Le 7 janvier 2010, l’entreprise multinationale AB InBev, premier producteur mondial de bière, a annoncée un plan de licenciement visant 10% de ses salariés, c'est-à-dire 800 travailleurs, dont 265 en Belgique.


Le marché de la bière serait-il dans le rouge ? Il serait difficile de gober cette allégation de la direction d’AB InBev: si la consommation de bière au niveau mondial est en légère baisse (moins de 2 %),  la production n’a jamais diminuée. Au contraire, les bénéfices de l’entreprise sont en constantes augmentation, avec un chiffre d’affaire s’élevant à 26.5 milliard d’euros pour 2008.
Loin d’être en crise, le groupe a reversé plus de 785 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires et plus de 900 millions  sont d’ors et déjà prévus  pour 2010. Sans parler du bonus de 70 millions d'euros accorder au PDG Carlos Brito en 2009.

La bonne sante d’une entreprise n’est certainement pas une garantie pour la préservation des emplois, encore moins lorsque le spectre de la crise économique peut être agité. L’attitude de la direction d’AB InBev est ainsi symptomatique : d’une part elle diminue les couts de production sur le dos des travailleurs, de l’autre elle accepte avidement les aides d’Etat destinées a la sauvegarde de l’emploi. Ces cadeaux dont a bénéficié AB InBev s’élèvent à 205 millions d’euros pour 2009, auxquels s’ajoute une réduction du taux d’imposition sur les bénéfices, portant ce dernier à 2.38% !
En réalité, les économies que réalisera l’entreprise en licenciant seront destinées à rembourser le coût de la fusion entre InBev et Anheuser-Busch en 2008. Cette fusion dont le coût s’élève a 52 milliard de dollars a permis au groupe de devenir leader mondial sur le marche de la brasserie, permettant une économie de plus de 280 millions d’euros par an.

Cette année, l'économie mondiale pourrait se rétablir. Pourtant le taux de chômage va continuer à augmenter, le patronat profitant des suites de la crise pour licencier et augmenter les bénéfices d’entreprises en bonne santé.
À la porte de la brasserie de Louvain un travailleur nous a dit cela : "En Juillet l'année dernière ont nous avaient annoncé officiellement qu'il n'y aurait aucune perte d'emplois. Mais ce n'était pas vrai. La production sera réduite et nous sommes donc poussés vers la sortie." Mais les travailleurs ont décidés de se battre. Des deux côtés de la frontière linguistique, tant à Jupille et Hoegaarden qu’a Louvain, les salariés ont combattus côte à côte. Flamands et Wallons se battent pour leurs emplois. Les syndicats exigent le retrait sans négociations des plans de restructuration.

«La direction met la pression sur le personnel aujourd'hui. Ils chargent les agents de sécurité de garder un œil sur les grévistes. Le personnel qui prend part à l'action est menacé de perte de salaire», nous explique des militants. Pourtant le conflit prend de l’ampleur chaque jour : arrêt de la production, barrages filtrants empêchant l’approvisionnement des dépôts, séquestration de la direction locale du site de Jupille le 11 janvier, rassemblements, etc.… Les principaux acheteurs craignent une pénurie lies à l'approvisionnement de la bière dans les prochains jours.

En réaction le conseil d'administration d’AB InBev avait assigné en justice les militants des sièges de Jupille et Louvain pour lever les blocages de camions. S’il a été débouté devant le tribunal de Liège, en revanche, un tribunal bruxellois a tranché en faveur de la direction pour le site de Louvain. Le front commun syndical Flandre-Wallonie a déjà fait savoir qu’il appellerait à la grève générale de tous les sièges européens touchés par le plan de licenciements, si InBev mettait à exécution la décision du tribunal. En effet les différents sièges européens commencent à s’organiser : l'ensemble du mouvement syndical, pour les sièges de Hoegaarden, Jupille et Louvain, devraient être mobilisé sur un piquet de grève massive  réunissant des milliers de personnes, en soutien aux grévistes.

Et quand elle ne menace pas de poursuites les salariés, la direction cherche à attirer les syndicats à toutes les réunions de conciliation : la carotte et le bâton pour tenter de mettre fin a un mouvement exemplaire. Ce conflit ne concerne pas seulement les collègues d'InBev et les salariés de l’agro-alimentaire. La lutte des travailleurs d’AB Inbev nous affecte tous.

La grève générale dans AB InBev est l'étape suivante.

Non aux licenciements ! Préservation des emplois !
 
Manifestation massive devant les portes de l'AB InBev en cas d'action en justice contre le blocus.