Voici l'éditorial de la nouvelle édition de Révolution vendue le Premier Mai.
A en croire les médias, presque tout le monde appartient à la classe moyenne. En dehors de cela, il n'y a que les indigents et les riches capitalistes. Il s'agit d'une approche très peu scientifique de la sociologie qui a pour intention très claire de nous convaincre « que nous sommes tous dans le même bateau » et « qu'il n'y a pas d'alternative » aux politiques actuelles. En particulier, le terme de travailleurs et certainement de classe ouvrière n'est pratiquement plus utilisé et fait référence à un passé lointain et disparu. Il est temps de le rétablir.
Marx à propos des classes sociales
Dans le Manifeste communiste, Marx précise immédiatement ce point : « L'histoire de toute société jusqu'à présent est l'histoire de la lutte des classes. » Mais qu'est-ce qu'une classe sociale ? L'explication de Marx se refuse à tout sentimentalisme. Les classes sociales sont déterminées par la place qu'occupent les différentes sections de la population dans la production. Dans la société capitaliste actuelle, les deux principales classes sont les capitalistes et la classe travailleuse. La classe capitaliste est propriétaire des moyens de production : les entreprises, les machines et la technologie, les grandes banques, etc. La classe ouvrière doit vendre sa force de travail aux entreprises capitalistes afin de gagner sa vie. La classe ouvrière est donc synonyme de salariés, de tous les salariés.
Dans ses théories économiques, Marx explique très clairement comment il existe un lien direct entre les salaires des travailleurs et les profits des capitalistes. Pour chaque augmentation de salaire obtenue par les travailleurs, les profits des entreprises capitalistes diminuent d'autant. En sens inverse, il en va de même si les capitalistes réussissent (comme ils le font si souvent en période de crise) à faire baisser les salaires. Il en va de même pour la quasi-totalité des acquis du mouvement ouvrier (la sécurité sociale, les retraites, etc.), que les capitalistes considèrent comme du gaspillage et nécessitant des coupes. Tout ce qui rend nos vies supportables est en danger dans un capitalisme en crise. C'est pourquoi les intérêts des classes capitaliste et ouvrière sont fondamentalement opposés. Les exemples sont nombreux, mais un exemple est très frappant.
La guerre en Ukraine
L'invasion de l'Ukraine par la Russie est un test, auquel les dirigeants actuels du mouvement syndical ont échoué lamentablement. La première chose que le mouvement ouvrier devrait faire est d'expliquer que la guerre est indissolublement liée au capitalisme. Depuis plus de cent ans, le capitalisme a atteint le stade de l'impérialisme, dans lequel les grands et moins grands pays cherchent à étendre leurs marchés aux dépens des autres. La guerre n'est qu'un des moyens ultimes pour atteindre ces objectifs. La guerre ukrainienne a été immédiatement utilisée par l'impérialisme occidental pour atteindre ses propres objectifs militaristes. L'Allemagne, par exemple, a décidé d'augmenter ses dépenses de défense de pas moins de 250 % (pour un montant de 100 milliards d'euros).
Bien sûr, tout le monde est indigné par cette invasion russe d'un pays voisin. Le régime de Poutine est une dictature immonde, mais c'est surtout une dictature capitaliste, aux mains liées par les oligarques. Cela ne signifie pas pour autant que nous devions nous associer à la manière dégoûtante dont le président américain Biden agite les tambours de guerre. En outre, l'impérialisme américain a encore un compte à régler avec les Russes, après leur défaite ignominieuse dans la guerre de Syrie, cette autre abomination. Et bien sûr, ils ne tarissent pas d'éloges au sujet des « héros » ukrainiens qui font le sale boulot pour eux.
En fait, la seule force qui pourrait effectivement arrêter ce massacre est le mouvement des travailleurs russes, en se débarrassant de Poutine et en revenant aux idéaux internationalistes de la révolution russe de 1917. Ce n'est pas évident, mais ce ne l'était pas non plus en 1917, lorsque le régime tsariste séculaire a été renversé et que la paix a été instaurée après trois ans d'une terrible guerre (mondiale), un an avant le reste de l'Europe.
Soutenir l'impérialisme américain et européen dans cette guerre signifie en pratique trahir les intérêts de la classe ouvrière internationale. L'impérialisme occidental ne peut donner de leçons de morale à personne : rappelez-vous l'Irak, l'Afghanistan, la Libye et bien d'autres horribles « interventions militaires ».
Fierté de classe
Le capitalisme trébuche d'une crise à l'autre : crise économique, crise sanitaire, crise environnementale, crise guerrière..... Il est temps de mettre à nouveau en avant un programme indépendant de la classe ouvrière. Nous sommes fiers d'appartenir à la classe ouvrière. Maintenant que les manifestations du 1er mai peuvent enfin avoir lieu à nouveau, nous disons haut et fort : vive la classe ouvrière, vive la fête de lutte de notre classe !