'ont pas connu la même évolution. Les travailleurs, les chômeurs, les pensionnés sont de plus en plus pauvres et cela empêche la croissance. Dans la lutte sans merci pour la compétitivité capitaliste, des entreprises en Belgique ne peuvent pas, comme avant l’existence de l’euro, compter sur une dévaluation de la monnaie commune. Leur choix, comme d’ailleurs celui des autres pays et celui de la réduction des salaires!
Nombreuses sont les formations de gauche et syndicales pour qui la crise est essentiellement le résultat d’un choix 'idéologique' et de la mauvaise foi des banquiers. On ne remet pas en question la mauvaise foi des banquiers, mais l’explication idéologique laisse penser qu’un capitalisme sans austérité est possible. Cette supposition est très importante, car elle ne remet pas en question le système économique même, et par conséquent elle est condamnée à l'échec.
Alors, dans une situation où la crise est la réalité pour des millions des travailleurs en Belgique quelles sont les alternatives au système ?
Les débats « stratégiques » – ou tactiques, en l’occurrence – ne doivent pas occulter le problème central qui est posé à gauche, à savoir l’élaboration et la popularisation d’un programme à la hauteur de la catastrophe économique et sociale actuelle, ça veut dire la pire crise économique depuis 1929 !
Alors que le capitalisme en crise n’ouvre pas d’autre perspective à la jeunesse et aux travailleurs que des années de régression sociale (20 ans, selon le Financial Times, mais The Economist, plus généreux, estime la durée à 10 ans), le « message et la crédibilité » des partis à gauche du PS et du SP.a se jouent d’abord sur le terrain du programme et des idées. En Belgique, cela fait plus de 30 ans qu'il n'y a plus d'élus communistes ou à gauche du PS et du SP.a au parlement et qui parlent de rupture avec le système ou de socialisme. Selon les sondages, les élections de 2014 pourraient changer cela. Le PTB à de bonnes chances de rafler un ou plusieurs sièges. On s’en réjouit et nous ferons tout notre possible pour que cela soit une réalité. Surtout il faut se demander quel est le programme que doit défendre cette gauche.
Nous avons besoin d’un programme qui s’attaque à la propriété capitaliste des banques et des grandes entreprises, par la nationalisation sous le contrôle des travailleurs de celles-ci, un programme qui vise à remplacer le chaos du capitalisme par une planification socialiste et démocratique de la production. On ne peut pas être satisfait à dire qu'on est le plus à gauche et avoir un programme qui est une copie pâle des programmes du PS des années 70! Revendiquer par exemple, la réduction de la TVA sur l’énergie à 6 % c’est bien, mais expliquer pourquoi il faut un secteur énergétique public sous le contrôle du personnel et des consommateurs c’est mieux. C’est aujourd’hui et ici que ce programme doit être popularisé. Le moment est plus que propice.