Les mots « marxisme » et « communisme » comptent parmi les plus mal compris de la langue française. Ce n’est pas étonnant. Depuis sa naissance, le mouvement communiste a été la cible d’une avalanche de calomnies et de caricatures de la part des chantres de l’ordre établi.

Des bancs de l’école aux amphithéâtres des universités en passant par les plateaux de télévision, ils le répètent en boucle : le communisme signifie que tout le monde est payé le même montant, et que sous la férule d’un régime totalitaire l’individualité et la liberté d’expression disparaissent. Certains ajoutent que le communisme « est une belle idée, mais qui a toujours échoué ». Tout une industrie a été mise sur pied dans le seul but de discréditer le mouvement communiste, ainsi que les grands accomplissements des révolutions prolétariennes, à commencer par la Révolution russe de 1917.

Dans leur tâche, ces propagandistes réactionnaires ont été aidés par les crimes de la bureaucratie stalinienne qui, après avoir accaparé le pouvoir en URSS, a tenté de faire passer sa tyrannie pour le prolongement légitime de la révolution d’Octobre 1917. Les mêmes propagandistes ont aussi bénéficié de l’aide enthousiaste des dirigeants réformistes du mouvement ouvrier, à commencer par ceux des soi-disant partis « communistes », qui se sont convertis aux merveilles de l’économie de marché après la chute de l’URSS. C’est notamment le cas du PCF, en France.

Et pourtant, ces attaques et ces trahisons n’ont pas réussi à faire disparaître l’influence des idées communistes. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes sont attirés par les idées du marxisme. Aux Etats-Unis – le « ventre de la bête » du capitalisme mondial –, plus d’un tiers des jeunes déclarent avoir une opinion positive du communisme.

La crise du capitalisme

Cette apparente contradiction s’explique assez simplement. La jeune génération n’a connu que la crise économique, les politiques d’austérité, l’instabilité générale et les catastrophes climatiques. Où qu’elle regarde, elle ne voit que guerres, pollution, crises et misère croissante.

Dans Le Capital, Marx soulignait déjà que, sous le capitalisme, « l’accumulation de richesse à un pôle, c’est l’égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d’ignorance, d’abrutissement, de dégradation morale et d’esclavage au pôle opposé, du côté de la classe qui produit le capital même ». La crise du capitalisme exerce une pression constante sur le niveau de vie des travailleurs. Les salaires et les conditions de travail sont la cible d’une offensive brutale de la part du patronat, qui veut faire payer la crise à la classe ouvrière. Dans le même temps, à l’autre « pôle » de la société, les profits des capitalistes continuent de croître malgré la pandémie, la guerre en Ukraine et l’inflation croissante.

De plus en plus de jeunes comprennent que la source du problème n’est pas dans tel ou tel politicien, mais dans le système capitaliste lui-même. Sur les cinq continents, des luttes massives dressent la classe ouvrière et la jeunesse contre l’ordre établi. Au Soudan, en Equateur, au Kazakhstan, en Grande-Bretagne et ailleurs, des vagues de grèves et des mobilisations de grande ampleur ont exprimé le rejet croissant des inégalités et des souffrances engendrées par le capitalisme.

Dans ce contexte, l’intérêt pour les idées communistes ne peut que continuer à grandir et s’étendre à de nouvelles couches de la jeunesse et du salariat. Les idées du communisme sont les idées de l’avenir.

Pourquoi le communisme ?

Pour les marxistes, le communisme n’est pas un projet utopique, un plan détaillé sur la base duquel nous voudrions réorganiser la société. Ce n’est pas davantage une tentative de modifier l’ordre social actuel par une série de réformes graduelles. Marx expliquait que le communisme est « le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses ». Qu’est-ce que cela signifie ?

Le marxisme est une conception scientifique du monde et de la réalité en général. Autrement dit, les marxistes commencent par analyser les développements réels qui se produisent sous le capitalisme, et notamment les mécanismes économiques qui déterminent les crises récurrentes de ce système.

Sous le capitalisme, les moyens de production ont connu un développement colossal. L’économie repose sur d’immenses usines dotées d’équipements de très haute technologie, ainsi que sur de gigantesques entreprises agricoles. Cette production est « socialisée », au sens où elle repose sur la coopération de très nombreux salariés, dont le travail est organisé à des très vastes échelles. En théorie, tout cela devrait permettre de garantir une nourriture de bonne qualité, un bon logement et des conditions de vie décentes à tous les habitants de la planète.

Le problème, c’est que ces moyens de production sont la propriété exclusive d’une seule classe sociale, qui ne recherche qu’une seule chose : son profit. Au lieu d’être utilisés pour satisfaire les besoins de la majorité de la population, les grands moyens de production servent à maintenir et accroître les richesses d’une petite minorité de parasites bourgeois. C’est la logique inhérente au système capitaliste.

En outre, alors que la production de marchandises est planifiée de façon méticuleuse au sein des grands monopoles, la distribution de ces mêmes marchandises est ensuite abandonnée au chaos du « libre » marché. En conséquence, des gens qui ont besoin de nourriture – mais n’ont pas d’argent pour en acheter – meurent de faim, cependant que d’énormes quantités de céréales et de viande sont détruites pour maintenir des prix élevés sur le marché de l’agro-alimentaire. De même, des millions de sans-abris, à travers le monde, dorment au pied d’immeubles résidentiels à moitié vides. La même logique infernale, absurde, s’applique à toutes les ressources nécessaires à une vie décente.

Nous faisons face à un système chaotique et irrationnel, dans lequel la faim et la misère côtoient la surproduction et le gaspillage. Certains sont au chômage pendant que d’autres subissent des cadences de travail infernales. Le capitalisme plonge vers l’abîme et menace d’entraîner avec lui toute la société – ainsi que notre planète.

Transformation socialiste

Pour garantir une existence digne à toute l’humanité et empêcher la société de sombrer dans la barbarie, il faudra que les grands moyens de productions soient arrachés des mains de la classe capitaliste. Autrement dit, il faudra exproprier et nationaliser les secteurs clés de l’économie – la grande industrie, les transports, l’énergie, le secteur bancaire et la grande distribution – pour les placer sous le contrôle démocratique de l’ensemble de la population.

L’histoire a démontré qu’on ne peut pas parvenir à ce résultat au moyen de réformes graduelles. Au contraire : toutes les réformes progressistes qui peuvent être concédées par les capitalistes – ou arrachées par la lutte – finissent par être éliminées si la classe dirigeante conserve le contrôle de l’économie. C’est exactement ce qui se produit en ce moment : pour maintenir leurs taux de profits menacés par la crise, les capitalistes attaquent nos retraites, nos salaires, nos conditions de vie, de travail et d’étude, etc.

Seule une lutte révolutionnaire permettra de renverser la classe capitaliste et de briser son appareil d’Etat. La seule force sociale capable d’accomplir cette transformation révolutionnaire est la classe ouvrière. Loin d’avoir disparue, cette classe est désormais la plus nombreuse dans les pays développés ; elle tient entre ses mains tous les leviers de l’économie, même si elle n’en est pas consciente. Cela signifie qu’une fois mobilisée à une échelle massive, elle peut paralyser l’ensemble de la société.

Lorsqu’il sera possible d’utiliser les moyens de productions sur la base d’un plan rationnel et démocratique, nous pourrons non seulement satisfaire les besoins vitaux de l’ensemble de la population – nourriture, santé, logement de bonne qualité, etc. – mais aussi permettre à tous d’accéder à une éducation de qualité, tout au long de leur vie. Sur cette base, la science et la culture pourront se développer à des niveaux inimaginables. L’automatisation et l’innovation technologique seront utilisées pour réduire la charge de travail et augmenter le temps de loisirs – plutôt que d’aggraver le chômage, comme c’est le cas aujourd’hui.

Progressivement, sur la base d’une abondance de ressources, l’argent cessera d’être une nécessité. Comme l’expliquait Marx, la société sera alors gouvernée par le principe : « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Sous le communisme, ni la contribution de chacun à la richesse sociale, ni sa consommation individuelle ne seront soumis à une contrainte extérieure (« gagner de l’argent »).

Cependant, de telles conditions économiques et sociales ne pourront pas être décrétées. Elles ne pourront pas être décrétées au lendemain de la révolution. Elles devront être développées au cours d’une période transitoire entre la révolution socialiste et la société communiste. Durant cette période, un Etat ouvrier sera donc nécessaire pour défendre les acquis de la révolution contre les anciennes classes dirigeantes – et pour développer les forces productives nécessaires à la « société d’abondance » dont parlait Marx.

Bolchévisme

Mais comment y parvenir ? Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’étudier l’histoire de la classe ouvrière et de ses luttes.

Depuis la Commune de Paris, en 1871, les travailleurs ont maintes fois tenté de prendre le pouvoir pour transformer la société sur des bases socialistes. Cependant, la classe ouvrière n’a réussi qu’une seule fois à prendre le pouvoir et à s’y maintenir pendant une certaine période : pendant la Révolution russe de 1917. Dans cette victoire, un rôle décisif a été joué par le parti bolchevik.

La classe ouvrière russe a alors fait de grandes conquêtes, à commencer par la planification de l’économie, le contrôle ouvrier de l’industrie et une démocratie basée sur un système de soviets (« conseils » ouvriers). D’immenses progrès ont aussi été accomplis dans la sphère des droits politiques et sociaux, comme par exemple le droit à l’avortement ou le droit à l’autodétermination des nationalités opprimées. Plus d’un siècle plus tard, les soi-disant « démocraties libérales » capitalistes sont toujours incapables de garantir ces droits.

Cependant, l’échec des révolutions en Europe occidentale et l’arriération économique de la Russie l’ont condamnée à l’isolement. Dans ce contexte, une bureaucratie stalinienne s’est cristallisée, qui a d’abord accaparé le pouvoir, supprimé la démocratie soviétique – puis, finalement, a restauré le capitalisme en Russie.

Reste que les méthodes du bolchevisme sont les seules qui ont permis de mener la classe ouvrière à la victoire. Lénine, Trotsky et les bolcheviks comprenaient que des révolutions éclatent inévitablement, indépendamment de la volonté des révolutionnaires, mais que sans une direction révolutionnaire dotée d’un programme, d’une stratégie et des mots d’ordre adaptés, la classe ouvrière ne peut pas prendre et conserver le pouvoir.

Ceci explique le rôle essentiel que jouent les idées marxistes dans la construction du parti révolutionnaire. Comme le résumait Lénine : « sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». La tâche centrale que doivent se fixer les communistes, aujourd’hui, est d’étudier les idées du marxisme. En nous armant de ces idées révolutionnaires, nous pourrons intervenir dans les luttes de notre classe, gagner sa confiance et lui fournir les moyens de la mener à la victoire. Ce ne sera pas simple, mais il n’y a pas d’autre chemin vers la victoire de notre classe.

Une période de lutte des classes, de révolutions et de contre-révolutions s’ouvre devant nous. Nous n’avons pas de temps à perdre. Nous devons saisir toutes les opportunités de construire les forces du marxisme. C’est l’objectif que se fixe la Tendance Marxiste Internationale. Aidez-nous à le réaliser ! Rejoignez-nous 

 

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