Avec le retour de Mme Glatigny l'été dernier, vient le retour du décret paysage en 2025. C'est un décret vicieux qui en substance, vise l'équilibrage du budget de l'enseignement supérieur par le refus de financer les étudiants les plus précaires.

Le budget de l'enseignement supérieur a baissé de 19% par étudiants en 15 ans[1] et les universités ont de plus en plus de mal à fournir un enseignement correct. Un appel[2] a également été lancé par 50 doyens en mars 2024 à l'encontre du décret paysage, demandant un refinancement très substantiel de l’enseignement supérieur et des mesures de lutte contre la précarité étudiante. Cependant, la 'solution' du décret s'impose, par l'augmentation des exigences de finançabilité pour réduire le nombre d'étudiants. Moins d'étudiants, moins besoin de budget.

Quiconque d'un peu raisonnable peut voir la hausse du nombre d'étudiants des dernières décennies comme une bonne chose. En effet, former un grand nombre d'experts est vital pour faire face aux défis climatiques et d'épuisement des ressources. Mais c'est mal connaitre les libéraux du gouvernement, pour qui seul l'austérité et le chaos du marché peut résoudre un problème. Sauf pour l'armée, là, c'est important d'investir de l'argent public supplémentaire, sinon comment défendre ce chaos contre les impérialistes rivaux et les peuples révoltés ? Le gouvernement, en 2025, prévoit une augmentation de 20% de militaires belges déployés à l’étranger avec un maximum de 1.400 militaires[3].

L'hypocrisie ici est manifeste, le gouvernement préfère investir des milliards dans l'armement et laisser l'éducation à l'abandon. Il prévoit de recruter 4 000 personnes pour la Défense en 2025[4] et il propose à des jeunes d'« étudier tous frais payés »[5] s'ils travaillent ensuite pour la Défense. Ce n'est pas une spécificité belge, c'est une pratique courante des pays capitalistes qui veulent avoir un personnel militaire compétent tout en détruisant l'éducation.

Un décret qui vise la précarité

Mme Glatigny nous dit que la réforme n'est « pas de l’élitisme » mais « de la promotion de l’excellence », ou encore qu'elle permet « l'égalité des chances »[6]. Quelle belle élite, celle qui produit une ministre capable de vous regarder droit dans les yeux et de proférer de si énormes mensonges.

Le décret consiste à durcir les exigences de réussite pour obtenir le droit de continuer à étudier, autrement dit, à être "finançable". Un étudiant qui réussit trop peu de cours dans son année sera donc plus rapidement non finançable qu'auparavant.

Mais qui sont les étudiants qui réussissent le moins de cours ? Ceux issus de familles aisées ayant eu une éducation de qualité tout au long de leur vie avec, par exemple des professeurs particuliers, ou ceux issus de milieux défavorisés et qui doivent travailler en même temps que leurs études ?

Les plus proches de la non finançabilité étant les étudiants les plus précaires, le décret vise, au final, directement les étudiants et les étudiantes les plus précaires.

Apprendre n'est pas inné

Apprendre ce n'est pas juste avoir de bonnes notes et réussir des cours, c'est s'améliorer en se basant sur ses erreurs pour les corriger. Une note n'est que la vérification d'une connaissance à un moment donné, pas un historique et un jugement de la qualité d'une personne et de son potentiel.

Les étudiants issus de familles aisées réussissent mieux ? Pas parce qu'ils sont plus intelligents, ils ont simplement eu la possibilité de s'entrainer plus et dans de meilleures conditions. Par conséquent, mettre un critère décisif sur une réussite à des cours ne prenant en compte aucunement les difficultés extérieures et antérieures est absurde. Ce décret tend à chercher des étudiants ayant déjà tous les moyens pour réussir.

La lutte continue

Le gouvernement Arizona estime qu’un étudiant ou une étudiante qui a le malheur de tirer ses études en longueurs pour x raisons est indigne d’aide publique… Qu’il est un paresseux qui « profite » du système. Même si c'est ce système, capitaliste, qui est la cause de la précarité. C’est le serpent qui se mort la queue, s’attaquer aux conséquences au lieu de s’en prendre aux causes n’a jamais rien résolu en soi.

Mais il ne faut pas penser que le gouvernement ne sait pas cela, c'est plutôt qu'il au service des marchés financier avant tout, il va donc continuer à essayer détruire morceaux par morceaux tous les services publics. L'austérité est son mot d'ordre. Il a fallu une radicalité acharnée pour obtenir les acquis sociaux dans le passé et il en faudra d'autant plus à mesure que la situation économique s'aggrave.

 

 

  1. (2024, 8 janvier). Définancement de l’enseignement supérieur : cessons d’incriminer l’enveloppe fermée. La Libre.
  2. (2024, 24 avril). L’appel de 50 doyens de facultés universitaires : « Il faut corriger la révision de la réforme décret Paysage ». Le Soir.
  3. (2024, 17 décembre). L’Europe sera au cœur des opérations militaires belges en 2025. À L’Avant-Garde.
  4. (2025, 6 février). Recrutement à la Défense où plus de 4 000 postes sont disponibles pour 2025. RTL Info.
  5. Vous pouvez étudier gratuitement au sein de la Défense, dans une université ou un collège, dans un milieu civil ou une école militaire. La Défense.
  6. BX1. (2022, 20 octobre) : « La réforme du décret paysage va accentuer la précarité étudiante ». FEF.

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