La hausse des prix de l'énergie devient un véritable gouffre financier pour de nombreuses familles. La CREG, l'organisme de surveillance de l'énergie, a calculé qu'une famille moyenne ayant un contrat variable doit s'attendre à une facture annuelle de 2 800 euros. C'est 1800 euros de plus que l'année dernière. Les prix des denrées alimentaires dans les supermarchés vont également augmenter de 5 à 6 % en moyenne au début de cette année).


L'inflation est de retour. Aux États-Unis, l'inflation atteint 7 %. Il s'agit du taux le plus élevé depuis 40 ans. Dans la zone euro, l'inflation a également fortement augmenté, atteignant le chiffre record de 4,9 %. La moyenne belge, à 5,64 %, est encore plus élevée.

L'explosion des prix de l'énergie a été vraiment spectaculaire, battant tous les records. Le gaz et l'électricité ont connu une augmentation de 700 % par rapport à ce qui était considéré comme normal au début de la pandémie. Cependant, les prix augmentent dans tous les domaines et à tous les stades du processus de production, y compris les services.

Jusqu'à récemment, la plupart des économistes et les principales institutions internationales répétaient que l'inflation serait de courte durée. Selon ce raisonnement, les facteurs à l'origine de la flambée seraient ponctuels. Le fort rebond, résultat de la réouverture de l'économie mondiale crée certes des goulets d'étranglement logistiques et des prix élevés des produits de base. Mais on estimait que ceux-ci seraient transitoires.

Toutefois, les perspectives commencent à changer. Dans Trends, par exemple, on peut lire : « L'adage selon lequel l'inflation est temporaire semble usé jusqu’à la corde. Les gardiens du système monétaire de la zone euro sont en train de changer de discours. » (1)

« En 2021, l'inflation a repris fortement partout, et sans doute n'est-ce que le début », conclut l'économiste en chef de BNP Parisbas Fortis. (2)

L'inflation restera certainement présente l'année prochaine.

Pourquoi cette inflation ?

L'inflation est la dépréciation de la monnaie. Elle se produit lorsque le prix d'un grand nombre de biens et de services augmente et que l'on peut acheter moins pour avec la même somme d’argent.

Cela peut être le cas lorsque davantage d'argent entre en circulation alors que le nombre de biens et de services produits n'augmente pas. Par exemple,  si deux fois plus d'euros circulent alors que la production est restée constante, la valeur de l'euro diminue de moitié. Une autre cause de l'inflation se produit lorsque le prix d'une matière première essentielle qui est incorporée tout au long de la chaîne de production augmente, comme le pétrole.

Le pétrole brut est utilisé dans les carburants, et donc indirectement dans le coût du transport et de la production, ainsi que dans les produits dérivés tels que le plastique. L’inflation actuelle est une combinaison de ces deux causes principales, auxquelles s’ajoutent d'autres facteurs issus de la crise du covid. Craignant une grande instabilité sociale, qui s'accompagnerait d'un effondrement économique complet, la classe dirigeante internationale est intervenue avec des programmes de soutien aux entreprises. À eux seuls, les États-Unis ont dépensé plus de 10 000 milliards de dollars en aides, soit dix fois plus d'argent que ce qui a été injecté dans l'économie américaine entre 2008 et 2010. En Belgique, à la fin du mois de septembre, le montant des aides aux entreprises s'élevait à 24 milliards d'euros.

De cette façon, la classe dirigeante a pu stabiliser la situation à court terme. Dans les pays comme la Belgique et des États-Unis, nous avons déjà assisté à une reprise économique avec une situation où même des pénuries de main-d'œuvre sont apparues. Des secteurs comme l'hôtellerie et la restauration se battent aujourd'hui pour trouver du personnel. Ici, l'augmentation de la consommation a clairement joué un rôle. Bien que l'on ait pu dépenser moins d'argent pour les services pendant les périodes de confinement, beaucoup d'argent a tout de même été dépensé pour toutes sortes de biens. La demande accumulée a été libérée lorsque l'assouplissement est revenu et que les gens ont commencé à dépenser davantage pour des activités comme l’Horeca. Cependant, les dépenses supplémentaires en biens ont lieu à un moment où il y a des difficultés à maintenir l'offre. C'est en partie le résultat direct de la crise due à la pandémie. En raison de la pandémie, la production de biens non essentiels s'est arrêtée à plusieurs reprises, tandis que la demande des consommateurs augmentait et que les entreprises étaient (au moins partiellement) soutenues par le gouvernement. Ainsi, une quantité relativement plus importante d'argent est entrée en circulation.

Outre la production, la distribution a également été perturbée. Les fermetures temporaires d'usines ont perturbé des chaînes d'approvisionnement entières. Le port de Ningbo-Zhoushan en Chine, troisième plus grand port à conteneurs du monde, a été fermé pendant quinze jours en août dernier en raison d'une contamination au covid. Le prix des conteneurs maritimes a été multiplié par 11 depuis le début de la pandémie, contribuant à l'augmentation du prix de toute une série de marchandises expédiées d'Asie vers d'autres continents.

L'impact sur la classe travailleuse

La hausse des prix de l'énergie devient un véritable gouffre financier pour de nombreuses familles. La CREG, l'organisme de surveillance de l'énergie, a calculé qu'une famille moyenne ayant un contrat variable doit s'attendre à une facture annuelle de 2 800 euros. C'est 1800 euros de plus que l'année dernière. Les prix des denrées alimentaires dans les supermarchés vont également augmenter de 5 à 6 % en moyenne au début de cette année. (3) L’épargne de nombreuses familles fond également comme beurre au soleil. Nos salaires et nos allocations sociales sont prisonniers du carcan de la norme salariale de 0,4 %. Heureusement, il reste l'index. Sa seule existence, est une mesure de la force relative du mouvement syndical en Belgique. Ainsi, à partir de 2022, les salaires augmenteront dans le secteur privé (3,56% dans la commission paritaire 200 selon SD Works). Dans le secteur public, l'adaptation de l'indice a déjà eu lieu à la fin de l'année dernière. Le patronat veut ajuster le mécanisme d'indexation et insiste sur un « saut d'index ». Bien entendu, c’est totalement inacceptable. Une nouvelle mobilisation des syndicats, autour de revendications offensives s’impose. Non seulement nous devons rejeter vigoureusement le saut d'index, mais il faut également réviser le soi-disant « indice santé ».  Nous voulons un index qui protège réellement notre pouvoir d'achat. A l'heure de l'inflation galopante, une adaptation annuelle ne suffit pas : nous devons donc exiger une adaptation trimestrielle. On ne peut donc plus parler de paix sociale, malgré toutes les conventions collectives qui ont été conclues. Il est grand temps de déterrer la hache de guerre et d’organiser des actions dans les entreprises et dans la rue.

1) moneytalk.knack.be

2) myexperts.bnpparibasfortis.be/nl/focus/trends/amerikaanse-inflatiespiraal-in-gang-gezet?ShareId=07b4ae6385332fcc6efdb8903ac3cd049974b66b&SOURCETAG=C0030S3001A1148P6091F0101B0M0D20211224

3) le JT de RTL du 31 décembre 2021.

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