Il y a quelques jours, plusieurs articles de journaux sont sortis pour dénoncer le sexisme, le racisme et l’homophobie du groupe facebook privé « Louvain-le-mec », composé de 11 000 personnes, exclusivement des hommes (c’est le principe du groupe).

L’objectif de ce groupe, selon un de ses administrateurs, est « de réunir des hommes de Louvain-la-Neuve autour d’astuces, d’entraides, de blagues de soutien : un objectif de solidarité masculine» (1). 

La série de captures d’écran de messages envoyés sur ce groupe qui est sortie dans les médias est un ensemble de blagues d’une misogynie crasse, de blagues sur des agressions sexuelles, de blagues ayant pour objectif de rabaisser les mouvements féministes et les organisations qui luttent contre l’oppression des femmes. 

Si ceci ne concerne qu’une part des publications (comme le soulignent les défenseurs de ce groupe), un certain nombre sont clairement misogynes et racistes, et, sur une communauté de plus de 11 000 hommes, peu semblent réagir. Ceci est symptomatique de la tolérance des campus envers de tels propos. 

Mais surtout, le sexisme et le racisme ne sont pas que des blagues : ce sont avant tout des violences. Même si l’objectif de ce groupe n’était que de blaguer, et même si ces blagues ne sont pas les causes des agressions et des violences sexistes et racistes, elles créent un environnement propice et préparent ces violences. 

Nous défendons évidemment l’humour et l’ironie, mais dans notre société, il faut les diriger contre les puissants. Le sexisme et le racisme ne sont pas l’objet de blagues « neutres » : elles jouent un rôle pernicieux dans notre société de classe en divisant les hommes et les femmes, surtout lorsqu’elles sont proférées par des hommes. 

Ce serait illusoire de croire que ces blagues flottent dans le ciel, sans aucun lien avec la réalité. Des femmes sont agressées et tuées parce qu’elles sont femmes ; des personnes noires sont tuées parce qu’elles sont noires. Une grande part du travail domestique repose encore sur les épaules des femmes, et ces blagues expriment et légitiment cette réalité. Mais surtout, elles tentent de délégitimer et d’humilier une autre réalité : celle des femmes et des hommes qui luttent contre le sexisme, et plus généralement, celle des mouvements de gauche (comme le montre notamment une des captures d’écran qui attaque Comac, le mouvement de jeunes du PTB). 

En fait, ce genre de groupe de solidarité masculine aux allures folkloriques est un terreau fertile pour le racisme et le sexisme et du pain béni pour des groupes d’extrême-droite cherchant à se développer (bien que la très grande majorité des membres de ce groupe ne soit probablement ni d’extrême-droite, ni dans une optique de politisation). 

Que doit-on faire à gauche ? 

Évidemment, la première action face à ces propos est de mener des campagnes d’information et de dénonciation publique de ces étudiants sur le campus, et notamment des administrateurs de ce groupe, qui sont passifs et même complices des propos tenus. 

Mais le sexisme sur le campus ne se limite pas à ce groupe facebook ; sa fermeture ne résoudrait pas le problème. Tout le folklore étudiant est traversé par du sexisme.

Le mouvement étudiant - syndicats et organisations -, la gauche et les organisations féministes doivent s’organiser pour réagir et bloquer les tentatives de création et de diffusion de tels groupes.

Le sexisme n’est pas un divertissement, c’est de la violence !

  1. https://www.rtbf.be/info/regions/brabant-wallon/detail_louvain-le-mec-un-groupe-facebook-d-etudiants-cree-la-polemique-avec-des-propos-sexistes-homophobes-et-racistes