Créé ce printemps, il n’était destiné que pour quelques grands événements à la fin de l’été et devait se terminer le 30 septembre. Aujourd’hui, le Covid Save Ticket (CST) ou pass sanitaire est obligatoire pour fréquenter les salles de fêtes, de spectacles, de fitness ainsi que les restaurants. Il est aussi exigé pour les visiteurs des hôpitaux et des maisons de repos. Déjà d’application à Bruxelles depuis le 15 octobre, son usage est désormais étendu à la Belgique entière depuis ce 1er novembre.

Le CST est la preuve criante de l’incapacité de nos gouvernements successifs de mener une politique sanitaire efficace. Ils ont d’abord nié la dangerosité du virus, pris des demi-mesures et des mesures incohérentes ayant pour conséquence les vagues successives de contamination que nous avons connues. Priorité absolue a été donnée à la production économique (le profit) au détriment de la santé des travailleurs surtout dans les secteurs essentiels : personnel soignant, agents de propreté publique, gardiens de la paix, vendeurs, ouvriers… pour qui le télétravail n’était pas possible. Peu de mesures de protection ont été prises à l’égard de ces travailleurs : distanciation sur les lignes dans les usines, dans les réfectoires, moyens de protection insuffisants,… Plutôt que de prendre et appliquer les mesures adéquates, ils ont préféré tout miser sur la responsabilité individuelle (port du masque, distanciation sociale, …) et renforcement de l’état « policier » avec sanction à la clé si nécessaire. En tant que marxistes, nous sommes : contre le Covid Safe Ticket.

Discrimination sociale

Le CST engendre des discriminations sociales et divise la population en deux groupes opposés : le groupe vacciné et le groupe non vacciné. C’est la principale raison de notre opposition à cette mesure. Il renforce l’isolement social de certaines couches de la population. L’application effective de cette mesure implique aussi un plus grand contrôle policier et une légitimation de la possibilité d’identifier et d’accéder à des informations sur la santé de la population. Il stigmatise des comportements individuels et les rends responsables de l’expansion de la pandémie.

A titre d’exemple, seulement 56 % de la population bruxelloise est vaccinée. Difficile de croire que les 44 % restants sont tous des « antivax » ou des complotistes. Certains y sont opposés par crainte des effets secondaires, mauvaises expériences vaccinales, méfiance des nouvelles technologies, méfiance à l’encontre de l'industrie pharmaceutique et des gouvernements. Attitude compréhensible compte tenu des bénéfices plantureux des entreprises pharmaceutiques et de la nature de classe des gouvernements.

Pour la vaccination, mais contre l’obligation vaccinale

Nous rejetons fermement toutes les sanctions (financières ou autres) à l’encontre des travailleurs qui refuseraient de se faire vacciner. Autrement dit, nous rejetons l’obligation vaccinale – non, parce que nous serions opposés à la vaccination (nous y sommes favorables), mais parce que nous défendons l’emploi et les salaires des travailleurs. Nous refusons que des salariés payent des pots cassés par la classe dirigeante et son gouvernement. Ces derniers sont entièrement responsables du chaos sanitaire, du manque de lits et de personnel soignant dans les hôpitaux.

Si l’on veut accélérer la campagne de vaccination, il faut embaucher massivement du personnel pour aller au plus près des populations les plus précarisées et les plus isolées, qui sont aussi, de loin, les moins vaccinées. De même, il faut embaucher le personnel requis pour planifier systématiquement et massivement, le « tester, tracer, isoler ».

La gauche et le mouvement syndical doivent défendre la gratuité des tests et exiger l’embauche massive de personnel pour, d’une part, développer la campagne vaccinale dans les couches les plus pauvres de la population, et d’autre part déployer une politique de tests massive et efficace.

Quelles mesures prendre ?

Mettons en place dans le monde du travail et les écoles des tests rapides gratuits pour le dépistage de masse et fermons tout lieu où se déclare une éclosion, avec garantie de salaire pour tous les travailleurs. Ce qu’il faut par-dessus tout, c’est un contrôle ouvrier. Tant que l’économie et le pouvoir sont entre les mains d’une minorité qui ne se soucie que du profit, nous ne pouvons garantir que les mesures adéquates seront prises à temps pour lutter contre la pandémie.

Revendiquons la nationalisation de l’industrie pharmaceutique et la mise sous contrôle démocratique des travailleurs de cette industrie et de tout le secteur de la santé. Il n’y a pas de place pour le privé dans le domaine de la santé.

Ayons un plan cohérent de vaccination, de dépistage et une campagne massive d’éducation au sujet des vaccins afin d’annihiler le scepticisme de certaines couches de la population. Tout ce qui concerne la vaccination obligatoire et les conséquences du refus de vaccination doivent être décidé démocratiquement par les travailleurs eux-mêmes, indépendamment des patrons et de l’État. Les travailleurs seront ainsi moins réfractaires à se faire vacciner si la campagne de vaccination est menée par la classe ouvrière et les syndicats plutôt que par l’État et le gouvernement des capitalistes. Seules des mesures socialistes cohérentes permettront d’éradiquer rapidement cette pandémie.