Au moment d'écrire ces lignes, quatre incendies de forêt font rage, toujours en partie hors de contrôle dans et autour de Los Angeles. Au moins 24 personnes ont péri dans le brasier, et le shérif du comté de Los Angeles s'attend à ce que ce nombre augmente.
Une épaisse fumée enveloppe la majeure partie de la ville, le ciel brille d'une lueur orange. Des milliers d’hectares de terrain sont partis en fumée, tandis que des vents d'une force équivalente à un ouragan, atteignant jusqu'à 160 km/h, continuent d'attiser les flammes. Les scènes apocalyptiques qui inondent les réseaux sociaux rappellent la description par Dante de la ville infernale de Dité de son cantique Enfer.
Près de 180 000 résidents sont sous ordre d'évacuation, et plus de 1,5 million de personnes sont privées d'électricité. Les évacués bloqués dans les embouteillages ont abandonné leurs véhicules et se sont enfuis à pied, coupant des artères de transport essentielles tandis que des milliers d'autres se préparent à évacuer. Les efforts pour contenir les incendies ont échoué lamentablement : l'incendie de Palisades n'est contenu qu'à 13 %, et celui d'Eaton à 27 %.
Le record de l’année la plus chaude
Avec les émissions de gaz à effet de serre atteignant un nouveau record, 2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée. Les températures de surface ont affiché une moyenne de 1,6 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, dépassant pour la première fois la limite de 1,5°C que les politiciens capitalistes avaient promis de ne pas franchir dans l'Accord de Paris sur le climat de 2015. Les années de 2015 à 2024 ont été les dix plus chaudes jamais enregistrées.
Il ne fait aucun doute que la crise climatique est responsable de phénomènes météorologiques de plus en plus intenses et imprévisibles, notamment les vents de Santa Ana exceptionnellement forts qui alimentent le brasier. Il y a onze mois, une rivière atmosphérique a provoqué des inondations et des glissements de terrain dévastateurs dans tout le sud de la Californie. Aujourd'hui, des conditions anormalement sèches prévalent dans la même région.
La crise climatique et la réponse inadéquate et négligente face aux catastrophes qui en découlent partagent la même cause profonde : le système capitaliste décrépit et sénile.
Des millions pour la police, des coupes pour les pompiers
Il n’a pas plu en Californie du Sud depuis huit mois. Cela n’a pas empêché la maire de Los Angeles, Karen Bass, de réduire le budget du service des pompiers de près de 18 millions de dollars. Elle a préféré ajouter 138 millions de dollars au budget déjà énorme du LAPD (la police californienne). Incapables de protéger la population des catastrophes, les politiciens capitalistes se préparent à protéger leur classe des conséquences sociales de la dégradation de leur système et des désastres qu’il engendre.
Alors qu’ils ont coupé les financements pour la prévention des incendies, les politiciens californiens dépendent de plus en plus de la main-d’œuvre carcérale bon marché pour éteindre les feux—payant les prisonniers quelques dollars par jour pour un travail mettant leur vie en danger. Un tiers des pompiers combattant l’incendie de Los Angeles sont des prisonniers—des travailleurs esclaves gagnant à peine de quoi acheter quelques produits des magasins de prison. Cette proportion reste encore trop faible pour la classe dirigeante et l’État cherche à y remédier en envoyant des adolescents incarcérés combattre les incendies dans le cadre d’un programme proposé pour les délinquants mineurs.
Bouches d’incendie à sec
Non seulement les services d'incendie manquent de personnel, mais les bouches d'incendie sont également à sec. C'est une conséquence directe de l'accord Monterey de 1994, qui a privatisé les infrastructures hydrauliques financées par les contribuables et déréglementé le marché de l'achat et de la vente d'eau. Cet accord a mis fin à la politique de « préférence urbaine » en période de sécheresse, selon laquelle l'eau de Californie était d'abord allouée aux centres urbains pour la consommation et l'extinction des incendies.
Désormais, les monopoles agricoles de la Vallée Centrale, une région peu peuplée de l’État, ont la priorité sur l’eau. Bien qu’ils ne représentent que 2 % du PIB de l’État, ces agro-capitalistes consomment plus de 80 % de l’eau disponible en Californie. Le contrôle privé de l’approvisionnement en eau est responsable du fait que—même après des mois sans pluie—Los Angeles n’a pas été dotée des réserves nécessaires pour lutter contre l’enfer imminent.
À tous les niveaux, les responsables gouvernementaux fuient leurs responsabilités. Lorsque le gouverneur Gavin Newsom a été interrogé sur les raisons pour lesquelles les bouches d'incendie étaient à sec dans le quartier Pacific Palisades—dont une grande partie a maintenant été réduite en cendres—il a blâmé les « gens locaux », ses subordonnés au niveau local, pour leur manque de préparation.
La réponse d’urgence immédiate a été désastreuse, mais les conséquences seront également dévastatrices. Alors que la crise climatique s’intensifie, les assureurs privés ont réduit leurs couvertures dans les zones « à risque » (c’est-à-dire non rentables). L’entreprise State Farm a annulé plus de 72 000 polices d’assurance en Californie en avril 2024, dont 1 600 concernaient des habitations à Pacific Palisades, où près de 8000 hectares et plus de 5 000 structures ont été incinérées. Les compagnies d’assurance facturent des primes exorbitantes et font tout pour éviter de payer les indemnisations. Elles choisissent de couvrir les zones où elles réalisent les profits les plus élevés, laissant les personnes les plus vulnérables sans protection.
Lutte pour la vie ou la mort
L’incendie féroce menaçant d’engloutir la deuxième plus grande ville des États-Unis est le produit d’un système capitaliste en déclin. La propriété privée et la production à but lucratif placent les intérêts d’une infime cabale capitaliste au-dessus de ceux de l’humanité tout entière. Malgré les cris stridents des libéraux à propos du changement climatique « causé par l’homme », seulement 100 entreprises sont responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1988. Ce même système anarchique est à l’origine de la négligence criminelle et du manque de préparation du gouvernement californien face à cette catastrophe entièrement prévisible.
Loin d’être un acte de Dieu inexplicable, il y a de véritables coupables à blâmer. La lutte de la classe ouvrière contre le capitalisme est une question de vie ou de mort. Sous un gouvernement des travailleurs, les grandes banques et monopoles seront expropriés sans compensation. Avec une production planifiée selon les besoins humains plutôt que pour le profit, nous lancerons de vastes plans de préparation aux urgences et commencerons à atténuer, puis à inverser, le changement climatique. Le RCA construit le parti communiste révolutionnaire nécessaire pour reléguer les catastrophes climatiques au passé.
Sources de mise à jour au 13 janvier :
https://www.hindustantimes.com/world-news/california-wildfires-live-updates-la-fires-2025-palisades-los-angeles-weather-santa-ana-winds-101736640088332.html
https://abc7.com/live-updates/socal-braces-possibly-destructive-windstorm-amid-dangerous-fire-weather/15771235/
https://www.lemonde.fr/international/live/2025/01/13/en-direct-incendies-a-los-angeles-le-bilan-monte-a-24-morts-les-autorites-decrivent-une-situation-toujours-critique_6490019_3210.html