L'actuelle crise du capitalisme représente un changement fondamental dans l’économie européenne. Aujourd'hui, le capitalisme signifie la régression sociale permanente.
 
Aucun ordre social ne peut continuer sur cette pente sans préparer les bases d’une révolution. Les événements en Grèce et maintenant en Espagne et au Portugal, confirment cette analyse. Ils démontrent que la crise économique en Europe commence à se transformer en une crise de régime. Une crise de régime se caractérise par une perte aigüe de la légitimité des institutions d’états, une efficacité grandement amoindrie de leur fonctionnement, par ‘l’incendie à tous les étages’ de l’édifice politique de l’ordre établi. La lutte sociale en Belgique n’est pas encore à ce stade-là essentiellement à cause de sa relative dépendance des économies centrales du continent (l'Allemagne).  Mais ce n’est qu’une question de temps et du rythme pour que cela change. Les chiffres (les 40 faillites par jour au depuis septembre, les plus de 200.000 familles que n’arrivent plus à payer ses dettes ou les 16.000 emplois détruits depuis janvier) montrent une claire tendance.

Cette crise de régime peut exploser de n’importe quelle manière. Quand des centaines de milliers d’Espagnols sont descendus dans la rue pour accueillir les mineurs marchant sur la capitale à partir des régions minières, le 10 juillet dernier, l’ampleur et l’élan de cette mobilisation ont transformé la psychologie de l’ensemble de la classe ouvrière. L’exemple des mineurs et leur détermination à faire reculer le gouvernement ont fait tache d’huile. C’est comme si les travailleurs des différents secteurs de l’économie et des services publics s’envoyaient des signaux. Le 19 juillet, 800 000 manifestants ont défilé à Madrid et au moins 400 000 à Barcelone. Le mouvement des 'indignados' n’était qu’une anticipation de ce qui se passe désormais à une échelle beaucoup plus grande! Ce processus n'est pas spécialement espagnol, on peut identifier les mêmes tendances en Grèce au Portugal et dans un stade embryonnaire en France, en Angleterre...

La situation des dernières semaines en Espagne ou Portugal, ou pendant toute l’année 2011 jusqu'aux élections de juin 2012 en Grèce montrent le futur qui nous attend. Ce ne pas un espoir fou, mais la conclusion de l'analyse de la situation économique belge et européenne et aussi de l'attitude de la bourgeoisie. Ce n'est pas par hasard que le patronat flamand (VOKA) dénonce le marxisme d'Elio di Rupo (on vous rassure, il n'est pas marxiste, nous oui!). En disant cela, ils mettent la pression sur un gouvernement qui est route pour un clash contre le mouvement ouvrier organisé causant tôt ou tard des fissures et des fractures au sein du PS. La contradiction entre la volonté d’être les  managers de la crise et vouloir contrôler le mouvement ouvrier a sa propre dynamique. Les patrons flamands comprennent qu’une concession au mouvement ouvrier serait une concession de trop! Il faut que les forces du marxisme (du vrai) s'organisent!

Souvent, il est vrai, des périodes de grandes luttes cèdent la place à un calme apparent. Il en a été ainsi en Espagne et en Grèce. En Belgique, un phénomène similaire s’est produit dans la foulée de la lutte  et la grève générale contre les mesures d’austérité en décembre et janvier de cette année. De telles pauses sont inévitables. On ne peut pas maintenir les travailleurs dans un état d’ébullition permanente quand leurs adversaires refusent de céder. Il est possible que la mobilisation du 14 novembre ou la lutte contre la fermeture à Genk soient les premiers pas d'une nouvelle phase de lutte sociale.

Clairement, l’acharnement des capitalistes et ses représentants au gouvernement est tel que des manifestations –aussi massives et impressionnantes soient-elles– et même des grèves de plus ou moins longue durée ne peuvent pas aboutir à des résultats tangibles.  Même dans le cas où les capitalistes et les gouvernements consentent à quelques concessions, ce n’est jamais que pour revenir à l’offensive plus tard.

La lutte est une école dure, mais les travailleurs y apprennent énormément. Leurs idées se radicalisent. On l’a voit avec la lutte contre la privatisation de la SNCB, on voit des centaines de délégués et travailleurs qui se souviennent des luttes passées. En se heurtant à l’attitude implacable des capitalistes, et en se heurtant aussi, aux limites de leurs propres idées, organisations et méthodes de lutte, les travailleurs passeront de la lutte contre les conséquences du système à la lutte contre le système lui-même. Le socialisme est une nécessité incontournable pour en finir avec la régression sociale.

Cette grande perspective implique de grandes responsabilités. Tout en nous engageant à fond dans les luttes en cours, nous ne devons pas oublier la nécessité de mettre les programmes de nos propres organisations en conformité avec les tâches révolutionnaires qui sont devant nous.

Notre revue

 
 

 Révolution 50 1 page 001

Facebook