En Belgique, les étés sont plus longs et avec plus de canicules. Entre 1952 et 2011, l'été s'est allongé de 17 jours dans le monde[1]. La mortalité en été des personnes âgées a augmenté de près de 10% en 5 ans en Belgique[2]. La vague de chaleur de cet été a tué près de 3 fois plus de personnes en Europe que les précédentes[3]. 2024 était déjà l'année la plus chaude jamais enregistrée en Europe[4], 2025 va l'être sans doute, et ainsi de suite, les records se battent les uns après les autres. Et si l'été est plus sec, l'hiver voit plus de pluies causant une augmentation de la fréquence et de l'intensité des inondations, comme celle de 2021, qui avait causé 39 morts et 2,57 milliards d'euros de pertes[5].

Climat de réchauffement

Dans un climat de réchauffement, les records de températures sont de plus en plus fréquents. Jamais dans l'histoire de l'humanité de telles valeurs n'avaient été enregistrées en ces lieux. Nous sommes très loin du climat stable d'autrefois, où de tels records étaient rares. Mais le réchauffement du climat ne signifie pas uniquement plus de chaleur, il signifie plus d'énergie dans l'atmosphère et donc plus de variabilité. C'est pour cela qu'il y a également des records de catastrophes naturelles. On peut voir l'évolution des records de températures en Europe sur le graphique ci-dessous.


Source : Wergen, G., Hense, A., & Krug, J. (2013). Record occurrence and record values in daily and monthly temperatures. Climate Dynamics 

Avenir climatique de la Belgique

Au vu de l'évolution actuelle du capitalisme et de l'impossibilité d'une transition écologique[6] il est quasi certain que les canicules, les inondations, etc. ne fasse que se multiplier en nombre et en intensité dans les années et décennies à venir. Il faut s'attendre à beaucoup plus d'inondations, de vagues de chaleur, de surmortalité et de coûts économiques.

Face à ce constat, que fait le gouvernement belge ? En début d'année, alors qu'il annonçait un plan d'austérité à 23 milliards, le gouvernement a décidé de maintenir les subventions publiques de 14 milliards pour les combustions fossiles[7]. Et de fait, jamais un gouvernement belge n'a baissé ces subventions depuis des décennies, la tendance est même à la hausse.

Adaptation à la crise

Le projet du gouvernement, et plus généralement de tous les pays, n'est clairement plus d'empêcher le réchauffement climatique, mais de vivre avec. Le Ministre fédéral du Climat, Jean‑Luc Crucke parle d'« adapter les process » par l'« innovation », ce qui signifie au mieux une petite réduction relative des émissions[8] . Et même s'il prétend cela, aucune subvention du gouvernement belge pour cette prétendue adaptation ne semble pointer le bout de son nez. Tout au mieux, il projette de s'engager à investir 500 millions d'euros dans le cadre du Fonds social pour le climat (FSC) européen, et réparti sur toute la période 2026-2032[9]. On est très loin des 14 et 23 milliards pour le fossile et l'austérité.

Le gouvernement avance dans cette voie car, en fait, il se moque de l'écologie et de sauver l'environnement si cela n'est pas rentable. Ce qui compte c'est que les patrons belges puissent faire beaucoup de bénéfices sur le dos du social, du climat et des travailleurs. Dans un monde capitaliste, vivre avec le dérèglement climatique signifie laisser les pauvres payer et mourir pour les crises.

Les travailleurs payent tout

Certaines parties d'Europe du sud se tropicalisent de plus en plus. En 2024[10], 12 nuits tropicales ont eu lieu en Europe et la Sicile est forcée de changer certaines productions agricoles. Le coût des dégâts du dérèglement climatique entre 2021 et 2023 sont estimés à 162 milliards d'euros selon l'Agence européenne de l'environnement. Et ce coût a été payé à plus de 80% par l'argent des travailleurs[11].

Les grands groupes multinationaux, en particulier des pays impérialistes occidentaux, sont les principaux pollueurs, sous la protection des États nationaux et du capital financier. Leur résilience aux crises climatiques vient de l’infrastructure (capacités industrielles, de logistique, de stockage d’énergie, etc) qu’ils ont construit en exploitant les travailleurs locaux et à l'étranger. Ces classes populaires ne sont pas responsables historiquement des émissions, mais elles subissent directement les conséquences du dérèglement. Elles devront payer une deuxième fois leur exploitation. Dans le monde de la lutte économique permanente, c'est chacun pour soi, chaque pays ou bloc allié devra gérer les conséquences de la crise climatique selon ses infrastructures et sa résilience. Ceux qui en ont le moins sont les pays pillés par l'impérialisme. 

La hausse des budgets militaires de tous les pays implique également une hausse de la pollution à long terme. Par exemple, l’empreinte carbone de la guerre en Ukraine est estimée à 230 millions de tonnes d’équivalent CO2 depuis le début du conflit, selon une étude publiée en février 2025[12]. 

Un problème structurel

Dans les pays avancés, la crise climatique est déjà une arme réactionnaire dans les mains capitalistes, ils tentent par tous les moyens de mettre la responsabilité de leur méfaits sur les épaules individuelles de chaque travailleur. Permettant ainsi de justifier d'augmenter encore l'exploitation. Les sources de bénéfices viennent aussi par la création de nouveaux marchés (marchés du carbone, assurances climatiques, services de « résilience » vendus par des multinationales, etc).

Les ressources naturelles devraient être gérées collectivement, selon des critères écologiques et sociaux, non pour le profit. Les mécanismes de marché (comme les crédits carbone) monétarisent la pollution et l'augmentent au final au lieu de la réduire réellement.

Créant la crise climatique par l'exploitation des humains et de la nature, les pollueurs vont l'utiliser pour justifier et faire encore plus d'exploitation. C'est le cercle vicieux d'une chute en avant permanente, immanente au capitalisme. Tant que l'exploitation capitaliste restera le principe organisateur, une politique écologique est impossible et le climat continuera de se dérégler causant de plus en plus de morts et de dégâts. Il ne s’agit pas d’un problème d’intention ou de morale, mais de structure économique. La concurrence et le profit sont la base fondamentale du capitalisme et s'impose à ses acteurs, qu'il faudrait délester de ce poids par l’avènement d'une société socialiste aux mains des travailleurs et respectueuse de l’environnement.

 


  1. Wang, J., Guan, Y., Wu, L., Guan, X., Cai, W., Huang, J., Dong, W., & Zhang, B. (2021). Changing Lengths of the Four Seasons by Global Warming. Geophysical Research Letters
  2. Le nombre de décès en 2024 similaire au nombre moyen de décès en 2021-2023. Statbel.
  3. Limb, L. (2025). Le changement climatique a triplé le nombre de victimes de la dernière vague de chaleur en Europe, selon la première étude rapide jamais réalisée. Euronews.
  4. Direction générale de la communication. 2024, année la plus chaude jamais enregistrée en Europe selon le rapport sur l’état du climat en Europe. (2025). Commission Européenne. 
  5. Contribuer aux projets Wikimedia. (2025).Inondations de juillet 2021 en Belgique. Wikipedia. 
  6. Johan. (2025). Une véritable transition écologique nécessite une révolution socialiste. Révolution. 
  7. World Wide Fund for Nature. (2025). Accord de gouvernement fédéral : pratiquement aucune ambition pour la nature et le climat. WWF-Belgique. 
  8. Liévin. (2025). Jean-Luc Crucke, ministre du climat, est notre invité de ce dimanche : « Je suis bien conscient que le gouvernement prend un certain nombre de mesures difficiles. . . » . Sudinfo. 
  9. Service Changements climatique. Plan social climat belge. Climat. 
  10. Valentina, J. &. (2024). Climat : l'Italie est en train de devenir une région tropicale. National Geographic.
  11. Economic losses from weather- and climate-related extremes in Europe. (2024). European Environment Agency. 
  12. Franceinfo. (2025). Guerre en Ukraine : le conflit franchit le cap des 200 millions de tonnes équivalent CO2 émises depuis trois ans, selon des experts du climat. Franceinfo.

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