L'éditorial du numéro 12 de Révolution.

MichelTax shift ! Il a suffit d’une très brève période pour que ce mot entre dans notre vocabulaire. Autrefois on parlait d’un impôt sur la fortune ou, comme le PTB le fait toujours, d’une taxe sur les riches. Le raisonnement derrière cette exigence est simple : ce ne sont pas toujours les mêmes qui doivent passer à la caisse.  Il faut faire contribuer les grandes fortunes afin de financer des chantiers autrement impossibles : améliorer la sécurité sociale, l’éducation, augmenter le nombre  de logements sociaux, stimuler l'emploi. On est bien d’accord : les impôts doivent moins être prélevés sur les salaires et plus sur les fortunes, comme le réclament 80 % de la population belge (tous sondages confondus) et l’ensemble du mouvement syndical, en particulier  la CSC, qui a fait de cette demande son cheval de bataille après l’issue non-satisfaisante des négociations de décembre dernier avec le gouvernement.

Après plusieurs mois il nous a finalement été promis qu’en été le tax shift viendrait, fort d’un volet social garanti -sans aucun doute -par le CD&V.

En juillet, lorsque le gouvernement Michel revint  avec un nouveau plan budgétaire et son soi-disant tax-shift après une période de négociation relativement courte, le réveil fut douloureux. Pour ce gouvernement le tax shift signifie exactement l’inverse de ce qu’il représente pour la population : ceux qui ont déjà peu seront taxés encore plus, les entreprises encore moins. 3,7 milliards d’euros vont ainsi être prélevés sur le dos de la population. Les taxes d'accise sur le tabac, l'alcool, les boissons gazeuses et  le diesel augmentent, de même que la TVA sur l'électricité qui passe de 6% à 21%. A l’inverse, quelques 3,7 milliards d’euros seront transférés aux entreprises sous la forme d’une moindre contribution patronale à la sécurité sociale (ce qui entraîne donc également son érosion !). Comme à l’accoutumée, les plans du gouvernement pour obtenir des revenus de la lutte contre la fraude fiscale (800 millions) sont, eux, beaucoup moins concrets.

A peine ces décisions avaient-elles été prises que tous les ministres sont partis en vacances, esquivant tout commentaire. Kris Peters, le vice-premier, est le seul à être resté dans le pays pour défendre l'indéfendable.

Quand  va-t-on, d’ailleurs, mettre un terme à la mascarade dans laquelle Kris Peters est présenté comme la conscience sociale de ce gouvernement ? Pourquoi  cet ex-patron d’UNIZO (l’organisation du petit patronat flamand) défendrait-il au sein de ce gouvernement le contraire de ce qu’il a toujours fait pendant sa carrière ? Peeters est loin d’être impuissant face à cette débâcle ; son rôle consiste à calmer la base syndical du CD&V avec des déclarations fumeuses.  Que font encore nos compagnons de lutte dans un parti aux côtés de tels personnages ?

Un autre mythe qui doit d’urgence être brisé est celui selon lequel il y aurait d’importants désaccords au sein du gouvernement, que ce serait un cabinet de querelleurs. La réalité est beaucoup plus nuancée. L’année passée, lorsque le gouvernement a été confronté à une vague de protestations syndicales et à d’autres mouvements tels que Hard boven Hard (Tout Autre Chose), de nombreuses disputes ont en effet éclaté. L’unité ne tenait qu’à un fil. Mais depuis, le gouvernement a regagné en confiance car les directions syndicales ont interrompu les mobilisations pour entrer dans des négociations qui ont duré des mois et ont finalement aboutit à un accord insatisfaisant. N’oublions pas que cet accord a été rejeté par la FGTB et qu’il n’a recueilli qu’une très faible majorité au congrès de la CSC.

Les syndicats ont appelé à une grande manifestation le 7 octobre : une bonne nouvelle. Mais en même temps la direction syndicale continue à croire dans les négociations avec le patronat. Ce sont des illusions dangereuses. Les patrons seront sans doute moins enclins à accepter un compromis que l'année passée, notamment sur les prépensions (ce qui, après tout, leur permettait de licencier sans trop de difficulté !

La colère des syndicalistes reste grande, eux aussi vont toutefois se poser la question : pourquoi devrait-on réussir  à obtenir satisfaction cette fois-ci, alors que le résultat des mobilisations de l’an dernier  a été aussi insatisfaisant ? Notre réponse : les actions et les mobilisations doivent avoir la priorité absolue sur des négociations. Nous avons besoin d’un plan d’action claire et un programme de revendications clairs, soutenu en Front Commun, par d’amples discussions dans la base syndicale et dans la société tout entière. Pas de trêve pour le gouvernement Michel : s’il ne veut pas céder, qu’il dégage!

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