Lors du développement du mouvement environnemental dans les années 1970, les penseurs écologistes s’opposèrent de façon dogmatique au marxisme. Selon eux, Marx avait certainement des choses intéressantes à dire au sujet des questions sociales et économiques, mais rien au sujet de l’écologie et de la nature. On le présenta alors comme un optimiste aveugle, un défenseur du progrès et de l’industrialisation du XIXème siècle, qui délaissait la question environnementale.

Cette réaction se comprend en partie. Beaucoup d’activistes verts désiraient se démarquer des dictatures staliniennes et du « marxisme » défiguré, incarné par les partis communistes en Europe de l’Ouest. Mais cette réaction se révèle myope et dénuée de tout fondement scientifique ; on jette ainsi le bébé – et les livres de Marx - avec l’eau du bain. John Bellamy Foster, un activiste environnemental américain et professeur en sociologie, a, lui, fait l’effort de lire les textes de Karl Marx et de Frédéric Engels en profondeur. Voici sa conclusion :

« L’écologie de Marx nous offre une méthode critique pour mener le combat contre une limite importante de la pensée écologique contemporaine : l’incapacité de développer un matérialisme dialectique écologique qui relie la ‘question de la nature’ au problème de la société dans laquelle nous vivons ».

Bien que Marx et Engels n’aient jamais spécifiquement étudié les questions écologiques, leur vaste œuvre contient une analyse cohérente de ces enjeux sous le capitalisme. En étudiant leurs idées écologistes (le mot n’existait pas encore), on ne peut que conclure qu’ils étaient préoccupés du sort de la nature. Pas question ici d’un amour abstrait pour la « nature sauvage » : leur attention était tournée vers l’évolution permanente de la nature sous l’effet (pas nécessairement négatif) de l’action humaine. Une interaction plus rationnelle et consciente entre la nature et l’Homme pouvait, selon eux, mener à plus de liberté et à un épanouissement personnel et social plus complet. Plutôt que de préserver une nature « vierge » ou « sauvage », il s’agissait pour eux de transmettre la nature dans un meilleur état aux générations futures.

Marx et Engels esquissent leurs idées écologistes en réaction aux questions environnementales de leur époque : la pollution omniprésente et les conditions de vie insalubres dans les villes, le déracinement des communautés villageoises, la déforestation et l’épuisement des terres agricoles. Le capitalisme engendre alors une ‘rupture métabolique’ entre l’Homme et la nature. L’impact humain irrationnel résultant du fonctionnement incontrôlé du marché et de la poursuite effrénée du profit menace l’équilibre écologique général, en particulier à travers le réchauffement climatique. 

Marx et Engels fournissent non seulement une analyse profonde des causes des dégradations environnementales, mais ils décrivent également une possible issue : les fondateurs du marxisme sont arrivés à la conclusion qu’une solution à l’exploitation systématique de la nature n’existe pas sous le capitalisme. Une nouvelle organisation de la société s’impose : une société socialiste, où la classe ouvrière planifie son impact et sa relation avec la nature de façon rationnelle. Ceci est seulement possible si les 99% de la population contrôlent vraiment la production économique de manière collective et démocratique, alors qu’aujourd’hui, l’économie et toute la société sont contrôlées par une minorité insignifiante, la classe des capitalistes et ses représentants politiques.

Le métabolisme entre les Hommes et la nature

Le marxisme est plus qu'une analyse sociale ou économique du capitalisme. C'est une méthode scientifique à la recherche d’une vision globale du monde. D’un point de vue pratique, au cours de la lutte des classes, cette méthode sert également à contrer les dogmes de la religion ou les théories pseudo-scientifiques sur la « nature égoïste » de l'homme. La philosophie marxiste est ainsi souvent résumée par l’expression « matérialisme dialectique ».

« Matérialisme », parce que les marxistes prennent toujours comme point de départ la matière, les atomes et les particules encore plus petites qui constituent tout ce qui nous entoure. Cette attitude s’oppose à une vision idéaliste, qui prend les idées, les concepts abstraits ou les pensées pour la pierre angulaire de la vie. La religion est un exemple de vision idéaliste du monde pour laquelle tout commence et se termine avec un Dieu insaisissable.

La « dialectique » met l'accent sur la dynamique : tout est en mouvement. La matière, jusqu'à la plus petite cellule, est constamment en mouvement et chaque atome ou particule est en interaction constante avec son environnement. Pour reprendre les mots de Friedrich Engels :

« Le mouvement est le mode d'existence, la caractéristique la plus inhérente de la matière. »

Pendant des siècles, l'Église catholique a propagé l'idée que l'Homme ne faisait pas partie de la nature, prétendant qu’il/elle était plus proche de Dieu que tout autre être vivant et qu’il avait reçu la nature comme un don à utiliser à sa guise.

Aujourd'hui, une idée contraire émerge : il n'y aurait pas de différence entre les différentes formes de vie, entre les plantes, les animaux et les Hommes. Le matérialisme dialectique affirme, certes, que l’être humain fait partie intégrante de la nature. Cependant, l'Homme se distingue des autres formes de vie parce qu'il est capable de travailler : les humains peuvent consciemment et collectivement modifier l'environnement qui les entoure et l'adapter à leurs besoins. Nous pouvons fabriquer des outils pour produire des choses sophistiquées. C’est d’ailleurs ce processus qui est à l'origine de la transition des primates aux humains. Pour cette raison, le travail est la base de toute société et régule la relation de l'Homme avec la nature. Afin de souligner que la relation entretenue par l’Homme avec la nature est une relation matérielle, Marx parle donc de « métabolisme » entre l’Homme et la nature. Une illustration de ce métabolisme est la consommation quotidienne de nutriments nécessaire pour que l’Homme reste en vie. Cette nourriture est obtenue par le travail : cultiver le grain, le moudre, puis pétrir la pâte et finalement cuire le pain ou l’acheter chez le boulanger.

Bien qu'il n'y ait pas de dichotomie entre l'Homme et la nature, l'humanité vit en modifiant l'environnement naturel par le travail. Les marxistes ne voient pas la nature comme une entité isolée mais comme une source dynamique de vie en perpétuel changement et développement. Laissons la parole à Marx :

« Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps qu'il agit par ce mouvement, sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent. » (Marx, Le Capital, Vol I, Chapitre VII)

« [La richesse matérielle] a pour père le travail et pour mère la terre »

Dans le premier chapitre du Capital, Marx reprend cette citation de William Petty, économiste radical du XVIIème siècle et bras droit du révolutionnaire britannique Oliver Cromwell. Marx s'oppose par-là aux fondateurs de l'économie libérale comme Adam Smith ou David Riccardo et aux autres représentants de la classe dirigeante comme Thomas Malthus, qui soutenaient que la valeur d’usage (la capacité de satisfaire un besoin) et la richesse provenaient uniquement du travail humain, et qui concevaient la nature comme un cadeau gratuit fait à l'Homme. Ce faisant, ils reflétaient en réalité l'attitude de leur classe à l'égard de tout : la nature en tant que (leur) propriété qu'ils pouvaient exploiter à leur guise.

Cette idée a également été adoptée par les premiers partis ouvriers. Dans le programme de Gotha (1875), le Parti ouvrier allemand a soulevé la question comme suit :

«Le travail est la source de toute richesse et de toute culture.»

Marx a fortement critiqué ce simplisme, dans les termes suivants :

 « […]un programme socialiste ne saurait permettre à cette phraséologie bourgeoise de passer sous silence les conditions qui, seules, peuvent lui donner un sens. […] Le travail n'est pas la source de toute richesse. La nature est tout autant la source des valeurs d'usage (qui sont bien, tout de même, la richesse réelle !) que le travail, qui n'est lui-même que l'expression d'une force naturelle, la force de travail de l'homme. »

(Marx, Critique du programme de Gotha)

Face à la vision de la nature comme propriété, dépourvue de toute dynamique ou valeur, Marx pense qu’il faut chérir celle-ci :

« Lorsque la société actuelle sera arrivée à un degré d'organisation économique plus élevé, le droit de propriété de quelques individus sur les terres constituant le globe paraîtra aussi absurde que semble insensé, dans la société d'aujourd'hui, le droit de propriété d'un homme sur un autre homme. Ni une nation, ni toutes les nations couvrant le globe ne sont propriétaires de la terre ; elles n'en sont que les possesseurs, les usufruitiers, ayant pour obligation, en bons pères de famille, de la transmettre améliorée aux générations futures. »

(Marx, Le Capital, Vol III, Chapitre 46)

La théorie de la valeur

Une des contradictions du capitalisme est celle entre la valeur d'échange et la valeur d'usage. La valeur d’usage d'une marchandise ou d'un service est la mesure dans laquelle il est utile et répond aux besoins. La valeur d'échange exprime le prix ou la valeur d'un bien par rapport à un autre lorsqu'il est vendu ou échangé. Prenez, par exemple, une bouteille d'eau. Sa valeur d’usage est d’étancher votre soif. La bouteille est vendue à 0,5 euros : c'est sa valeur d'échange. Lorsque vous buvez l'eau d'un puits, la valeur d'usage est la même, mais la valeur d'échange est nulle. En termes de marché, cette eau est un « cadeau », ce qui est une façon très limitée de l’apprécier.

Sous le capitalisme, un système dans lequel on produit pour faire du profit, la valeur d'échange prend invariablement le dessus sur la valeur d'usage. Un bien n'est pas produit pour satisfaire des besoins, mais pour être vendu sur le marché. Le capitaliste ne produit pas nécessairement ce qui est utile, mais ce qui peut être vendu à des acheteurs qui ont suffisamment de moyens pour se le procurer. Par exemple, un très grand nombre d'immeubles sont inoccupés, tandis que des sans-abris sont incapables de payer leur loyer. La valeur d'échange est l'expression de la quantité de travail socialement nécessaire qui a été mise dans la production d'un bien ou d'un service. Elle peut être calculée comme le salaire de tous les travailleurs qui ont joué un rôle dans la production et la distribution, auquel il faut ajouter le profit (ou travail non rémunéré) réalisé par les capitalistes.

Comme la nature ne vend la valeur qu'elle produit sur aucun marché, cette valeur n'est jamais incluse dans le calcul. La course au plus grand profit possible, la raison d’existence du capitalisme, crée une dynamique qui emprisonne les entreprises dans le court terme. Une entreprise, quelle que soit sa taille, qui prendrait soudainement en compte le coût de son impact écologique (par exemple en investissant dans les installations les plus innovantes sur le plan écologique), serait rapidement poussée hors du marché par un concurrent qui ne le ferait pas. Cela n’a pas échappé à Friedrich Engels :

« Là où des capitalistes individuels produisent et échangent pour le profit immédiat, on ne peut prendre en considération au premier chef que les résultats les plus proches, les plus immédiats. Pourvu que, individuellement, le fabricant ou le négociant vende la marchandise produite ou achetée avec le petit profit d'usage, il est satisfait et ne se préoccupe pas de ce qu'il advient ensuite de la marchandise et de son acheteur. Il en va de même des effets naturels de ces actions. Les planteurs espagnols à Cuba qui incendièrent les forêts sur les pentes et trouvèrent dans la cendre assez d'engrais pour une génération d'arbres à café extrêmement rentables, que leur importait que, par la suite, les averses tropicales emportent la couche de terre superficielle désormais sans protection, ne laissant derrière elle que les rochers nus ? Vis à vis de la nature comme de la société, on ne considère principalement, dans le mode de production actuel, que le résultat le plus proche, le plus tangible ; et ensuite on s'étonne encore que les conséquences lointaines des actions visant à ce résultat immédiat soient tout autres, le plus souvent tout à fait opposées. »

(Friedrich Engels, Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme, 1876)

La contradiction entre la valeur d'usage et la valeur d'échange ne peut être résolue que dans une société où la production n'est pas à but lucratif, mais se fait sur la base de la valeur d'usage (besoins écologiques et sociaux). Il en va de même pour la reconnaissance de la valeur de ce que la nature produit et des dommages causés par l'impact humain sur elle.

Aliénation de l'homme avec la nature

En fait, Marx et Engels ont commencé à réfléchir sur la relation problématique entre l'Homme et la nature dans leurs études sur « l'aliénation ». Cette aliénation est une frustration psychologique profondément enracinée qui découle du fait que, sous le capitalisme, et dans toute autre société de classe, le travail humain n'est pas libre. Les gens ne travaillent pas en fonction du résultat final de leur travail mais par nécessité d'obtenir un revenu. Le fruit du travail, qui occupe à peu près la moitié de la durée de vie d'une personne, est complètement retiré des mains de la classe ouvrière ; il tombe dans l’escarcelle de la classe dirigeante. Il en va de même pour les petits indépendants, soumis au client et surtout à la banque à laquelle il faut rembourser les prêts.

L'aliénation s'applique aussi à la relation entre l'Homme et la nature. Selon les mots du révolutionnaire anabaptiste du XVIème siècle Thomas Müntzer :

« Le cloaque de l'usure, du vol et du brigandage, ce sont les princes et les seigneurs qui font de toutes les créatures vivantes leur propriété : les poissons dans l'eau, les oiseaux dans le ciel, les plantes sur la terre. »

Et Marx d’ajouter :

“La créature doit elle aussi devenir libre”. (La Question Juive, 1843)  

Au sein de la société de classe, la majorité de la population est soumise à la recherche de la plus grande richesse possible, pour la classe dirigeante. Sur cette base, il ne peut y avoir de relation rationnelle, égale et libre entre l'Homme et la nature et entre les hommes.

"Ce n'est pas l'unité de l'humanité vivante et active avec les conditions naturelles et inorganiques de leur échange métabolique avec la nature, et donc leur appropriation de la nature, qui doit être expliquée ou qui est le résultat d'un processus historique, mais plutôt la séparation entre ces conditions inorganiques de l'existence humaine et cette existence active, une séparation qui est pleinement exprimée dans la relation entre travail salarié et capital. "

 (Marx, Grundrisse, 1857-58)

Antagonisme entre ville et campagne

La destruction de la relation entre l'agriculteur et sa terre a eu lieu lors de l’émergence des premières sociétés de classe (par exemple les Grecs Anciens). Le moyen de production le plus important à cette époque, la terre agricole, a été soustrait au contrôle de la communauté et est devenu une propriété privée. Il s'en est suivi une dynamique dans laquelle les agriculteurs les plus riches ont pu s'approprier de plus en plus de terres par le biais de l'endettement. Le travail des paysans, y compris celui des esclaves endettés, a alors servi à augmenter la richesse de la classe dirigeante. La culture de la terre ne suscitait plus aucune satisfaction ; elle ne servait plus le progrès de toute la communauté. Elle est devenue un fardeau, une exploitation et un travail forcé.

Avec le développement des forces de production, l'aliénation et l’absence de contrôle rationnel sur le sort de l'humanité sont devenus encore plus grands ; avec l'essor des premières villes, le contraste entre zones urbaines et zones rurales s'est fortement accentué. Le développement de la société a été beaucoup plus rapide en ville qu'à la campagne. Les échanges économiques entre les produits du tissu urbain et ceux de l'agriculture sont devenus inégaux. Les campagnes se sont appauvries et ont été désavantagées. En même temps, les villes restaient séparées de la campagne. Les déchets urbains ne pouvaient plus être absorbés par la nature, d'où pollution, épidémies et cadre de vie détérioré.

Marx et Engels revenaient systématiquement à cette opposition entre villes et campagnes ; son élimination faisait partie de leur programme en dix points, détaillée dans le Manifeste Communiste :

« Combinaison du travail agricole et du travail industriel ; mesures tendant à faire graduellement disparaître la distinction entre la ville et la campagne. »

Engels est plus clair encore :

 « La suppression de l'opposition de la ville et de la campagne n'est donc pas seule­ment possible. Elle est devenue une nécessité directe de la production industrielle elle-même, comme elle est également devenue une nécessité de la production agri­cole et, par-dessus le marché, de l'hygiène publique. Ce n'est que par la fusion de la ville et de la campagne que l'on peut éliminer l'intoxication actuelle de l'air, de l'eau et du sol ; elle seule peut amener les masses qui aujourd'hui languissent dans les villes au point où leur fumier servira à produire des plantes, au lieu de produire des maladies. »

(Friedrich Engels, Anti-Dühring, 1877)

Les changements à grande échelle qui seraient nécessaires pour cela sont l’actuel objet d’étude de la biologie urbaine.

Rupture métabolique

Ces contradictions entraînent une rupture métabolique, un point de basculement où le processus de renouvellement naturel est perturbé. Nous avançons maintenant à un rythme rapide vers un point où l'équilibre naturel serait à jamais rompu.

Marx est arrivé à cette conclusion à la suite des problèmes agricoles apparus à partir des années 1860. L'augmentation de la production nécessitait de plus en plus de fumier, mais, en parallèle, l'urbanisation augmentait l'exode rural, ce qui a amené à une séparation physique entre la source (humaine) de fumier et les terres agricoles qui en avaient besoin. Le capitalisme n'a pas été capable de résoudre ce problème par une politique publique et rationnelle des déchets. Le développement de l'industrie chimique a semblé résoudre le problème, mais n’a fait que le repousser en réalité. Selon Marx :

«[La production capitaliste] détruit non seulement la santé physique des ouvriers urbains et la vie intellectuelle des travailleurs de la campagne, mais trouble encore la circulation matérielle entre l'homme et la terre, en rendant de plus en plus difficile la restitution de ses éléments de fertilité, des ingrédients chimiques qui lui sont enlevés et usés sous forme d'aliments, de vêtements, etc.»  (Marx, Le Capital, Vol I, Chapitre XV)

L’exploitation du travail et celle de la nature sont les deux faces d’une même médaille :

 « Dans l'agriculture moderne, de même que dans l'industrie des villes, l'accroissement de productivité et le rendement supérieur du travail s'achètent au prix de la destruction et du tarissement de la force de travail. En outre, chaque progrès de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l'art d'exploiter le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l'art d'accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. Plus un pays, les Etats-Unis du nord de l'Amérique, par exemple, se développe sur la base de la grande industrie, plus ce procès de destruction s'accomplit rapidement. La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu'en épuisant en même temps les deux sources d'où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur. » 

Société socialiste

Au cours de l’histoire, l'interaction entre l'Homme et la nature a été profondément bouleversée par l'avènement de la société de classes et par l'enrichissement d'une petite minorité sur le dos de la majorité de l'humanité et de la nature. La crise climatique actuelle découle du système capitaliste, qui fonctionne sur la base des intérêts étriqués et court-termistes des capitalistes.

Afin de rétablir cette relation à un niveau supérieur, il est nécessaire de contrôler la production. Mais il n'est pas possible de contrôler ce que l’on ne possède pas. Sauver la nature de la « rupture métabolique » qui surviendrait avec un réchauffement climatique dépassant 1,5°C requiert une révolution socialiste. La classe ouvrière doit prendre en mains les rennes de la société et sortir les secteurs clés (banque, production d'énergie, construction, métal et transport) du contrôle du secteur privé pour qu'ils deviennent un bien commun. Sur la base d'un contrôle et d’une gestion démocratiques, l'anarchie de l'économie du marché pourra être remplacée par une économie planifiée. Une société socialiste dans laquelle la production est adaptée aux besoins sociaux et environnementaux sera capable de faire ce dont la production capitaliste est incapable : construire une société durable, sans pénuries artificielles et dans laquelle les besoins de chacun seront comblés.

« A ce point de vue la liberté [face aux besoins matériels] ne peut être conquise que pour autant que les hommes socialisés, devenus des producteurs associés, combinent rationnellement et contrôlent leurs échanges de matière avec la nature, de manière à les réaliser avec la moindre dépense de force et dans les conditions les plus dignes et les plus conformes à la nature humaine. »

(Marx, Le Capital, Vol III, Chapitre 48)

Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a calculé que la nécessaire transition énergétique coûtera 43.000 milliards de dollars en investissements chaque année jusqu'en 2030 [1]. Cet objectif est impossible à atteindre sous le capitalisme, car les entreprises qui investiraient de telles sommes dans l'innovation écologique risqueraient de perdre leur avantage compétitif. Dans une société socialiste, il suffirait d'un choix basé sur les analyses scientifiques et correctement planifié pour transmettre la Terre dans un meilleur état à la génération suivante.

Pionnier de l'avenir

Les idées écologistes de Marx sont plus profondes qu'on ne le pense souvent. Elaborées il y a 150 ans, plus d’un siècle avant que l’écologie ne devienne une thématique de premier plan, elles sont toujours aussi pertinentes aujourd’hui. Ces idées représentent une boussole pour chaque activiste, et contiennent un message clair : sous le capitalisme, il ne peut y avoir de relation rationnelle entre l'Homme et la nature. Cela exige un changement socialiste de société.

Le fait que les idées de Marx et d'Engels dans le domaine de l'écologie soient encore si justes nous donne confiance dans l'arsenal des idées marxistes. Le marxisme se base sur (et travaille à) la généralisation des expériences passées du mouvement ouvrier ; il montre que le changement social ne doit pas se limiter à des exhortations sur papier n'est pas seulement nécessaire sur papier. Les révolutions se produisent lorsque la masse de la population active ne tolère plus l'état actuel des choses et décide de prendre son destin en main. Les marxistes peuvent jouer un rôle essentiel dans un tel mouvement : utiliser leur expérience, leur formation et leur organisation pour bouter la classe capitaliste hors du pouvoir et donner à la classe ouvrière la confiance dont elle a besoin pour construire une nouvelle société socialiste.

Si vous êtes d'accord avec nos idées, rejoignez la Tendance Marxiste Internationale. Formez-vous, organisez-vous pour l'unité entre les étudiants et les travailleurs et pour un changement socialiste de société. 

[1] IPCC, 2018, Global Warming of 1,5°C