Voici le tract distribué par nos camarades italiens suite au brutal féminicide de la jeune Giulia Cecchettin. Lisez ici l’original.

Pour éradiquer le patriarcat, il faut renverser le capitalisme !

La coupe est pleine. Les statistiques sont implacables : chaque année en Italie, plus d'une centaine de femmes sont tuées, près de 3 500 depuis l’an 2000. Des chiffres dramatiques qui ne cessent de s'aggraver et qui révèlent sans ambiguïté la réalité des contextes dans lesquels les femmes sont tuées : sur 105 en 2023, 82 au sein de la famille, 53 aux mains du partenaire ou de l'ex-partenaire.


Le féminicide de Giulia Cecchettin a fait exploser la colère accumulée par les provocations de la droite, mais aussi par l'hypocrisie des médias et des personnalités du gouvernement et de l'opposition. Ne pouvant plus inventer d'immigrés violeurs qui sillonnent les rues dangereuses, ils assaisonnent leurs kermesses institutionnelles rituelles contre les violences faites aux femmes de propositions de lois transversales sur « l'éducation sentimentale ». Cette hypocrisie de l'ensemble du spectre parlementaire doit être renvoyée à l'expéditeur, en plus des provocations réactionnaires et grossières de la droite gouvernementale.


Nous devons être clairs : le mouvement contre la violence à l'égard des femmes n'a pas et ne peut pas avoir d'alliés dans les institutions qui, d'une part, promeuvent des campagnes hypocrites et des lois inutiles et, d'autre part, réduisent les fonds alloués aux centres de conseil et de lutte contre la violence, les obligeant à fermer leurs portes.


D'autre part, la radicalité de la mobilisation ces jours-ci a exprimé la conscience que les enjeux sont élevés, car elle pointe du doigt le patriarcat, un système qui s'est consolidé au fil des millénaires, qui imprègne tous les aspects de notre vie en tant que femmes et travailleuses - de la culture, de la langue, des modèles éducatifs, - à travers les préjugés, la discrimination, jusqu'au harcèlement et à la violence physique.


Il est proposé de mettre fin au patriarcat par une bataille culturelle, au moyen d'un langage inclusif, de jouets inclusifs, de modèles éducatifs non stéréotypés, de cours d'éducation affective etc. La culture patriarcale est détestable et doit être dénoncée dans toutes ses manifestations, mais lutter contre elle de cette façon revient à traiter les symptômes d'une maladie sans s'attaquer à ses causes.


Le patriarcat n'est pas inhérent et inné dans les différences entre les hommes et les femmes, il n'a pas toujours existé mais commence dans l'Histoire, avec la division en classes de la société. C'est de ses origines matérielles qu'il faut partir, et c'est dans sa relation avec le capitalisme qu'il faut trouver la clé pour l'éradiquer.


Oui, car le système patriarcal ne se reproduit pas simplement par inertie, mais se renforce systématiquement dans le capitalisme parce qu'il répond à ses besoins précis.


Le premier est de se décharger de ce qui devrait être des fonctions sociales, comme par exemple :

  • La prise en charge des enfants et des personnes âgées.
  • La reproduction de la force de travail des travailleurs pour qu'ils puissent retourner au travail le lendemain.
  • Le travail domestique.

C'est à nous, les femmes, qu’on demande de remplir ces fonctions.

Mais, en plus d’être des « fées du logis », le capitalisme veut aussi que nous soyons des travailleuses car, toujours grâce aux préjugés et à la discrimination, il peut avoir une classe ouvrière divisée, avec un secteur féminin plus vulnérable au chantage, afin de mieux exploiter tous les travailleurs.


Nous devons donc exiger des crèches, des cantines, des blanchisseries publiques et gratuites, afin de socialiser le travail domestique, par le biais de la lutte de classe des travailleurs unis. Lutter contre toutes les discriminations, sur les salaires, les conditions de travail, les retraites, etc. Frapper ainsi le capitalisme dans ses intérêts diamétralement opposés à ceux des travailleuses et de la classe dans son ensemble.


Qu'en est-il des préjugés ? De la culture ? L'expérience nous montre que c'est précisément dans la lutte unie des femmes et des hommes contre l'oppression et l'exploitation que les relations changent et que les préjugés font place à des relations fondées sur le respect et la solidarité. Nous l'avons vu dans tous les grands mouvements impliquant des femmes dans l'histoire, rien que ces dernières années, nous pouvons rappeler les printemps arabes, les grèves des femmes polonaises, le mouvement des femmes iraniennes.


Dans toutes ces luttes, il y avait un potentiel révolutionnaire qui, pour se réaliser, avait besoin de la lutte de toute la classe ouvrière contre le capitalisme, pour mettre fin à toutes les formes d'oppression, d'exploitation et de barbarie.

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