En juillet dernier, Hillary Clinton a été désignée candidate du Parti Démocrate pour la présidentielle de décembre, aux Etats-Unis. Cette désignation est venue conclure une primaire démocrate extrêmement polarisée entre Clinton et Bernie Sanders. De son côté, Donald Trump a écrasé tous ses adversaires de la primaire républicaine.

Sanders surrenderLorsque la désignation de Clinton fut acquise, l’establishment a poussé un immense « ouf » de soulagement. Le « danger Sanders » étant écarté, la majorité de la classe dirigeante américaine considère désormais que sa candidate, Hillary Clinton, battra facilement l’ignorant et incontrôlable Donald Trump. Ils se disent : « retour à la normale ». Mais en réalité, il n’y aura pas de retour à la normale. La vie politique américaine a changé de façon irréversible.

Trump et Sanders

Les phénomènes Bernie Sanders et Donald Trump constituaient les deux extrêmes d’un même processus de polarisation politique, après des années de crise et de politiques d’austérité. Dans leurs discours, tous deux rejetaient la vieille classe politique corrompue.

A droite, le milliardaire Donald Trump le faisait en s’appuyant sur une démagogie raciste et nationaliste et en promettant de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». A gauche, Bernie Sanders appelait à une « révolution politique contre la classe des milliardaires », défendait un programme de lutte contre l’austérité, contre les inégalités sociales, pour une sécurité sociale universelle et pour la gratuité du système éducatif, entre autres.

Colère et déception des partisans de Sanders

En ralliant Hillary Clinton après la victoire de celle-ci à la primaire démocrate, Bernie Sanders a douché les espoirs de ses partisans, dont beaucoup n’ont aucune illusion dans la candidate démocrate, à juste titre. En ce sens, Sanders a trahi ses partisans.

Fin juillet, des milliers de délégués et de partisans de Bernie ont afflué à Philadelphie, où se tenait la Convention Nationale Démocrate. Lors du discours de Sanders déclarant son soutien à Clinton, des centaines de délégués sont sortis en signe de protestation. Ils étaient des milliers, à l’extérieur de la Convention, à faire pression sur Sanders pour qu’il renonce à soutenir Clinton et poursuive sa course à la présidentielle. Ils demandaient – comme nos camarades américains de Socialist Appeal – que Bernie Sanders se présente à la présidentielle comme candidat « indépendant », face à Trump et Clinton.

Une telle candidature aurait eu un énorme écho. Elle aurait bouleversé le scénario présidentiel et l’ensemble du paysage politique. D’une part, Sanders aurait pu l’emporter. D’autre part, il aurait jeté les bases d’un authentique parti des jeunes et des travailleurs, ce qui fait cruellement défaut dans ce pays. Les Républicains et les Démocrates sont les deux faces de la même pièce, deux partis des milliardaires – ou, comme le disait l’écrivain américain Gore Vidal, « les deux ailes droites d’un seul parti, le Parti de la Propriété ». En ce sens, la trahison de Sanders était en germe dans sa décision de participer aux primaires démocrates. Il aurait dû concourir, d’emblée, comme candidat socialiste indépendant.

Qui va gagner les présidentielles ?

La logique et les sondages donnent Clinton victorieuse face à Trump. Mais dans la période actuelle, marquée par une extrême instabilité, la logique et les sondages ne s’appliquent pas comme dans les périodes de stabilité. L’élection est encore loin ; il peut se passer beaucoup de choses d’ici décembre. Et la démagogie anti-establishment de Trump peut faire mouche face à une représentante « pur jus » de l’establishment. Une chose est sûre : quel que soit le vainqueur, les perdants seront les pauvres et travailleurs.

Encore une fois, il n’y aura pas de « retour à la normale ». Tôt ou tard, la question d’un parti ouvrier se reposera. Le fait est que des millions de jeunes et de travailleurs discutent désormais du « socialisme », aux Etats-Unis. Ils cherchent une alternative au capitalisme en crise. Les événements des derniers mois constituent la preuve que la possibilité d’une révolution socialiste aux Etats-Unis n’est pas aussi lointaine que beaucoup de gens se l’imaginent.

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