Tout le système politique et les actions de l'appareil d'État israélien cherchent la destruction des Palestiniens. L'attaque systématique des civils et la dégradation délibérée des conditions de vie sont une stratégie de génocide au « compte-gouttes ». L'objectif est la création d'un « Grand Israël » par l'élimination de tous les Palestiniens et la colonisation des terres. Les Palestiniens sont considérés comme étant des terroristes en puissance et, donc, ils sont tous éliminables, y compris les femmes et les enfants.
Vivre sous le génocide
Les Palestiniens, s'ils ne sont pas tués par des soldats ou des colons israéliens, s'ils évitent de finir, comme des milliers d'autres, dans les camps de prisonniers, où ils subissent viols et tortures, sont soumis à des conditions de survie permanente.
Depuis le début de la guerre en octobre 2023, les morts s'accumulent. Le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies indique que près de 70 % des victimes de la guerre à Gaza sont des enfants et des femmes. L'estimation est difficile car Israel ouvre le feu régulièrement sur le personnel de l’ONU, les observateurs et les acteurs humanitaires. Mais il est certain que les enfants entre 0 et 14 ans sont les victimes les plus représentées.
Attaque et blocage systématique des aides humanitaires
Tous les programmes d'aide humanitaire ont été attaqués par Israël. L'ONU estime que plus de 1 000 travailleurs humanitaires ont été tués depuis le début de la guerre. Sur l’ensemble de l’année 2024, l’ONU et ses partenaires ont planifié plus de 5 300 opérations humanitaires au total dans l’enclave palestinienne, mais seulement 48 % ont pu être mises en œuvre sans encombre. Hind Rajab, une fillette de six ans, a été tuée de 355 balles après avoir appelé les secours. Plus loin, on a retrouvé morts les deux ambulanciers venus pour la sauver, alors qu'ils avaient eu l'autorisation de l'armée israélienne d'intervenir.
Intention de créer une famine
En août 2024, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré qu’il était « justifié et moral » d’affamer l’ensemble de la population de Gaza, même si 2 millions de personnes devaient en mourir. Israël a en effet détruit les installations de subsistance à Gaza. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les trois quarts des champs autrefois cultivés à Gaza ont été détruits. De plus, 96 % du bétail et 99 % des volailles ont péri. Le secteur de la pêche est également au bord de l’effondrement.
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les partenaires humanitaires ont identifié chez les enfants de moins de 5 ans 1 150 cas de malnutrition aiguë, dont 230 cas de malnutrition aiguë sévère. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) estime que 90 % des femmes enceintes ou allaitantes ont connu une pauvreté alimentaire sévère.
Blocage des points d'eau
Depuis le 6 octobre 2024, l’accès aux points d’eau dans le nord et dans l’est de Gaza a été constamment refusé par les autorités israéliennes. Les personnes déplacées ont été forcées de survivre avec des quantités extrêmement limitées d’eau pour la boisson, la cuisine et l’hygiène personnelle. Elles sont généralement contraintes de faire de longs trajets dangereux pour aller chercher de l’eau et sont forcées d’utiliser des sources d’eau dangereuses.
Pénurie d'électricité et de carburant
Les lignes haute tension à Gaza ont été détruites, les générateurs d’électricité à carburant sont donc le seul moyen de faire fonctionner les hôpitaux, les écoles, les boulangeries, les maisons, ainsi que la gestion des eaux usées et des déchets, etc. Régulièrement, ces pénuries mettent en danger la vie des patients et des nouveau-nés lors de l'arrêt des générateurs à sec. Les eaux usées ne sont plus traitées, et les égouts débordent. Les déchets solides ne sont pas traités. Une telle situation aggrave la propagation de nuisibles et de maladies.
Destruction des hôpitaux
Israël attaque systématiquement les hôpitaux palestiniens depuis le début de la guerre. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), près de 80 % des hôpitaux et établissements de santé ont été endommagés et près de 60 % ont été mis hors d'état de fonctionner. Au total, au moins 654 attaques ont été menées contre des établissements de santé, entraînant des centaines de morts et de blessés.
Selon l'ONU, 5 500 femmes accouchent chaque mois à Gaza. Les césariennes sont rarement pratiquées sous anesthésie, et les femmes doivent ensuite se débrouiller pour retirer elles-mêmes les points de suture. Shorouq a mis au monde sa fille pendant la guerre. Après trois mois, elle était tellement dénutrie qu'elle ne pouvait l'allaiter. La seule eau disponible pour le biberon était insalubre et a donné des parasites intestinaux chez sa fille. Désespérée, elle a essayé 13 pharmacies avant de réussir à obtenir les médicaments nécessaires.
Après le début du cessez le feu
Hausses aides humanitaires
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier, il y a une hausse des livraisons humanitaires et une baisse du prix des denrées à Gaza. La livraison de carburant augmente, ce qui est essentiel pour tous les secteurs, en particulier dans le secteur de la santé. Mais cela reste insuffisant, les hôpitaux manquent toujours de fournitures médicales, certains générateurs sont en panne et les pièces de rechange ne sont pas autorisées à entrer à Gaza.
Bloquage des aides humanitaires
Même avec un cessez-le-feu, Israël ne saurait cesser son projet génocidaire. S'il n'attaque plus l'aide humanitaire directement, il continue à essayer de la bloquer par tous les moyens.
L'UNRWA, qui emploie 7 000 personnes à Gaza et qui est actuellement responsable de 60 % de toute l’aide humanitaire apportée dans le territoire palestinien, a été interdite sur le « territoire israélien ». Israël criminalise l'aide humanitaire. « Il ne fait guère de doute dans ce pays que l'UNRWA ne fait pas partie de la solution, mais plutôt du problème », déclare Yuli Edelstein, député israélien et l'un des principaux architectes de l'interdiction.
Les points de contrôle pour acheminer l'aide sont vitaux à l'aide humanitaire. Mais Israël ne va probablement pas interdire d'un coup le passage. Fidèle à sa stratégie du « compte-gouttes », il va probablement opérer graduellement. Déjà, le 30 janvier, les employés de l'UNRWA ont été expulsés de leurs locaux à Jérusalem-Est, un territoire palestinien occupé par Israël.
Le retour chez soi
Au cours des 15 derniers mois, plus de 90 % des logements à Gaza ont été endommagés ou détruits et plus de 90 % des Palestiniens de Gaza ont été déplacés de force, souvent plus de 10 fois.
Cependant, selon l'ONU, plus d’un demi-million de personnes sont revenues dans le nord de Gaza depuis le début du cessez-le-feu. Les Palestiniens survivants quittent les camps de réfugiés pour retourner chez eux. Les familles parcourent jusqu'à 36 heures sous la pluie, traversant les ruines à pied ou sur des charrettes tirées par des ânes pour rejoindre ce qui était autrefois leur maison. Certains voyagent avec des pelles pour déblayer les décombres et pouvoir monter des tentes sur les ruines de leur maison. Beaucoup espèrent retrouver un être cher qui a été tué.
« Il ne s’agit pas d’une seule personne. Il n’y en a pas 100. Il y a probablement des milliers de personnes qui sont dans une situation similaire », précise Tess Ingram, responsable de la communication pour l'UNICEF.
Le voyage et l'installation sont dangereux ; sous les décombres, il y a beaucoup de munitions non explosées. Selon Luke Irving, dirigeant du Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS), il y a déjà plus de 23 victimes depuis le début du cessez-le-feu.
Reconstruire sa maison ?
Les Palestiniens commencent déjà à reconstruire Gaza, mais l'ONU est très pessimiste. Le directeur général du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), Jorge Moreira da Silva, a déclaré qu’environ 30 milliards de dollars seraient nécessaires pour reconstruire Gaza. L’enclave est actuellement ensevelie sous 40 à 50 millions de tonnes de décombres.
Un rapport récent du groupe sectoriel sur la protection estime qu’il faudrait « 500 millions de dollars sur 10 ans pour enlever les explosifs enfouis dans les décombres de Gaza ». Il faut également ajouter à cela quelques dizaines de millions de tonnes de décombres qui contiennent des contaminants dangereux et des restes humains.
Pourtant, après tout ce qu'ils ont subi, même lorsque Trump parle de déportation forcée des palestinens, ces derniers répondent qu'ils ne partiront pas, qu'ils ne répéteront pas la Nakba. Certains citent le poète palestinien Mahmoud Darwich : « Ma patrie n’est pas une valise, et je ne suis pas un voyageur. Je suis l’amant, et la terre est l’aimée. »
Que faire ?
Si le travail de l'aide humanitaire est nécessaire pour la survie des Palestiniens à court terme, il est impuissant à long terme. « Les humanitaires ne sont pas des magiciens », a insisté la porte-parole de l’UNICEF. La lutte armée des Palestiniens est également sans issue, car le rapport de force est trop défavorable.
La seule chose qui peut mettre un terme définitif à la barbarie capitaliste, c'est un renversement des classes dominantes des différents pays impérialistes par les masses. Une fois une dictature arabe renversé par les travailleurs, une guerre révolutionnaire de libération pourrait venir en aide aux Palestiniens. Et pour cela, il n'y a qu'un seul chemin : celui de la lutte des classes, par des manifestations, des blocages, des grèves de dockers, aboutissant à la grève générale.