La firme danoise Novo Nordisk a pris la tête d’une véritable ruée vers l’or de l’industrie pharmaceutique sur les médicaments amaigrissants, avec son « Semaglutide » (plus connu sous les appellations « Ozempic » ou « Wegovy »). Nourrie par le matraquage publicitaire sur les réseaux sociaux mais aussi par les financements des organismes de santé publique, la demande pour ces produits a explosé depuis 2021. Cela s’est traduit par des bénéfices énormes pour les grandes entreprises pharmaceutiques : Novo Nordisk et Pfizer ont déclaré respectivement 3,5 milliards et 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires, rien que pour le premier trimestre de l’année 2023. Novo Nordisk a même atteint, à un moment, une valeur en bourse supérieure au PIB du Danemark ! C’est toute l’industrie pharmaceutique qui salive aujourd’hui face à la perspective des profits juteux que représentent ces médicaments.

Une question de classe

D’après une étude, à l’heure actuelle, un Belge sur six est considéré comme obèse. D’ici 2035, ce chiffre pourrait grimper à un sur trois !

Ce problème a une dimension de classe, les plus pauvres ont plus de deux fois plus de risques d’être obèses que les plus riches (environ 25 % contre 8 %).

Cela s’explique avant tout par le fait que l’accès à une nourriture saine et non transformée est devenu un luxe. Une telle alimentation coûte en effet en moyenne trois fois plus cher par calorie qu’un régime composé uniquement de produits très transformés. Par ailleurs, il est souvent impossible de prendre du temps en plus pour préparer un repas nourrissant et sain lorsque l’on travaille de longues heures ou que l’on occupe plusieurs emplois pour joindre les deux bouts. Et pendant ce temps, les multinationales de l’alimentaire récoltent des centaines de milliards de dollars par an en inondant les supermarchés de chips, de bonbons et de sodas.

Les célébrités et les influenceurs peuvent bien raconter ce qu’ils veulent sur l’efficacité des médicaments amaigrissants produits par le secteur privé, il n’en reste pas moins que leur prix les rend inaccessibles à la plupart des gens. En Belgique, quatre stylos injecteurs de 1 mg de Sémaglutide (pour un mois de traitement) coûtent un peu plus de 100 €. Cette somme est seulement remboursée par la mutuelle en cas de prescription pour traiter le diabète de type 2. Aux États-Unis, ce prix peut monter jusqu’à 900 dollars.

Et leur utilisation n’est pas sans conséquence. Le Semaglutide a été conçu à l’origine pour lutter contre le diabète. Il doit être utilisé chaque semaine si l’on veut que ses effets soient durables. Pour obtenir un effet à long terme sur la perte de poids, il faut donc en prendre de façon continue, ce qui augmente les risques déjà importants d’effets secondaires qui vont de l’hypoglycémie à la pancréatite.

Alimentation et santé mentale

Dans une société où ne pas être mince a souvent de lourdes conséquences économiques et sociales, mais dans laquelle les seuls aliments abordables sont industriels et mauvais pour la santé et où faire du sport est souvent un privilège relativement coûteux, il n’est pas étonnant que beaucoup de gens souffrent de problèmes liés à l’estime et à la perception de soi. Surtout depuis le Covid le nombre de personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires (anorexie mentale, boulimie, etc.) a augmenté. Et cela concerne des personnes de plus en plus jeunes, surtout des filles, parfois jusqu’à des élèves d’écoles primaires.

Ces problèmes se rattachent à la crise plus large de la santé mentale qui est, elle aussi, particulièrement aiguë chez les jeunes. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à souffrir de troubles comme la dépression ou à être dépendant de traitements médicamenteux ou de stupéfiants. En 2022, 1 Belge sur 4 a pris au moins un psychotrope, soit 3 millions de patients.

Cette augmentation est en grande partie la conséquence des coupes budgétaires massives subies par les services de psychiatrie et de psychologie ces dernières années. Confrontés à des listes d’attentes à rallonge pour les traitements plus complets, nombre de professionnels de santé sont contraints de se rabattre sur la « solution facile » que sont les comprimés. Ils y sont encouragés par les organismes de santé publique et par les gouvernements bourgeois pour qui cette alternative est bien moins coûteuse que celle qui consisterait à remettre sur pied le système de santé.

Un système malade

D’une façon générale, cette crise est aussi le résultat de l’aliénation, de l’isolement et de l’insécurité engendrés par le capitalisme. Les plus jeunes générations n’ont aujourd’hui rien connu d’autre que la crise climatique, les guerres et l’austérité. La seule réponse que le capitalisme a à leur offrir, ce sont des médicaments douteux et de toute façon inaccessibles à la majorité des gens ordinaires.

Et, de toute façon, pourquoi les capitalistes voudraient-ils mettre fin à cette crise de la santé mentale et aux ravages causés par l’obésité et le surpoids, alors que tout cela rapporte des profits énormes aux monopoles de l’agro-alimentaire et de l’industrie pharmaceutique ?

La seule véritable solution se trouve dans la nationalisation des entreprises pharmaceutiques, ainsi que de l’alimentation et du sport pour les placer sous le contrôle démocratique de l’ensemble des travailleurs. Cela permettrait de fournir des repas équilibrés à tous, notamment par le développement de cantines, de gymnases et de salles de sports publiques, gratuites ou à bon marché. Par ailleurs, le financement du système de santé publique à hauteur de ses besoins permettrait au plus grand nombre de vivre en bonne santé. Les traitements médicaux qui resteraient malgré tout nécessaires seraient alors fournis dans le cadre d’un système de santé publique entièrement nationalisé et gratuit. Pour réaliser cet objectif, il faut renverser le capitalisme, qui ronge la société tel un cancer.

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