Cet été, le gouvernement belge, par l’intermédiaire de son ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR), a approuvé un avant-projet de loi visant à interdire les organisations « radicales et extrémistes » en Belgique. Le Premier ministre belge, Bart De Wever (N-VA), affirme que son gouvernement « estime que nos droits fondamentaux ne peuvent jamais être utilisés pour saper les fondations d’une société libre et ouverte ». Quintin a ajouté que ce projet de loi avait un objectif clair : « neutraliser les organisations radicales ou dangereuses ».

Un gouvernement sans réponse à la crise

Alors que le niveau de vie continue de chuter et que la crise du capitalisme s’aggrave en Belgique, avec une dette publique atteignant des sommets inégalés, le gouvernement d’Arizona prétend que la réponse possible face à cette situation est de déchaîner une austérité brutale contre les travailleurs du pays. Depuis l’attaque contre les retraites et le chômage jusqu’aux réformes du travail au profit des patrons et des grandes entreprises, la coalition Arizona n’a pas perdu de temps pour s’en prendre aux travailleurs depuis sa formation au début de cette année.

Mais ces attaques, couplées à l’indignation suscitée par la complicité belge dans le génocide en cours à Gaza, ont provoqué une colère sociale massive et ont intensifié la lutte des classes à travers tout le pays. Cela a abouti à d’énormes manifestations au cours de l’année écoulée, avec plus de 110 000 personnes défilant contre le génocide à Gaza début septembre, et une grève nationale appelée pour le 14 octobre, où plus de 150 000 personnes sont descendues dans la rue, contre ce gouvernement qui ne défend manifestement que les intérêts de la classe capitaliste parasitaire, au détriment de la classe des travailleurs.

Face à la colère des travailleurs : répression et censure

Face à la colère des travailleurs, la seule réponse du gouvernement a été de redoubler d’attaques et de répression, cherchant désormais à interdire ce qu’ils appellent les organisations « radicales et extrémistes » afin de détourner l’attention des masses de leur propre complicité dans le génocide et la dégradation massive de la qualité de vie de millions de travailleurs en Belgique.

Sous prétexte de vouloir protéger une prétendue « société libre et ouverte », le gouvernement cherche à s’en prendre aux organisations qui sont critiques de leur “démocratie” bourgeoise — en d’autres termes, leur dictature du capital —, suivant ainsi les traces d’autres gouvernements en crise comme ceux du Royaume-Uni ou des États-Unis.

Les tentatives de diversion de GLB

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, n’a pas caché son soutien passionné à ce projet de loi, et a même précisé qui en seraient les véritables cibles :

« Nous allons également travailler, au niveau gouvernemental et parlementaire, à la dissolution de la structure "Antifa". Cette structure est elle-même une structure avec des méthodes fascistes. Elle constitue aujourd’hui, et sans aucun doute, le plus grand danger pour notre démocratie, compte tenu de son comportement récurrent et de son recours systématique à la violence pour faire entendre ses arguments. »

Cela suit bien sûr les méthodes de Donald Trump, qui a désigné « Antifa » comme organisation terroriste intérieure aux États-Unis à la fin du mois de septembre. Comme la plupart des gens le savent, il n’existe aucune organisation centralisée ou structurée appelée « Antifa » ; le terme signifie simplement « antifasciste » et peut s’appliquer à une multitude d’individus et d’organisations à travers la Belgique et le monde.

Qu’en est-il alors des villes — comme Liège et Mons — qui se sont déclarées antifascistes ? Vont-elles être dissoutes ? L’idée même de criminaliser « Antifa » est absurde. Ces politiciens bourgeois en sont parfaitement conscients, mais comme ils n’ont aucune solution face à l’aggravation des crises du capitalisme, ils ont recours à la répression pour diviser les masses et détourner leur attention des véritables terroristes : ceux qui soutiennent un génocide tout en taillant sans pitié dans nos conquis sociaux et en réprimant la protestation.

Outre les organisations « antifa », le gouvernement Arizona s’en est également pris à des initiatives de solidarité avec la Palestine, telles que le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun, reprenant ainsi les démarches similaires de la bourgeoisie d’outre-Manche. Le gouvernement britannique a également mené des actes répressifs en interdisant Palestine Action, la qualifiant d’« organisation terroriste », et en criminalisant toute forme de soutien ou de solidarité aux Palestiniens.

Cela s’est bien sûr retourné contre le gouvernement « travailliste », du fait que cela a abouti à l’arrestation massive de retraités, de personnes handicapées et de jeunes, pour avoir simplement porté un t-shirt ou une pancarte exprimant leur opposition au génocide et leur soutien à Palestine Action. On ne peut que s’attendre à des scènes aussi embarrassantes et honteuses ici en Belgique si notre gouvernement adopte le même type de répression légalisée.

Mais qui sont les vrais “extrémistes” en Belgique au final ?

Face à la tentative de subversion de Georges-Louis Bouchez concernant l’antifascisme, il est nécessaire de rappeler quelques vérités. C’est l’extrême droite qui représente un danger pour la démocratie. C’est l’extrême droite qui s’oppose aux droits humains et aux conventions internationales. Ce sont également des membres de l’extrême droite qui ont planifié l’écrasante majorité des tentatives d’attentats ces dernières années en Belgique : en 2022, un sympathisant d’extrême droite de 36 ans a été tué dans un raid de la police antiterroriste lors d’une enquête concernant le trafic d’armes, en 2023, deux personnes influencées par les idées néonazies ont été arrêtées en Flandres pour suspicions de passage à l’acte et du matériel explosif a été retrouvé chez eux, en 2024, un groupe de miliciens d’extrême droite, probablement en lien avec le Voorpost (une organisation d’ED belge) a mis le feu à un centre d'accueil de jour pour les personnes migrantes en détresse.

Et rien qu’en 2025, en janvier un adolescent influencé par les idées d’extrême droite a été arrêté car il préparait une attaque terroriste, des armes et du matériel informatique ont été saisi chez lui, en février un néo-nazi de 20 ans a été arrêté avant qu’il ne commette une tuerie de masse selon la VRT, en avril un homme d’une vingtaine d’année a été condamné à 3 ans de prison car il voulait planifier et incitait via télégram à des attentats en Belgique selon RTL. Et cette liste est loin d’être exhaustive… Pour n’importe quelle personne un minimum sensée, il est évident que ces informations devraient revenir en premier lieu lorsqu’on évoque l’extrémisme en Belgique, mais visiblement GLB fait semblant ou ne veut pas voir le danger que représente la radicalisation raciste d’une partie de la population. Au contraire, il est souvent accusé d’y contribuer par ses discours nauséabonds et par le fait qu’il a tenté, par exemple, de recruter des anciens membres du microparti wallon d’E.D. Chez Nous au MR… 

Il faut également rappeler que niveau extrémisme notre gouvernement se porte bien également puisqu’il soutient directement et indirectement (en laissant des entreprises privées présentes en Belgique collaborer avec lui) le gouvernement d’extrême droite israélien depuis bien trop longtemps. Et ce malgré la quasi unanimité actuelle sur le génocide commis en Palestine.

Quant aux “atteintes aux droits démocratiques fondamentaux”, faut-il rappeler qui des antifas ou du gouvernement De Wever cherche à restreindre le droit de manifester pour les syndicats ?

Se préparer à la lutte des classes

À mesure que les crises du capitalisme s’intensifient, la période de lutte des classes s’intensifie également. C’est un fait ressenti aussi par la classe dirigeante et ses politiciens bourgeois. Alors que l’ordre d’après-guerre et ses institutions — autrefois considérées comme inébranlables — s’effondrent et perdent leur légitimité, des millions de jeunes et de travailleurs chercheront des alternatives en dehors du cadre parlementaire bourgeois traditionnel.

Parmi ces alternatives figurent les organisations qui cherchent à renverser ce système capitaliste pourri. L’establishment belge ne peut tout simplement pas se permettre que ces groupes remettent en cause son autorité et sa légitimité, alors que chaque pilier de l’ordre établi est déjà profondément discrédité.

Le génocide continu du peuple palestinien et l’énorme pression exercée sur les travailleurs par les mesures d’austérité continueront à radicaliser les masses, qui comprendront à juste titre que les milliardaires et l’ensemble du système capitaliste sont responsables de la dégradation de notre qualité de vie. Alors que les masses se tournent vers ces vérités, la classe capitaliste utilisera tous les outils à sa disposition pour maintenir son pouvoir, diviser et détourner les masses.

Mais chaque fois que ces outils répressifs sont utilisés, ils deviennent plus ternes, plus usés. L’illusion de la « démocratie » libérale et des concepts comme « l’état de droit » ou la « société libre et ouverte » est de plus en plus exposée aux yeux de millions de personnes.

Contre la répression, la solidarité et la lutte !

Il est impératif de comprendre que l’attaque contre les organisations antifascistes et de solidarité avec la Palestine s’inscrit dans une tentative plus large de criminalisation de ces mouvements, et aura des conséquences importantes sur les droits civils et démocratiques dans ce pays et au-delà.

La violence policière brutale qui s’est abattue sur les manifestants pro-palestiniens en Belgique, récemment encore lors des manifestations de solidarité avec la flottille au cœur des institutions européennes, montre que cette répression ne fera que s’intensifier.

Il est probable que, si ce projet de loi est adopté, il sera également utilisé pour persécuter les mouvements communistes authentiques, comme l’Organisation Communiste Révolutionnaire, ainsi que d’autres qui luttent contre les injustices du capitalisme et de l’impérialisme. Mais cela ne fera que renforcer notre détermination à poursuivre une lutte de masse militante contre notre propre classe dirigeante pour enfin renverser ce système barbare.

À celles et ceux qui se sentent profondément engagés pour la cause palestinienne et celle de la classe ouvrière, qui brûlent de colère face aux injustices du capitalisme et de l’impérialisme, nous vous appelons à nous rejoindre dans cette lutte. Rejoignez les communistes révolutionnaires dès aujourd’hui !