Fin janvier, les ministres européens des affaires étrangères ont donné leur feu vert à l’envoi des soldats de l’EUFOR au Tchad. D’après la ligne officielle, cette opération militaire, emmenée par l’impérialisme français, a pour objectif de protéger les camps de réfugiés, dans le pays. En réalité, la France et ses alliés soutiennent ouvertement le régime du dictateur Idriss Déby dans la guerre contre le Soudan et différents groupes rebelles.

La catastrophe humanitaire des réfugiés du Darfour n’est pas seulement la conséquence de l’activité des milices soudanaises. Le conflit au Darfour – et ses répercussions au Tchad – a commencé comme une extension de la guerre pour le contrôle des réserves de pétrole situées au centre et au sud du Soudan. A l’époque, cette guerre opposait l’Armée de Libération Soudanaise, appuyée par les Etats-Unis, au régime fondamentaliste de Khartoum, alors appuyé par la France. Plus récemment, la Chine a pris le contrôle de la plupart des ressources pétrolières du pays – au grand dam des impérialismes français et américain.

Le conflit au Darfour est lié aux intérêts de l’impérialisme français au Tchad. Ces intérêts seraient gravement atteints si le régime de Déby chutait, ce qui serait inévitable s’il perdait le contrôle de sa principale base de soutien, à l’est du pays. D’où le bombardement de cibles, au Soudan, par le régime tchadien, et les attaques des forces rebelles qui opèrent à partir du territoire soudanais. Le régime de Déby est une dictature sanglante et corrompue qui n’existe que par la grâce de l’impérialisme français, qui utilise son ancienne colonie comme une base dans la poursuite de ses intérêts au Sahara. Dans le conflit en cours, l’armée française soutient activement le régime de Déby.

La lutte des impérialistes pour le contrôle des matières premières constitue la toile de fond d’un conflit qui ne cesse de s’aggraver. La hausse des cours rend le pétrole du Sahara beaucoup plus attractif – malgré le fait qu’il est profondément enfoui sous terre. On estime que le pétrole africain constitue 10 % des réserves mondiales. Le Tchad occupe une position importante à cet égard. En 2002, le gouvernement américain déclarait qu’au vu de l’instabilité du Moyen-Orient, le contrôle des réserves pétrolières de l’Afrique devenait un objectif stratégique central de sa politique étrangère. Les Etats-Unis prévoient de réaliser 25% de leurs importations pétrolières à partir de l’Afrique, d’ici 2015. Cependant, la France et la Chine manifestent, eux aussi, le plus grand intérêt pour l’avenir des richesses pétrolières du continent.

Ces conflits, au Darfour et au Tchad, sont des « guerres par procuration » classiques entre les Etats-Unis, la France et la Chine, pour le contrôle des ressources pétrolières du Sahara. Une fois de plus, la misère des réfugiés et les conflits ethniques du continent africain ne servent que de couverture aux manœuvres impérialistes. L’interférence impérialiste est la cause réelle de la misère et de la barbarie qui saignent l’Afrique. La situation désespérée des masses n’est qu’un prétexte à de nouvelles interventions impérialistes.

Personne n’est moins qualifié, pour mener des « missions humanitaires », que ces Etats dont la politique intérieure est une succession d’agressions racistes et inhumaines contre les immigrés, les travailleurs et la jeunesse.

Dans le cadre de l’EUFOR, au Tchad, les troupes de pays comme l’Autriche, la Belgique, la Finlande, l’Irlande, la Hollande, la Pologne, la Roumanie et la Suède se rendent complice des objectifs de l’impérialisme français. Elles participeront à cette sale guerre pour des matières premières. Leurs motivations « humanitaires » ne sont qu’un écran de fumée pour cacher leurs véritables objectifs.

Le mouvement ouvrier des pays impliqués dans l’EUFOR ne peut pas rester passif. Nous en appelons aux organisations de la jeunesse et des salariés, pour qu’elles élèvent leur voix contre cette intervention militaire.

* Pas un soldat, pas un euro pour la mission de l’EUFOR. Nous demandons l’arrêt immédiat de cette mission et de toute assistance apportée aux parties en guerre.
* Les mouvements syndical, communiste et socialiste doivent mener campagne pour empêcher le transport des soldats et la livraison de denrées et matériel aux troupes de l’EUFOR.
* La paix, la stabilité et la prospérité ne sont pas possibles sous la domination impérialiste et l’exploitation capitaliste.
* Le comportement des cliques dirigeantes d’ex-colonies telles que le Tchad montre qu’aucune indépendance ne sera possible tant que les travailleurs et les masses exploitées ne prendront pas leur destinées en main. Une authentique indépendance n’est possible qu’en brisant les fondements de la dépendance économique à l’égard des puissances impérialistes. Cela signifie la nationalisation des ressources naturelles, des infrastructures, des banques et de l’industrie sous le contrôle des travailleurs africains eux-mêmes.

 

Unité Socialiste

Publication : jeudi 21 février 2008


Version anglaise

International Appeal : No Blood for Oil ! International Troops out of Chad !

At the end of January, EU foreign ministers gave the green light to send EUFOR troops to Chad. According to the "official" line, this military operation, led by French imperialism, is to help protect the refugee camps in the country. In reality, France and its allies openly support the regime of dictator Déby in a dirty war against Sudan and various rebel groups.

The human catastrophe of the refugees in Darfur is not only the result of the displacement of civilians by Sudanese militias. The conflict in Darfur - and its repercussions within Chad - began as an extension of the war for control of the oil reserves in central and southern Sudan. This war was fought out between the US-backed Sudanese Liberation Army (SLA) and the fundamentalist regime in Khartoum, supported by France, at the time. More recently, China has gained control over most of the oil resources in the country, much to the dismay of both US and French imperialism.

The conflict in Darfur is linked to the question of French imperialist interests in Chad, which would suffer a fatal blow if Déby regime collapses, and this is inevitable if it loses control of its main power base in the eastern frontier region. Hence the bombing of targets in Sudan by the Chad regime and the attack on N’Djamena by rebel forces operating out of Sudan. The Déby regime is a bloody and corrupt dictatorship which exists by the grace of French imperialism, Chad’s former colonial power, which uses the country as a base for the pursuit of its interests in the Sahara. The French army is actively supporting the Déby regime in the present conflict.

The race of the imperialist powers for local resources and important raw materials forms the backdrop of this worsening conflict. Increasing oil prices also make Saharan oil, located deep underground, far more attractive. An estimated 10% of worldwide oil reserves are to be found in Africa. Since 2003, Chad has been a net oil-producing country and therefore of increased strategic interest. Back in 2002 the USA declared that, because of the increasing instability in the Middle East, the assurance of African oil reserves would become a central strategic aim of its foreign policy. The USA plans on getting 25% of its oil imports from Africa by 2015. However, France and China are also showing big interest in the future oil wealth of this region.

These conflicts in Darfur and in Chad are classical proxy wars, by the USA, China and France, for the oil resources of the Sahara. The misery of the refugees as well as the ethnic conflicts of the African continent, are once again serving as a cover for imperialist manoeuvres. Imperialist interference is the real cause for this misery and barbarism in Africa. The desperate position of the masses is once again being used to legitimize further interference.

Nobody is less qualified to lead humanitarian missions than states which are characterized by racist and inhuman policies against migrants, workers and youth in their own countries.

With this EUFOR mission in Chad, troops from countries like Austria, Belgium, Finland, Ireland, the Netherlands, Poland, Romania and Sweden become accomplices to France’s imperialist aims. They will be part of a dirty war for raw materials. Their "humanitarian" motivation to protect the refugees is nothing more than a smokescreen to hide their real interests.

The labour movement in the countries involved in this EUFOR mission cannot stand idly by. We appeal to the labour and youth organisations of these countries to raise their voice in protest against this military mission.

* Not a soldier - not a single cent for the EUFOR-mission. We demand the immediate end of this military mission and the end of any assistance to the warring parties.
* Propagate in the trade unions and socialist/labour/communist parties a campaign for the prevention of further troop transports and the delivery of fresh supplies for the EUFOR troops.
* Enduring peace, stability and prosperity are not possible under imperialist domination and capitalist exploitation.
* The ruling elites of ex-colonial countries like Chad show that no genuine independence is possible unless the workers and the exploited masses take their destinies into their own hands. Genuine independence can only be achieved by destroying the foundations of economic dependence on the imperialist powers. This is only possible through the nationalisation of the natural resources, infrastructure, trade and industry under the democratic control of the African working people.

In Defence of Marxism

 

 

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 Révolution 50 1 page 001

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