C’est un combat qui s’étale depuis plusieurs années et dont on parle peu : à Laeken, la Ville de Bruxelles persiste à vouloir construire une école maternelle et primaire de 672 places sur le site naturel du Donderberg regorgeant pourtant de biodiversité.

Les projets déconnectés du bourgmestre

Les arguments avancés par la ville sont en contradiction avec les faits. Chaque année, le nombre de nouveaux élèves diminue à Bruxelles. Depuis 2015, 128 classes de maternelle ont été fermées. L’enseignement primaire a atteint son pic en 2020. Depuis, 37 classes ont été fermées. L’IBSA (Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse) annonce 15.000 élèves de moins d’ici 2030.

À Laeken des centaines de places sont déjà vacantes aujourd’hui, y compris à 10 minutes du Donderberg. Il n’y a donc pas besoin de nouvelle école à cet endroit, surtout quand on sait qu’à deux pas de cette zone naturelle se situe une école de la communauté flamande abandonnée qui pourrait simplement être rénovée et réaffectée.

La ville et son bourgmestre PS Phillipe Close souhaite également y construire des logements d’habitation de huit étages, mais Bruxelles compte actuellement entre 4 500 et 9 000 logements vacants, largement bien plus qu’il n’y a de SDF.

Peut-être faudrait-il s’occuper d’utiliser/rénover ces logements, d’en faire des logements publics, d’imposer un plafond pour les loyers, plutôt que de chercher encore à déforester pour installer de nouveaux construits hors de prix ?

Des habitants de la région massivement opposés au projet

Depuis 2021 les habitants se sont mobilisés avec le groupe http://savedonderberg.laeken.brussels/ et le comité de quartiers Donderberg pour empêcher cela. Pour cela ils combinent l’utilisation des recours, des pétitions et des manifestations.

Depuis quelques jours une vingtaine d’activistes se sont installés dans les arbres pour empêcher leur abattage. Ce type d’action est inspirée par les Zone à défendre (ZAD) en d’autres lieux, comme en France à Notre Dame des Landes. Il s’agit d’une action radicale et courageuse, mais qui ne doit pas déplacer le centre de gravité de la protestation de l’action et la mobilisation de masse via de assemblées démocratiques. Il est important aussi que le mouvement ouvrier organisé se mobilise aux côtés des habitants. Cela donnerait plus de poids à leurs revendications.

Les ZAD ne sont pas une partie de plaisir. Aller vivre ou occuper momentanément la forêt n’est pas ce qu’il y a de plus confortable, mais les militants écologistes ont été contraints de passer à ces méthodes d’action plus directes puisqu’après avoir épuisés les autres moyens plus « pacifiques » ils n’ont toujours pas eu gain de cause.

La pétition qui a recueilli plus de 10 000 signatures est restée lettre morte, les autres recours légalo-légaux bien étayés des habitants et des associations ont connu le même sort. Seules alors la mobilisation et l’action/sensibilisation pourront sauver ce qui reste de nature aux alentours de Bruxelles.

Asphaltage et bétonnage… et risque d’inondation

En Wallonie, au cours des 30 dernières années, 5 hectares de sol ont été durcis chaque jour. À Bruxelles, en 2022, 86,45 km2 sur les 162,42 km2 étaient imperméables, soit 53,2%. Si on exclut la forêt de Soignes, ce chiffre monte même jusqu’à 59% !

Au vu des inondations dues aux pluies monstres qui ravagent le monde actuel de plus en plus soumis aux conséquences d’un réchauffement climatique qui s’accélère, il est légitime de questionner ces politiques mortifères d’artificialisation des sols.

La nécessité d’un autre chemin

Ce projet, et les autres du même genre, ne sont pas d’intérêt général, bien au contraire. Ils sont souvent la conséquence des liens trop étroits que les politiciens bourgeois entretiennent avec les multinationales de la construction ainsi que la triste « habitude » qu’ont prise les dirigeants capitalistes à systémiquement voir la nature et les espaces verts comme de juteuses sources de profits immédiates.

Un autre monde est possible, un autre Bruxelles aussi. Un monde où les migrants qui occupent en ce moment un énorme logement vide de la CSC sont régularisés et logés sans délai, un monde où les zones vertes sont préservées pour leur capacité à nous protéger des affres de ce que le capitalisme nous lègue aujourd’hui, un monde où les habitants directement concernés obtiennent gain de cause car une vraie démocratie leur donne le pouvoir de gérer leur quartier.

L’OCR se bat pour ce monde, socialiste et démocratique, où les politiques d’affectation des sols se font sur une base rationnelle et dans l’intérêt du plus grand nombre. Nous réaffirmons ici notre soutien aux gens mobilisés pour ce qui apparait pour le moment aux yeux de tous comme une nouvelle goutte d’eau, mais qui peut-être demain rejoindra l’océan du soulèvement des consciences contre ce vieux monde en perdition.

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