C’est environ un millier de travailleurs qui se sont rendus à l’assemblée générale du mardi 20 août qui devait avoir lieu dans le cadre du retour au travail chez Audi.

Avant les congés d’été, les travailleurs avaient été mis au chômage économique. Ils devaient donc reprendre le travail dans leur majorité le 19 août. Mais, compte tenu de l’ambiance de mécontentement parmi le personnel, la direction a cherché à réduire le nombre de travailleurs potentiellement présents à l’AG. Pour ce faire, elle a donné une semaine supplémentaire de congés payés à une partie d'entre eux afin de les diviser, les travailleurs de l'usine-mère.

Les sous-traitants n'y ont pas eu droit et ont des conditions salariales inférieures aux travailleurs d’Audi et ils souffrent donc davantage du chômage économique. Ils sont de facto bien plus dépendants de l’activité de l’usine de Forest.

Le plan de la direction est de procéder à trois vagues de licenciements dans l'usine qui compte en tout 4000 travailleurs. L'usine a déjà produit 300.000 véhicules rien que cette année et a la capacité et les ressources de fonctionner encore bien longtemps. Le chiffre d’affaires cité à l’AG est de 14 milliards d’euros. Et malgré que les voitures produites ne se vendent pas bien, l'usine a malgré tout réalisé un bénéfice de 103 millions d'euros.

Il s’agit du modèle Q8-Etron qui coûte plus de 80.000€ et qui n’est par conséquent pas un modèle de voiture électrique accessible. Durant l'assemblée, il a été dénoncé le manque de stratégies, de recherches et d'investissements. Il a aussi été prouvé que le problème des ventes ne vient pas des travailleurs et que la direction place les profits avant les travailleurs. Le problème réside dans le fonctionnement même du système capitaliste.

Le propre du système capitaliste est d’être traversé de crises en tout genre. Les crises les plus 'traditionelles' sont les crises de surproduction. En l'absence d'une planification de l’économie qui répartit la production en fonction des besoins des populations, les quantités produites sont invraissemblables et incohérentes et jetée aux quatre vents sur le marché "libre". De plus, les capitalistes se font concurrence pour essayer d’arracher des parts de marché aux autres. Il en résulte une production complètement anarchique où la quantité de bien produits surpasse de loin les capacités d’achat des travailleurs qui les produisent. Ceux-ci ne pourront jamais résorber ces excès de production puisque les capitalistes essayent systématiquement de compenser les baisses de bénéfices en rognant sur les salaires.

Les profits ne sont en réalité que le salaire impayé des travailleurs. Actuellement, nous sommes déjà dans une crise de surproduction, et le marché de l’automobile est un cas d’école d’un marché saturé qui ne se résorbe pas. Par conséquent, la perspective de profit est très faible pour les capitalistes et il y a des raisons objectives au manque d’investissements.

La lutte des travailleurs d’Audi n’a pas une issue déterminable à l’avance. Ce fait se reflète dans le discours des différents délégués. Pour certains d'entre eux, il s’agit d’accompagner la fermeture de l’entreprise. Pour d’autres il s’agit au contraire de mener la lutte en commençant une occupation de l’usine au sortir de l’AG, de rester unis et solidaires face à la direction malgré les différences entre travailleurs Audi et les sous-traitants sur lesquels joue la direction. Des centaines d’intérimaires ont déjà été licenciés. 

Pour beaucoup de travailleurs, recevoir simplement d'autres modèles à produire, des modèles qui se vendent mieux, permettrait de maintenir l'emploi. Durant les discours des délégués s'élevaient des réactions d'impatience melées d'envie d'agir chez les travailleurs attentifs à ce qui était prononcé. Ceux-ci n'hésitaient pas à pressuriser les orateurs et à demander des solutions concrètes et des actions concertées immédiates.

Après la semaine de congés payés, le reste des travailleurs vont revenir à l’usine avec le risque d'être tout bonnement licenciés. Cette situation est une source potentielle de radicalisation pour la suite des événements.

Le Front Commun syndical a quand même donné une perspective de lutte importante en fin d'AG: une manifestation nationale pour la défense de l'emploi à Audi, le maintien de l'usine, et pour un nouveau modèle. Les syndicats d'Audi veulent aussi élargir leur combat à toute la situation dans l'industrie en Belgique, qui souffre depuis plus d'un an d'une récession sévère.

C'est une orientation importante dans la lutte syndicale après la fermeture sans combat du fleuron industriel Van Hool en Flandre. Bien engagé cela peut signifier un tournant dans la stratégie syndicale qui jusqu'ici se limitait à 'accompagner socialement' la destruction de l'emploi. Pour cela, la manif du 16 devrait être accompagné d'un mot d'ordre de grève de 24h dans l'automobile en particulier mais aussi dans toute l'industrie. Les syndicats des autres secteurs devraient aussi mobiliser massivement avec des débrayages et des assemblées générales.

Pour donner plus de force à la lutte des travailleurs d'Audi il faut mettre, comme le fait la CGSP ALR de Bruxelles, la nationalisation de l'entreprise à l'ordre du jour.

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