La crise du covid19 a fortement touché le secteur de l’aviation.

 

Le 30 juin, Airbus a annoncé une restructuration qui devrait aboutir à la perte de 15.000 emplois en Europe. Le ministre français de l'économie a réagi en déclarant : "Le secteur de l'aéronautique fait face à un choc massif, brutal et durable. Il est fort probable que la reprise sera progressive. Nous ne l'avons jamais caché". (1) Même si en Belgique l'impact est moindre qu’en France, qu’en Espagne ou qu’en Allemagne, il en demeure notable.

Dans le sillage du PTB, Révolution a également mis en avant le mot d’ordre de la nationalisation de Brussels Airlines. Pendant quelques jours, et pour la première fois depuis longtemps, on a assisté à un débat sur le sujet. Une lettre ouverte dans La Libre défendait cette idée dans les termes suivants : « Le choix tel qu’il est actuellement posé est entre un no deal ou un ‘bad deal’. Soit nous libérons le terrain pour des entreprises prédatrices à bas prix, soit nous subventionnons une compagnie qui fait passer le profit avant ses travailleurs et le climat. Ces deux choix sont inacceptables. Nous proposons une alternative : il s’agit de nationaliser Brussels Airlines à très court terme, et le reste du secteur de l’aviation à moyen terme. Brussels Airlines évoluerait donc de manière indépendante de la Lufthansa et serait mise au service des intérêts de la population. » (2)

Le PTB a aussi lancé une pétition en ligne selon laquelle : « Des milliers d'emplois risquent d'être supprimés à Zaventem. Et les personnes qui ont la chance de rester devraient faire de lourds sacrifices sur les conditions de travail et les salaires. L'argent de nos impôts ne doit pas être utilisé pour des plans de licenciements et pour mettre en œuvre une « ryanairisation » du secteur. » (3)

C'est un très bon premier pas. Mais malheureusement, la pétition n’a recueilli que 600 signatures, ce qui n'est pas assez pour mobiliser les travailleurs du secteur et changer la vision étroite des directions syndicales. Certes, le PTB mène campagne parmi les travailleurs de l’aéroport ; mais, selon nous, une grande campagne publique dans le mouvement syndical dans son ensemble (au moyen de la pétition, de votes de résolutions et d’un plan d’actions) aurait pu soutenir la revendication de nationalisation.

Pas de lutte, pas de victoire

« Après six semaines de longues et intenses négociations, la direction et les syndicats ont conclu un protocole d'accord portant sur un plan social dû à la réduction de la voilure de la flotte, ainsi que sur une nouvelle structure de rémunération et une adaptation des horaires du personnel navigant », soulignent, dans un communiqué, les syndicats CNE/ACV Puls, Setca/BBTK et CGSLB en front commun.

Avec ce communiqué les syndicats ont accepté la suppression de 1 000 emplois chez Brussels Airlines, ce qui représente 25% du personnel, exactement ce que Brussels Airlines demandait. Le représentant du syndicat libéral a même déclaré : « on a démontré qu’on sait négocier en Belgique ». On se demande bien ce qui a été négocié… En outre, les syndicats ont également refusé de mobiliser pour sauver les emplois. La réussite de l’accord dépendait de l’évolution de l’actionnariat de l’entreprise allemande Lufthansa, qui est la maison mère de Brussels Airlines : l’Etat allemand a injecté 9 milliards dans Lufthansa, devenant ainsi le premier actionnaire de l’entreprise. Mais même dans ce contexte, les syndicats ont refusé de trouver une véritable solution aux problèmes du secteur et ont adopté l'attitude du bétail mené à l'abattoir.

A Swissport, qui a mis à la rue 1 500 travailleurs, il n’y a pas non plus eu de véritable combat : une journée de d’action en tout et pour tout. Le contrat de Swissport à Zaventem a ensuite été récupéré par Alyzia, une ancienne compagnie publique du groupe Aéroports de Paris, privatisée au début du siècle, et qui appartient maintenant à des capitaux émiratis. Ce rachat permet à Alyzia d’augmenter fortement ses activités au niveau européen : à partir du 1er juillet, et pour 6 mois, cette entreprise va gérer la plupart des contrats de Swissport. Les directions de Zaventem et des syndicats nous disent que les emplois ont été préservés : rien de plus faux, vu que seuls 150 des 1 500 travailleurs licenciés seront repris par Alyzia. Cette dernière n’a pas non plus indiqué combien d’embauches seront réalisées… Voilà une nouvelle preuve de la « bonne capacité de négociation » de nos dirigeants syndicaux !

Plus généralement, on ne doit pas s’attendre à beaucoup d’embauches cet été : la reprise du trafic aérien est très lente et les entreprises du secteur préfèreront augmenter les cadences et en diminuer les salaires des travailleurs restants.

Il y a quelques semaines, nous avions proposé une coordination des syndicats avec des assemblées pour mobiliser la base et appeler à la nationalisation sous contrôle des travailleurs du secteur. Chaque semaine, de nouvelles entreprises du secteur annoncent des pertes et des licenciements. Si une première entreprise passait dans les mains publiques grâce à la lutte des travailleurs, la dynamique de lutte pourrait s’étendre et atteindre une toute autre ampleur. Pour cela, il faut continuer de propager le mot d’ordre de nationalisation et organiser les travailleurs dans ce but !

 

1. https://www.lalibre.be/economie/entreprises-startup/airbus-annonce-son-intention-de-supprimer-approximativement-15-000-postes-dans-le-monde-5efb78c29978e21bd0e81443

2. https://www.lalibre.be/debats/opinions/nationaliser-brussels-airlines-est-le-seul-choix-d-avenir-5eed12119978e21bd09d5591

3. https://www.ptb.be/nos_emplois_notre_aeroport