Lundi 23 juin avait lieu la plus grande action de blocage en Belgique pour enrayer l’envoi d'armes vers Israël. Un millier d’activistes se sont coordonnés pour prendre d’assaut deux sites industriels qui collaborent avec l’armée israélienne et sont donc ainsi complices de génocide, à Tournai et à Haren.

Lors de notre intervention autour de cette action et durant la manif qui a suivi, nous avons expliqué patiemment que si cette action médiatise encore plus la lutte pour la libération de la Palestine en Belgique, idéalement c’est aux syndicats et aux travailleurs de ces entreprises de tenter d’enrayer la machine de mort israélienne, par la grève, l’occupation, c’est-à-dire, de l’intérieur.

Face à l’inaction des syndicats et au manque de combativité malgré de belles paroles, la jeunesse engagée de Belgique n’a pas attendu et s’est mobilisée — à raison — pour montrer qu’ici aussi une forte contestation vit et vocifère contre le génocide en cours à Gaza.

Des politiciens bourgeois, tels que Bart de Wever, se sont empressés de condamner ces actions et se sont fait une fierté de rappeler que la Belgique est exemplaire sur la question, qu’elle a voté l’interdiction d’envoi d’armes, que des armes ne transitent pas depuis la Belgique vers Israël, et que les activistes avaient tort de se mobiliser de cette façon.

Cependant les faits sont têtus. Quelques jours après ces déclarations hors sol, le 26 juin, le journal Le Soir publiait un article qui annonce qu’une plainte avait été déposée par l’ONG Vredesactie contre Fedex car l’entreprise fait transiter « discrètement » du matériel militaire vers l’Etat sioniste. Ce matériel est destiné à l’entretien d’avions de chasse qui participent activement au génocide. De plus, ce matériel aurait transité SANS les licences légales nécessaires à ce genre de transport, ce qui ajoute à la polémique, mais n’étonnera sans doute personne.

Comme en France lors de l’action des dockers de Fos-sur-Mer, cette plainte expose au grand jour les mensonges éhontés des politiciens de la classe bourgeoise qui affirment à qui veut bien les croire qu’ils ont mis en place une interdiction d’envoi de matériel militaire vers Israël depuis leur pays respectif. Et comme en France, c’est le mouvement ouvrier et les associations civiles qui sont forcés d’exposer les dirigeants et de les rappeler à l’ordre… Une preuve de plus que la société serait bien mieux gérée par les travailleurs que par une clique de bourgeois mythomanes à la solde des pires conspirations impérialistes.

La nécessité du contrôle ouvrier de la production

À mesure que ces cas se répètent et que les mensonges et les décrets cosmétiques s’amoncèlent pour tromper les masses, les travailleurs prennent de plus en plus conscience qu’ils ne peuvent pas faire confiance à ces dirigeants qui défendent l’indéfendable Etat sioniste dans ses massacres.

Aux USA, au Royaume-Uni, en France, ou encore en Allemagne, des débats similaires prennent régulièrement place à propos des manquements à la loi concernant l'envoi d’armes et de matériel depuis 2023. Encore une fois, les travailleurs constatent que la loi ne s’applique pas pour tout le monde, que les entreprises trichent et trompent et qu’elles bénéficient généralement de la complicité des gouvernements qui leur garantissent l’impunité.

Si nous voulons réellement mettre un terme à ces échanges, il est urgent de recentrer le débat sur des formes d’action plus ambitieuses que le simple dépôt de plaintes ou le blocage symbolique d’entreprises complices une fois par an. Il nous faut remotiver, encourager et inciter par tous les moyens les syndicats et les travailleurs du secteur à s’organiser en vue non seulement de faire appliquer la loi, mais aussi d'instaurer un véritable contrôle démocratique sur la production et la logistique de ce matériel, qui sert aujourd’hui à tuer des enfants en Palestine — et ailleurs. Ce contrôle ouvrier sur la production ne s'obtient pas par la concertation sociale mais s'impose au patronat en développant au mieux la conscience de classe et en construisant le rapport de force. C’était par exemple le cas des ouvriers de l’usine Rolls Royce en Ecosse. Durant des années, ils ont refusé de réparer et entretenir les moteurs des avions de chasse de l’armée de l’air sous le régime militaire de Pinochet au Chili. Ce n’est ici qu’un exemple parmi tant d’autres dans l’histoire des luttes ouvrières.

Les travailleurs n’ont aucun intérêt à la prolifération de ce matériel vers les mains pleines de sang des puissances impérialistes. Les chaînes de production et ces technologies devraient être réorientées vers le bien commun, vers la production de choses utiles à la construction d’une société nouvelle, sans guerre, et non à la destruction de celle-ci. L’exemple qui doit nous inspirer est celui des travailleurs britanniques dans les années 70. C’est dans l’usine d’armement, Lucas Aerospace, que les ouvriers ont développé un plan de reconversion vers une production socialement utile. 

Les actions de blocage se multiplient un peu partout dans le monde, dans les ports, les aéroports, les fabriques d’armement etc. Il est temps de les coordonner à l’échelle mondiale pour dire STOP à l’armement d’Israël avant que Netanyahu et sa clique de va-t-en-guerre ne nous entraînent dans l'abysse des guerres impérialistes.