Le 15 mai marque la « Nakba » pour les Palestiniens, ce qui signifie « catastrophe » en arabe. Chaque année, c’est une journée de commémoration et de manifestations contre la campagne de terreur menée par les paramilitaires sionistes dans le cadre de la proclamation d’Israël en 1948.

Plus de 700 000 Palestiniens ont ainsi été expulsés de leur terre. Cela a pavé la voie au chaos qui a englouti Israël-Palestine depuis lors.

La création d’Israël est le fruit de tractations entre les puissances impérialistes. Celles-ci ont ouvert une boîte de Pandore de violence et de dégradation qui se fait encore sentir aujourd’hui.

Soixante-quinze ans plus tard, le spectacle d’horreur se poursuit. Où que l’on regarde, il y a des échos clairs des méthodes brutales utilisées par les forces sionistes pour établir l’État israélien : de la lutte contre les expulsions forcées à Sheikh Jarrah aux pogroms à Huwara.

Une nouvelle « intifada » (« soulèvement ») commence à inquiéter sérieusement la classe dirigeante israélienne. Et à juste titre. Ce n’est que par une lutte révolutionnaire de masse que l’État israélien peut être renversé et que le sionisme peut être déraciné.

Un tel mouvement doit viser à briser Israël sur des lignes de classe, sur la base d’un appel révolutionnaire aux travailleurs et aux jeunes de tout le Moyen-Orient pour en finir avec le capitalisme et l’impérialisme.

Seul un programme révolutionnaire peut fournir un véritable antidote au poison de l’oppression nationale, en creusant un fossé entre les exploités et les opprimés et leur ennemi commun : l’État sioniste.

Toute l’histoire de la région prouve que les luttes révolutionnaires peuvent – et vont – renverser les régimes, transformer le paysage de la société et ébranler les fondations sur lesquelles reposent les impérialistes.
Le tourbillon réactionnaire qui détruit la vie de millions de personnes ne peut être stoppé que par de nouveaux bouleversements révolutionnaires.

Inscrivons donc ces mots sur notre bannière : Palestine libre! Intifada jusqu’à la victoire! Pour une Fédération socialiste du Moyen-Orient!

Israël fête ses 75 ans dans un état de crise sans précédent. Le 14 mai 1948, l’État d’Israël a été fondé après qu’une campagne de terreur prolongée menée par l’armée sioniste contre les Palestiniens eut tué des milliers de personnes et en eut expulsé 750 000 de leurs villages et de leurs maisons. Ce jour marque la Nakba (catastrophe) pour les Palestiniens. Depuis lors, Israël est passé par de nombreuses guerres et par la répression constante de la résistance palestinienne pour consolider son pouvoir.

Au cours des derniers mois, le gouvernement de Netanyahou – le plus à droite de l’histoire d’Israël – a déclenché la vague de manifestations la plus importante et la plus polarisée de ces dernières décennies. Des centaines de milliers de Juifs israéliens sont descendus dans la rue pendant des semaines pour protester contre la réforme judiciaire du gouvernement. Signe de la profondeur de la crise, le mouvement a été soutenu et encouragé par des sections décisives de la classe dirigeante, de l’armée, de la magistrature, des entreprises, et finalement rejoint par la puissante confédération syndicale sioniste, la Histadrout.

Une grève générale le 27 mars, soutenue par un lock-out des patrons, a fait pencher la balance et Netanyahou a dû céder et reculer. Il a annoncé la « suspension » de la réforme et a également été contraint de prendre la mesure humiliante de revenir sur le limogeage de Yoav Gallant, le ministre de la Défense. Ce dernier a fait part de l’inquiétude croissante de l’establishment israélien : « Le fossé qui se creuse dans notre société s’infiltre dans les Forces de défense d’Israël et les agences de sécurité. Cela constitue une menace claire, immédiate et tangible pour la sécurité de l’État. Je n’y prêterai pas la main », a-t-il déclaré à la télévision nationale. Son limogeage a eut l’effet d’un coup de pied sur un nid de frelons placé au cœur même de l’État sioniste et des soutiens sionistes d’Israël aux États-Unis et dans le monde.

Il faut noter ici le rôle disproportionné que joue un individu, Netanyahou. Celui-ci bouleverse l’équilibre instable et met son empreinte particulière sur la crise. La situation en Israël présente certains parallèles avec le phénomène du trumpisme, et il n’est pas exclu qu’elle culmine dans sa propre version des émeutes du Capitole de janvier 2021.

Benjamin Netanyahou n’est pas une figure nouvelle de la politique israélienne. Il est le premier ministre israélien qui a exercé le plus longtemps ses fonctions. Depuis des décennies, il navigue en eaux troubles et traverse de nombreux scandales, mais il a toujours réussi à s’en sortir indemne jusqu’à présent. Aujourd’hui, il est inextricablement mêlé à de nombreux scandales de corruption, mais il est déterminé à survivre ou à entraîner ses ennemis dans sa chute.

Le problème de la classe dirigeante israélienne est qu’elle a perdu le contrôle du parti traditionnel du sionisme de droite, le Likoud dirigé par Netanyahou. Ce problème équivaut à une bombe à retardement placée au cœur du système. Pour ces raisons, le conflit actuel a des ramifications complexes et ne peut être résolu facilement.

L’extrême droite suprémaciste juive

L’ascension fulgurante d’Itamar Ben-Gvir et de Bezalel Smotrich est loin d’être anodine. Ben-Gvir est le leader du Front national juif, successeur du parti suprémaciste juif Kach dirigé par Meir Kahane. Le 25 février 1994, Baruch Goldstein, un militant israélo-américain du Kach résidant dans la colonie juive de Kiryat Arba (Hébron), a pénétré dans le Tombeau des Patriarches, utilisé comme mosquée pendant le Ramadan. Il a ouvert le feu sur les 800 musulmans palestiniens qui priaient, tuant 29 personnes et en blessant 125. Il a été battu à mort par les survivants. Le Kach a ensuite été interdit en tant qu’organisation terroriste. Ben-Gvir, qui considère Goldstein comme un héros personnel, a choisi de vivre à Kiryat Arba. Jusqu’à récemment, il arborait fièrement le portrait de Goldstein chez lui. Ses opinions racistes extrémistes ont même conduit les Forces de défense israéliennes (IDF) à l’exclure du service militaire.

Avant d’obtenir un siège à la Knesset en 2021, Ben-Gvir était devenu le principal avocat israélien des juifs accusés de terrorisme, des colons et de l’extrême droite. À Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, il a régulièrement assisté à des rassemblements de colons, brandissant son arme à plusieurs reprises, provoquant les Palestiniens et appelant ensuite les soldats israéliens à tirer sur tous ceux qui jetteraient des pierres.

Son rival, Bezalel Smotrich, dirige le Parti sioniste religieux (Tkuma). Smotrich est un colon et a toujours exprimé publiquement ses opinions racistes. Il s’oppose aux mariages mixtes et a déclaré que les femmes arabes et juives devraient être séparées dans les unités de maternité des hôpitaux.

En octobre 2021, il a déclaré aux législateurs arabes : « Vous êtes ici par erreur, c’est une erreur que Ben-Gourion n’ait pas terminé le travail et ne vous ait pas chassés en 1948 ». Ces mots révèlent le véritable programme des suprémacistes juifs : provoquer une nouvelle Nakba et chasser les Palestiniens de l’ensemble de la Palestine historique.

Ben-Gvir et Smotrich sont tous deux des fanatiques, capables de toutes les provocations.

Une position dangereuse

Jusqu’en octobre, Netanyahou (comme tous les sionistes ordinaires) n’aurait pas voulu être vu dans la même pièce que Ben-Gvir ou Smotrich. Aujourd’hui, ils sont les faiseurs de roi de Netanyahou. Ben-Gvir est le ministre de la Sécurité nationale et Smotrich est le ministre des Finances, chargé de l’administration de la Cisjordanie occupée par Israël.

Pour des raisons évidentes, Netanyahou ne peut se permettre de s’aliéner le soutien de l’extrême droite, qui a commencé à crier à la trahison après la volte-face sur la réforme judiciaire. Dans l’un de ses coups de théâtre, il a sorti un lapin de son chapeau : la création de la garde nationale, un rêve longtemps caressé par l’extrême droite. Cette garde sera chargée de contrôler les Palestiniens à l’intérieur de la ligne verte (les frontières de 1948) et Ben-Gvir exige qu’elle soit placée sous son commandement.

En essayant de se sortir d’une crise, Netanyahou en prépare une autre encore plus grosse. Le chef de la police, Kobi Shabtai, a déclaré publiquement qu’« une garde nationale séparée de la police conduirait à ce que les troupes tirent sur les troupes ». La garde fournit une couverture légale à la violence de l’extrême droite. Elle pourrait avoir des conséquences très graves, notamment celle de provoquer un nouveau soulèvement palestinien.

Au début du mois d’avril, on en était déjà presque là, lorsque le Ramadan, Pâques et la Pâque juive se sont chevauchés, et que les provocations des nombreux groupes juifs fanatiques de voulant s’emparer du Mont du Temple se sont intensifiées. Pendant deux nuits consécutives, à minuit, la police israélienne a fait irruption dans la mosquée Al-Aqsa, lançant des grenades assourdissantes, brandissant des matraques et utilisant des balles en caoutchouc pour arrêter des Palestiniens qui, selon elle, s’étaient « barricadés » derrière les portes de la mosquée. Comme d’habitude, les médias internationaux se sont joints au chœur hypocrite invitant « les deux parties » à cesser l’escalade de la violence. Les vidéos montrent une autre histoire.

Une chose est tout à fait claire. La classe dirigeante israélienne est profondément divisée et les événements ont pris une telle ampleur qu’il est désormais plus difficile pour les capitalistes de colmater les brèches.

Les divisions se répercutent à l’échelle internationale, sapant l’unité du réseau mondial de soutien au sionisme, qui est vital pour Israël. Un certain nombre de sionistes conventionnels américains ont émis de vives critiques à l’encontre du gouvernement et ont même organisé un boycott de la visite de Smotrich aux États-Unis.

L’éléphant dans la pièce du sionisme « libéral »

Friedrich Engels écrivait en 1874 : « Un peuple qui en opprime un autre ne peut être libre. La puissance qu’il utilise pour réprimer l’autre se retourne toujours en fin compte contre lui-même. » Ces mots saisissants étaient vrais pour l’oppression russe du peuple polonais il y a cent cinquante ans; ils s’appliquent encore mieux à Israël aujourd’hui.

L’éléphant dans la pièce pour le sionisme libéral est bien sûr l’occupation et l’oppression palestinienne. Celui-ci a eu un impact visible même sur un mouvement de masse important comme celui contre la réforme du système judiciaire. Les Palestiniens israéliens n’ont vu aucun intérêt à défendre une « démocratie » qui les discrimine systématiquement. En outre, le peu d’entre eux qui ont tenté de se joindre aux manifestations, tout en présentant leurs propres revendications, ont été fermement découragés et mis à l’écart par les organisateurs sionistes.

Le caractère raciste et oppressif de l’État israélien est officiellement sanctionné par la loi de Netanyahou sur « l’État-nation du peuple juif » (juillet 2018), qui a abandonné la prétention d’Israël à être laïque. Le principe démocratique bourgeois de l’égalité devant la loi est constamment violé, afin de perpétuer la répression des Palestiniens. Il devient donc de plus en plus difficile de défendre l’État israélien tout en prétendant n’avoir rien à voir avec les suprémacistes juifs.

L’autre éléphant dans la pièce est que l’occupation n’affecte pas seulement les Palestiniens, mais aussi les conditions de la classe ouvrière israélienne. Au cours des 30 dernières années, Israël a connu une augmentation considérable des inégalités.

Selon le World Factbook 1999 compilé par la CIA, en 1992, les 10% les plus riches empochaient 27% du revenu national, tandis que les 10% les plus pauvres n’en détenaient que 2,8%. Depuis lors, les inégalités se sont considérablement accrues. Le rapport sur les inégalités dans le monde 2022, publié par le World Inequality Lab, révèle que les 50% les plus pauvres de la population gagnaient 13% du revenu national total, tandis que les 10% les plus riches s’emparaient d’un pourcentage stupéfiant de 49%. L’oppression des Palestiniens a créé des conditions des plus favorables pour l’exploitation par les capitalistes d’une classe ouvrière divisée.

30 ans après Oslo, que reste-t-il de l’Autorité palestinienne?

Il convient de noter que cette année marque également le trentième anniversaire des accords d’Oslo de 1993 entre le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, et le premier ministre israélien, Yitzak Rabin. Leur poignée de main devant les caméras de la Maison Blanche et le prix Nobel de la paix qu’ils se sont partagés ont été la cerise sur le gâteau du « nouvel ordre mondial » de « paix » et de « prospérité » instauré par l’impérialisme américain après l’effondrement de l’URSS.

Il y a fort à parier que les célébrations des 30 ans des accords d’Oslo, dans le cas improbable où quelqu’un voudrait les célébrer, ne seront pas très joyeuses.

Ces accords ont donné naissance à l’Autorité palestinienne. En échange de sa signature, l’OLP a garanti la fin de la Résistance et s’est engagée à assurer le maintien de l’ordre au nom d’Israël. Comme les marxistes avaient averti à l’époque, les accords d’Oslo étaient un piège vicieux dans lequel les dirigeants palestiniens ont marché de leur plein gré.

L’Autorité palestinienne (AP) n’a pas de continuité territoriale. Le territoire est divisé en 165 « îlots » palestiniens sous administration civile totale ou partielle de l’AP (zone A et zone B), et une zone contiguë (zone C, représentant 60% du territoire), sous occupation israélienne.

Israël décide de la quantité d’électricité, de la quantité d’eau, de la quantité de médicaments et de fournitures médicales disponibles, et étrangle constamment tout développement possible. Israël retient les recettes douanières qu’il perçoit au nom de l’Autorité palestinienne, s’opposant à l’utilisation qui en est faite. 

La situation de la bande de Gaza assiégée est encore pire : 53% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, l’économie est ravagée par de longues coupures d’électricité, et tout ce qui entre ou sort de cette immense prison à ciel ouvert est décidé par Israël et l’Égypte. Les bombardements israéliens détruisent périodiquement le peu d’infrastructures existantes et empêchent leur réparation ou leur remplacement.

L’AP est en faillite et ses employés sont contraints de se mettre en grève pour réclamer leurs salaires impayés. 20 000 enseignants sont en grève pour cette raison depuis février. La pénurie exacerbe la corruption et les abus dans l’allocation des rares ressources disponibles.

Le mouvement des colons sévit

L’Autorité palestinienne a été réduite en lambeaux, sous l’effet de l’expansion constante des colonies juives illégales qui se multiplient en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

En février 2023, les colonies officielles implantées en Cisjordanie ont atteint le nombre de 144, dont 12 à Jérusalem-Est. En outre, il existe plus de 100 avant-postes israéliens « illégaux ». Au total, on compte plus de 500 000 colons en Cisjordanie et 220 000 à Jérusalem-Est.

Chaque nouvel avant-poste s’accompagne d’un plus grand nombre de soldats israéliens déployés pour protéger les colons. Des centaines de points de contrôle rendent la vie des Palestiniens infernale; des routes et des services spéciaux sont construits pour les colons, qui ont accès à 20 fois plus d’eau pour leurs piscines et leurs spas, et la paient moins cher, tandis que les Palestiniens en manquent; des murs sont érigés, et les propriétés palestiniennes adjacentes sont rasées pour des « raisons de sécurité ».

Ces chiffres témoignent du « succès » des accords d’Oslo, lorsque les colons étaient environ 250 000 (y compris à Jérusalem-Est). Aujourd’hui, le monstre de Frankenstein a acquis une vie propre, injectant de la dynamite les fondations d’Israël.

Les colons intensifient leurs attaques, se sentant enhardis par le soutien du gouvernement. Le 26 février, des centaines d’entre eux ont pris d’assaut le village palestinien de Huwara, en Cisjordanie, tard dans la nuit, tuant un Palestinien et en blessant une centaine d’autres, et laissant la ville en flammes. Smotrich, le « gouverneur » de facto de la Cisjordanie, les a applaudis.

Les Forces de défense israéliennes intensifient également la campagne d’exécutions extrajudiciaires des jeunes qui prennent les armes contre l’occupation. Au cours des trois derniers mois, plusieurs raids sur les camps de réfugiés de Jénine et de Naplouse ont tué des dizaines de personnes, dont des femmes, des personnes âgées et des enfants, et en ont blessé plus de 100. Les méthodes israéliennes comprennent des raids de grande envergure, mais aussi des tirs isolés, des exécutions par des commandos israéliens en civil et même la pose d’engins explosifs sur des véhicules.

En mai 2022, Shireen Abu Akleh, une éminente journaliste américano-palestinienne d’Al Jazeera, a été tuée d’une balle dans la tête par des tireurs d’élite israéliens dans le camp de réfugiés de Jénine. Lors des funérailles, auxquelles ont assisté des milliers de Palestiniens, des officiers de la police israélienne ont attaqué le cortège qui partait de l’hôpital Saint-Joseph à Jérusalem-Est. L’hôpital lui-même a été pris d’assaut par la police israélienne qui a frappé et piétiné les patients et lancé des grenades assourdissantes, blessant le personnel médical. 

Il ne s’agit là que de quelques exemples du degré de brutalité dont fait preuve Israël à l’égard des Palestiniens. Mais nous n’avons même pas effleuré la surface des humiliations quotidiennes imposées par l’occupation : confiscation illégale des pièces d’identité (sans lesquelles il est impossible de se déplacer) aux postes de contrôle; interpellations et fouilles arbitraires et abusives; assassinats d’amis, de voisins et de frères et sœurs de combattants palestiniens; milliers de jeunes détenus pendant des mois, voire des années, sans jugement dans des centres de détention administrative; détention de membres de la famille et conditions plus sévères pour pousser les détenus à passer aux aveux.

Cependant, le seul résultat de tout cela est de renforcer la détermination des jeunes à lutter contre une occupation sans fin.

La vague montante de la résistance palestinienne

Les colons fanatiques sont déterminés à conquérir, pouce par pouce, ce qu’ils considèrent comme une terre qui leur a été accordée par la grâce de Dieu. De l’autre côté, la jeunesse palestinienne n’a plus rien à perdre et est déterminée à résister. Certains sont prêts à payer de leur vie, et c’est souvent le cas. Tragiquement, ils n’ont pas d’autre choix : les dirigeants de l’Autorité palestinienne se rangent du côté des occupants.

Sans surprise, au plus fort de ces tensions, des responsables de l’Autorité palestinienne ont participé à des sommets à Aqaba et Sharm el-Sheik pour renforcer la coopération avec Israël en matière de surveillance et former 5000 agents de sécurité supplémentaires en Jordanie. L’AP intensifie la répression, allant jusqu’à attaquer les funérailles des victimes des raids israéliens ou à procéder à des assassinats ciblés.

En conséquence, le cynisme à l’égard de l’AP est devenu si répandu que, pour la première fois, 52% des Palestiniens ont déclaré que l’effondrement ou la dissolution de l’AP serait dans leur intérêt, dans un récent sondage réalisé par Khalil Shikaki.

La faillite de l’OLP et du Fatah a été révélée par le mouvement massif qui a conduit à la grève générale palestinienne du 18 mai 2021. Cette Intifada de l’unité s’est déroulée de manière unifiée à travers Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, et a même mobilisé les Palestiniens israéliens. L’OLP n’y a joué aucun rôle. Elle a été menée par les jeunes, qui ont été frappés par la répression israélienne : 7000 arrestations pour la seule année 2022. À Jénine, sur les 136 Palestiniens tués au cours de la dernière décennie, 106 l’ont été au cours des 27 derniers mois.

Depuis les camps de réfugiés de Jénine et de Naplouse, des groupes de défense armée unifiés ont été mis en place par les jeunes pour résister à l’occupation. Il est significatif que ces groupes, qui rassemblent des combattants indépendamment de leurs allégeances politiques, aient pris en charge la défense des camps.

Il ne s’agit là que des coups d’envoi d’une crise bien plus importante, la plus grave à laquelle Israël ait été confronté depuis des décennies. La classe dirigeante sioniste est en train de se diviser fortement, ce qui sape son soutien international. Les priorités de l’impérialisme américain changent, en raison des frictions croissantes avec la Chine et de la guerre en Ukraine. Le rôle de la Chine dans la conclusion d’un accord entre les ennemis jurés que sont l’Arabie saoudite et l’Iran a un impact sur les rapports de force dans la région, forçant la main d’Israël. La montée des inégalités et de l’inflation érode le niveau de vie et révèle l’abîme qui sépare les travailleurs israéliens des capitalistes. Des crises et des mouvements révolutionnaires, qui ne manqueront pas d’avoir un impact, sont à prévoir dans tout le Moyen-Orient, tandis qu’une nouvelle Intifada ébranlera les fondements de l’occupation.

L’État d’Israël est l’un des piliers de la réaction impérialiste au Moyen-Orient, l’allié le plus fiable des États-Unis. Toutefois, cette relation est mise à mal par les politiques incendiaires de Netanyahou. Israël est un puissant État capitaliste, où la domination de la bourgeoisie sioniste repose sur l’oppression des Palestiniens. Elle est soutenue par les administrateurs petits-bourgeois d’une Autorité palestinienne en ruine. C’est cette chaîne d’oppression qu’il faut briser et cela ne peut se faire que dans le cadre d’un mouvement général visant à renverser le capitalisme dans la région.

Seule la création d’une fédération socialiste du Moyen-Orient, première étape vers une fédération socialiste mondiale, peut venir à bout de l’oppression des Palestiniens. Une économie planifiée démocratiquement peut fournir la base matérielle de l’émancipation réelle des Palestiniens, des Juifs et de tous les peuples du Moyen-Orient, en mettant fin au cauchemar impérialiste actuel.