Tout est bon pour les dirigeants capitalistes pour essayer de resserrer les rangs autour de ce concept interclassiste qu'est la nation. On le savait. Mais si la FIFA se met à vendre ses services au plus offrant, alors les Mondiaux de foot deviennent de véritables entreprises de légitimation des politiques menées par les pouvoirs en place dans les pays qui l’organisent.

Il ne peut y avoir d'éthique, ni dans le sport, ni même ailleurs, dans une société où le pouvoir de l'argent est si grand. Les dirigeants de la FIFA, qui sont régulièrement accusés et condamnés pour corruption, se sont assis sur la soi-disant éthique dans le sport sous le capitalisme il y a bien longtemps... Le (deuxième) Mondial de football de 1934 a été organisé dans l'Italie fasciste de Mussolini dont le général Giorgio Vaccaro, qui était également président de la Fédération italienne de football, voulait, notamment grâce à l’organisation de cette compétition sur le sol italien, « montrer au monde ce qu’est l’idéal fasciste ».

En 1978, le Mondial a été organisé en Argentine alors que deux ans plus tôt un coup d'État militaire avait porté au pouvoir une junte militaire nationaliste catholique conservatrice (et anti-communiste) faisant des dizaines de milliers de victimes et 1,5 million d'exilés... et dont le dirigeant dictateur Jorge Videla sera plus tard condamné pour crimes contre l’Humanité. Ce Mondial fut donc également controversé à tel point certains joueurs de ce Mondial eurent quelques déclarations pour dénoncer ce qu’il se passait à l’époque en Argentine, mais on peut surtout souligner l’existence d’actions collectives de la part certaines équipes. Comme l’action d’une partie de l’équipe suédoise qui, durant une journée où elle n’avait pas de match, alla rejoindre les manifestations organisées par les « mères de la place de Mai » qui protestaient chaque semaine en face de la Casa Rosada (le siège du pouvoir exécutif argentin) pour réclamer que le gouvernement rende des comptes à propos de leurs enfants disparus durant les événements qui ont suivi le coup d’État militaire.

Concernant ce Mondial de foot en Argentine, des soupçons portent également sur un éventuel trucage des matchs pour faire gagner l’Argentine car des transferts massifs d’argent et de matières premières entre le gouvernement dictatorialde l’époque et d’autres pays ont été découverts par la suite.

En 2018, le Mondial a été organisé en Russie qui est également une infâme dictature capitaliste où les droits des LGBT et les droits de l’Homme sont régulièrement attaqués... et dont on sait aujourd’hui d’autant plus à quel point son régime poutinien est corrompu, belliqueux et répressif envers l’opposition et les militants progressistes de son pays. De nouveau, il est question de corruption concernant l’attribution de ce Mondial à la Russie, mais également pour celui du Qatar cette année 2022.

Un mondial de nouveau taché de sang

Aujourd'hui les footballeurs du monde entier jouent devant leur public sur les véritables cimetières indiens que sont les stades climatisés qataris alors que de plus en plus de critiques s’élèvent à mesure que les gens découvrent, grâce au travail des journalistes et des militants qui le dénoncent, la nature du régime de ce pays alliés des puissances capitalistes occidentales depuis toujours ou presque.

Et pendant que certains s’indignent du prix des hamburgers dans les stades, d’autres essayent de détourner le regard des conditions de travail dans lesquelles ce Mondial s’est construit et préparé. Ce n’est pas normal. Nous devrions pouvoir regarder le foot, qui n’est qu’un sport, sans que cela nous pose le moindre cas de conscience… Mais les dirigeants corrompus de la FIFA en ont décidé autrement.

De leur côté les dirigeants capitalistes du monde entier ou presque ferment carrément les yeux sur les horreurs liées à ce Mondial pour jouer cette précieuse carte du nationalisme. Et certains, comme Macron, appellent même « à ne pas politiser le sport » qui, comme tout le reste dans une société où existe l’oppression, est éminemment politique. Qu’y a-t-il d’ailleurs de plus politique que cette exploitation du travail forcé réalisée dans le bafouement complet des droits humains ?

À noter que si certains joueurs du Mondial de 1978 en Argentine ont protesté collectivement ou individuellement, on peut par contre souligner l’absence régulière de dénonciations de la part des footballeurs de ce Mondial qatari qui se laissent museler sans trop broncher et dont certains, comme le gardien de l’équipe de France Hugo Lloris, vont même jusqu’à dire qu’il faut « montrer du respect pour les idées de ce pays » … Ce pays qui fait pendre en place publique des personnes soupçonnées d’homosexualité, qui opprime les femmes en ne leur accordant pas les mêmes droits que les hommes et en les rappelant sans cesse à leur condition « d’inférieure », ce pays accusé de faire travailler des immigrés dans des conditions rappelant l’esclavage, sans sécurité sociale, sans droit de garder sur eux leur passeport les empêchant ainsi de rentrer chez eux quand ils le voudraient.