Il y a une semaine sortait dans les magasins français un jeu de société abordant de façon ludique la question de l’antifascisme, de l’antiracisme, de l’antisexisme et de l’antihomophobie, son nom : « Antifa : le jeu ». Son but avoué est de sensibiliser les joueurs sur les questions d’oppressions systémiques qui existent actuellement dans la société capitaliste.

Il n’en fallu pas plus pour que les réactionnaires de tous bords s’en offusquent et commencent à en réclamer la censure.

C’est lorsque que le syndicat des commissaires de police français se mit à réclamer également que le jeu soit retiré des rayons que la FNAC (la chaïne de magasin de distribution française) s’empressa de s’exécuter, avant de changer d’avis face à l’incompréhension généralisée suite à cette censure politique.

Cette incompréhension vient du fait que la FNAC censure ce jeu sur base des pressions de ceux à qui la notion d’antifascisme déplaît tandis qu’elle laisse en rayon des ouvrages comme « le Grand Remplacement » et « 2017 dernière chance avant le grand remplacement ». Deux ouvrages du militant d’extrême droite Renaud Camus dont les théories racialistes ont inspiré des tueries de masses comme lors des attentats de Christchurch en Nouvelle-Zélande qui ont fait 49 morts dans une mosquée et dont un des auteurs se réclamait ouvertement de cette théorie néofasciste…

Pendant quelques jours le jeu de société n’était plus disponible à la FNAC ou sur son site, malgré la critique élogieuse (maintenant elle aussi retirée) qu’en avait fait les travailleurs de la FNAC chargés de noter et commenter les objets vendus dans leur enseigne. En effet, dans les commentaires du site où ils ont évalué le jeu en question, ils décrivaient positivement le concept du jeu durant lequel les joueurs incarnent des militants antifascistes qui se forgent une conscience politique en essayant de mieux comprendre le pourquoi des oppressions dans la société.

Mais alors pourquoi ce jeu a-t-il été si vite retiré des rayons sans que la nouvelle direction ne tiennent compte du fait que les fondateurs même de la FNAC étaient d’anciens résistants antifascistes ? (Max Théret et André Essel sont en effet deux résistants antifascistes ayant été actif durant l’occupation, ils sont d’ailleurs tout deux d’anciens trotskystes).

Parce que l’extrême droite s’est littéralement déchaînée contre ce jeu, et n’a eu de cesse de mentir ouvertement sur son contenu à grands coups de ce qu’il faut bien appeler des Fake News, en essayant de faire croire que durant le déroulement la partie les joueurs étaient appelés à tabasser des militants de droite, à empêcher la tenue de meeting politique du RN, à lancer des cocktails Molotov sur la police, etc. Comme à son habitude l’extrême droite s’est empressée d’utiliser sa meilleure carte : la tromperie et le mensonge pour attaquer ses adversaires politiques et manipuler ceux et celles qui les suivent pour le moment. Ce qui n’a finalement pas joué en sa faveur, puisque cette effervescence à donner une visibilité inattendue au jeu de société et en a boosté les ventes au point qu’il est maintenant en rupture de stock sur le site des Éditions Libertalia. De plus, il a finalement été remis en rayon comme dit plus haut. Une victoire que nos Camarades des éditions Libertalia doivent en partie aux écervelés mythomanes d’extrême droite pour le coup.

La droite et l’extrême droite rêvent de pouvoir arriver à amalgamer fascisme et antifascisme alors qu’ils sont diamétralement opposés et que l’existence des antifascistes n’est que la réponse légitime et nécessaire à l’existence des fascistes et de leur haine raciste, sexiste, homophobe, transphobe et la violence qui l’accompagne généralement.

Quelle réponse face à l’extrême droite ?

Contre les attaques des fascistes de nos manifestations ( le dernier cas cas s’est déroulé à Lyon) nous devons nous défendre physiquement. La droite et l’extrême droite essaient alors de mettre la défense organisée de nos activités sur le même plan que leur violence. Ils nous peignent en personnages autoritaires et dangereuses. Il est important d’expliquer que c’est aussi absurde que de dire que les résistants français durant l’occupation allemande étaient pareils que les nazis qui occupaient le pays car les deux camps usaient de violence l’un envers l’autre…

Pour combattre la peste brune, le mouvement antifasciste et ouvrier doit parfois descendre sur le même terrain qu’elle, ce qui implique malheureusement de devoir parfois se défendre en usant de violence organisée et collective pour protéger les militants de gauche et les autres personnes innocentes que l’extrême droite attaque jour et nuit dans ses discours et ses actions.

Pour autant le gros de notre moyen de défense contre l’extrême droite et du poison diviseur de la discrimination qu’elle porte en elle, est l’action politique à l’aide d’un programme socialiste qui appelle à la solidarité de tous les opprimés, à la solidarité de classe donc, contre ce système qui engendre ces individus fascistes et qui leur donne des tribunes de plus en plus grandes…

Face aux fascistes qui font le jeu de la bourgeoisie de leur pays en divisant les prolétaires sur base ethnique, nous répondons en expliquant patiemment dans nos bouquins, nos articles et nos tracts qui mettent en avant notre programme, qu’au lieu de regarder quelles sont nos différences ethniques, religieuses, de genre, d’orientation sexuelle, etc… nous devons au contraire regarder quelles sont nos similitudes dans nos conditions de vie, de salaire, de traitement lors de nos grèves et nos manifestations, où que ce soit dans le monde d’ailleurs. Et qu’au lieu de stigmatiser des personnes gratuitement en les accusant d’être responsables des problèmes inhérents au capitalisme, nous devons au contraire trouver qui sont les vrais responsables de la déstabilisation politique des pays néocoloniaux et de l’exploitation et l’austérité grandissante en Belgique et ailleurs. Là sont les réels problèmes qui accablent les travailleurs du monde entier et les responsables sont toujours les mêmes depuis que ce système est en place : la classe capitalistes et son cortège représentants politiques dont les militants d’extrême droite font indubitablement vu les politiques qu’ils appliquent une fois au pouvoir.

Seule une rupture avec le capitalisme par des mouvements sociaux à l’échelle internationale nous permettra de couper l’herbe sous le pied des fascistes ainsi que sous celui des capitalistes qui se mettent de plus en plus à les financer (c.f. Bolloré et Zemmour) pour nous diviser et ainsi mieux régner. N’oublions pas ce qu’en disaient les résistants antifascistes les plus acharnés alors qu’ils en subissaient les atrocités avant et durant la 2ème guerre mondiale : le fascisme est la roue de secours du capitalisme pour se maintenir en place s’il devait être trop malmené par le mouvement ouvrier en révolte contre lui.