Suite à la mort de deux adolescents, de violentes émeutes confrontant les jeunes des quartiers populaires aux forces de police ont éclaté. La jeunesse issue de la classe ouvrière est maintenant dépeinte par la bourgeoisie au pouvoir en tant qu’irresponsable, violente et perturbatrice de l’ordre.

Suite à la mort de deux adolescents, de violentes émeutes confrontant les jeunes des quartiers populaires aux forces de police ont éclaté. La jeunesse issue de la classe ouvrière est maintenant dépeinte par la bourgeoisie au pouvoir en tant qu’irresponsable, violente et perturbatrice de l’ordre. En étant incapable de résoudre la paupérisation et l’exclusion dont sont victimes les jeunes des banlieues ouvrières sous le capitalisme, et en vivant au détriment de classe ouvrière, la bourgeoisie a encore une fois prouvé qu’elle n’est plus compatible avec l’évolution de la société et que son existence freine le cours de l’histoire.

Symptômes de la crise

Les émeutes de la semaine dernière, ainsi que le trafic de drogues et l’activité des « bandes » agitée depuis longtemps par le ministre de l’intérieur comme étant à l’origine de tous les maux, ne sont en fait que les symptômes d’une crise plus généralisée du capitalisme et de la gestion de classe bourgeoise.

À Clichy-sous-Bois, ville où ont commencé les affrontements, le chômage s’élève à 25 pour-cent soit près de 15 pour-cent au-dessus de la moyenne nationale. Nombre d'enfants et des jeunes adultes des cités se trouve en effet dans une situation sous laquelle il n’ont connu que le chômage, n’ayant jamais vu leurs parents travailler. Ces effets du capitalisme sont naturellement la cause de l’aliénation, des problèmes et du désespoir de la jeunesse et de la classe ouvrière.

Le désespoir sera naturellement encore plus répandu lorsque les émeutes s’arrêteront et que les jeunes seront contraints à se rendre compte que leur situation n’aura pas changé sinon pour le pire. Des émeutes telles que celles-ci ne peuvent naturellement pas déboucher sur des acquis positifs, tout d’abord du au fait qu’elles se basent sur des méthodes de lutte erronées et manquent d’un programme véritable. D’autre part comme nous l’avons déjà répété à plusieurs occasions, la jeunesse (ne constituant aucune classe en elle-même) est incapable de jouer un rôle indépendant dans l’histoire et doit subordonner ses demandes a celles de la classe ouvrière. Ce fait demeure vrai même dans le cas où les étudiant se rallient au mouvement de révolte des quartiers populaires. Seule la classe ouvrière est capable, par ses méthodes de lutte et sa relation avec les moyens de production, de changer le monde et de le diriger vers le socialisme et une société sans classe.

Le rôle de la police

Les propos tenus par le ministre de l’intérieur appelant à la « karchérisation » des banlieues et qualifiant les jeunes des banlieues de « racaille » sont, avec raison d’ailleurs, perçus par ces derniers comme étant de la provocation et comme une insulte. Les policiers, envoyés par le ministère de l’intérieur sont donc vus comme des ennemis à vaincre.

En remplacent la police de proximité par des compagnies de CRS, le gouvernement de droite n’a fait qu’aggraver le sentiment d’exclusion de la jeunesse des quartiers populaires.

Bien que les moyens utilisés par la police soient pour le moins indéfendables et le fait que cette police souhaite maintenant que l’on fasse intervenir l’armée, il ne faut pas en tant que marxiste sombrer dans une forme d’anti-autoritarisme primaire digne des sectaires et d'autres du même genre. L’UNSA-police, un syndicat de policiers s’est d’ailleurs opposé à l’envoi de l’armée car ce n’est pas « une situation de guerre ». Il ne faut pas oublier que les policiers sont essentiellement eux-mêmes issus de la classe ouvrière et que nombre d’entre eux vivent aussi dans les « cités ». Il est naturel que le niveau de conscience de classe des policiers soit, du fait de leur relation quotidienne avec les éléments les plus « arriérés » de la société, très basse et que ceci les rende particulièrement perméables à la démagogie autoritaire de la classe au pouvoir. À leur tour, les CRS, policiers de choc envoyés notamment en cas d’émeutes, représentent la couche la plus inconsciente et la plus « aventurière » des « forces de l’ordre ».

Il est certain que seule une police pédagogique et sous le contrôle des syndicats est capable de réduire le sentiment d’exclusion et de désespoir présent parmi les jeunes des quartiers populaires.

Une question de classe

En agitant le spectre du racisme et de l’immigration, les médias, même ceux dits de gauche, échouent, volontairement ou involontairement, à préciser qu’il s’agit ici fondamentalement d’une question de classe, ce qui fait le jeu de la bourgeoisie en divisant la classe ouvrière selon des lignes de nationalité. Bien qu’il y ait naturellement du vrai dans l’affirmation que les ouvriers issus de l’immigration subissent particulièrement la marginalisation sociale, il ne faut pas oublier que la jeunesse ouvrière autochtone subit-elle aussi l’aliénation et la paupérisation sous le capitalisme. Les marxistes doivent agir pour augmenter la conscience de classe des travailleurs, pour qu’ils cessent d’être une classe en elle-même pour devenir une classe pour elle-même (K. Marx). Le racisme a toujours été l’un des moyens préférés de la bourgeoisie pour diviser la classe ouvrière que ce soit par le biais des médias qui font en certains cas passer ces émeutes comme une révolte de la part de jeunesse immigrée envers le « pays d’accueil ».

Bien qu’il faille, en tant que marxiste, expliquer aux jeunes ouvriers et chômeurs que les révoltes actuelles ne sont en rien le moyen par lequel nous changerons le monde, l’on peut lire dans ces actions la naissance d’une conscience de classe distortionnée. Malgré cela, nous devons nous opposer à ce genre d’actions violentes et désorganisées qui frappent les gens modestes en détruisant entre autres leurs voitures, leur lieu de travail, de loisir ainsi que les écoles de leurs enfants. Les marxistes doivent en expliquant avec patience leur programme et leurs méthodes, tenter de canaliser les luttes et les demandes de la jeunesse travailleuse au sein du mouvement ouvrier, des syndicats et des organisations de jeunesse.

Socialisme ou Barbarie !

Quand viendra le retour à la « normale », le sentiment de désespoir sera énorme. Il y aura un sentiment de n’avoir rien accompli. Nous avons déjà expliqué le pourquoi de cela.

Ce fait prouve que seul un retour au pouvoir de la gauche (PS-PCF) munie d’un programme authentiquement socialiste est capable de résoudre les problèmes de la jeunesse et de la classe ouvrière et répondre à leurs demandes.

Pour l’instant le PS a fait savoir, par le biais de son porte-parole Julien Dray, que malgré le fait que la démission de Sarkozy pourrait être souhaitable compte tenu de ses déclarations, il s’oppose à cette démission car elle représenterait une « victoire » pour ceux qui « veulent sa tête ». De son coté, Patrick Braouezec, député PC de Seine-Saint-Denis, a appelé à un « Grenelle des quartiers populaires ». Certains élus de gauche ont aussi demandé l’instauration d’un couvre-feu.

Maintenant, la crise du capitalisme en France a été mise à nu. La bourgeoisie a prouvée que son existence et sa gestion sont incompatibles avec l’évolution de la société. La France et le monde font à présent face à une seule alternative : Socialisme ou Barbarie.