Le Parti Socialiste fait une proposition qui va faire polémique : créer ‘une entreprise à codécision' qui accorde autant de pouvoir aux travailleurs qu'aux actionnaires. Toutes les décisions importantes dans l’entreprise doivent avoir ainsi le feu vert des deux conseils, celui des actionnaires et celui des travailleurs. Le PS y voit une alternative à la ‘vision néolibérale de l’économie’. Tout ceci parait très radical. Mais nous nous posons les questions suivantes.

pscongrès20161) Est-ce que ces entreprises vont exister À COTE des entreprises existantes ou est-ce que la formation d’un conseil de travailleurs sera imposée dans les entreprises déjà EXISTANTES et donnera un DROIT DE VETO effectif sur toutes les ‘décisions importantes’ ? Ce que nous comprenons de la déclaration du PS est qu’il s’agit de la création de nouvelles entreprises qui ne remplaceront PAS les structures légales actuelles comme la Société Anonyme.

2) Qu’est-ce qu’on entend par ‘décisions importantes’ ? S’agit-il de licenciements, engagements, réduction du temps de travail, salaires ? Que se passe-t-il s’il n’y a pas unanimité ? Qui prend la décision ultime ? Le gouvernement, une administration publique ? Quelles administration ou gouvernement s’est positionné fermement du côté des travailleurs ces 30 dernières années?

3) Rien n’est dit sur la propriété des entreprises. Et c’est bien la question décisive. Celui qui est propriétaire de l’entreprise a dans la pratique le dernier mot. Ce ne l’est peut-être pas dans la proposition du PS, mais ce l’est et le sera dans la pratique, par la décision par exemple de ne plus investir dans l’entreprise. Le capitalisme est en crise, l’économie avance à pas d’escargot, la concurrence entre entreprises est exacerbée. Dans ce contexte il ne fait pas de doute que les investisseurs se retireront dès que leurs profits sont menacés.

4) S’il s’agit de nouvelles entreprises qui doivent encore être créées, la question est de savoir quel détenteur de capital, quel investisseur, quelle banque vont risquer son argent dans une telle entreprise où les travailleurs détiennent un droit de véto effectif sur les décisions.

5) Ma réponse à la question 4 : aucun ou très peu. Essayer d’échapper à la ‘vision néolibérale sur l’économie’ est une chimère.

6) La seule signification progressiste que peut avoir la proposition du PS est si elle s’applique par voie légale aux entreprises existantes en donnant un droit de véto effectif, c’est-à-dire le contrôle ouvrier, aux travailleurs. Le conseil des travailleurs devrait alors être élu par le personnel sur des listes proposées par les syndicats reconnus. Les membres de ce conseil devraient aussi être révocables à tout moment.

7) Sans la PROPRIÉTÉ effective de l’entreprise et de ses finances liées à la nationalisation des banques, le droit de véto aboutira à une impasse paralysante dans l’entreprise qui peut mener à sa fermeture.

8) La seule alternative à la ‘vision capitaliste de l’économie’ est la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle ouvrier et la planification de l’économie au service des besoins sociaux et écologiques de la société.