Actuellement, les dirigeants mondiaux se rassemblement pour la 21ième fois afin de s’entendre sur des solutions à apporter au dérèglement climatique. Mais les attentes sont faibles : quelles décisions pourraient être prises, alors que les 20 ( !) fois précédentes n’ont pas permis de limiter les dérèglements en cours ? “Changeons le système, pas le climat!”, tels étaient les mots du révolutionnaire latino-américain Hugo Chavèz. C’est maintenant un des slogans les plus repris lors des mobilisations autour du sommet de Paris, qui ont été scandaleusement interdites depuis les attentats du 13 novembre.

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L’expérience de Copenhague 2009

Comment est-il possible que les dirigeants mondiaux soient aussi incapables de limiter les émissions de gaz à effet de serre, vu la gravité du problème ? Pour le comprendre, il faut revenir à la débâcle du dernier sommet climatique à Copenhague en 2009. Contrairement à la situation présente, les espoirs étaient grands. A tort : après une semaine de discussions, les hommes et les femmes les plus puissants du monde devaient ressortir les mains vides, sans accord contraignant. La conférence a en effet fini dans une guerre commerciale hypocrite que les politiciens habillèrent d’un manteau « vert ». Sous le couvert d'une taxe environnementale, les politiciens américains voulaient prendre des mesures protectionnistes contre l’importation de produits chinois ... Non pas parce qu'ils étaient vraiment préoccupés par le changement climatique : ces mêmes sénateurs états-uniens défendaient avec un dévouement total les intérêts des firmes pétrolières et des multinationales agroalimentaires. La vraie raison derrière cette proposition était le renforcement des intérêts impérialistes des États-Unis face à la concurrence chinoise. Le marché américain devait être défendu contre les exportations « non-écologiques » chinoises. Et bien évidemment, les Chinois ont refusé cet accord.

Confrontés aux nombreux rapports sur le dérèglement climatique  provenant des instances les plus prestigieuses, il est inconcevable que les dirigeants ne soient pas conscients du danger écologique. Ni que leur incapacité soit due à leur supposée « indécision » ou « faiblesse de caractère ». Tel un mirage, ces défauts s’évanouissent dès que les dirigeants défendent les intérêts des capitalistes. La vraie raison de l'absence d'un accord international est que les dirigeants travaillent totalement dans et pour le système existant. Une fois qu’on accepte le système capitaliste, on est obligé de penser et d'agir dans l’intérêt de la classe capitaliste. En protégeant avant tout les profits, il est impossible de parvenir à l'accord politique international nécessaire pour limiter les dérèglements climatiques. Et in fine, ce ne sera pas la classe dirigeante qui souffrira le plus !

Le capitalisme vert

Confrontée à l'échec flagrant des politiques et de l'Etat, la classe dirigeante a dû adopter une approche différente. Les économistes de marché ont alors saisi l’opportunité  de ressasser leur phrase favorite : laissez faire, laissez passer ! Leur mot d’ordre : les mécanismes du marché fonctionnent et, tôt ou tard, des solutions se développeront spontanément. Malgré toute la propagande et les campagnes publicitaires favorisant les produits « écologiques », le constat est amer. Après une bonne décennie, les résultats sont aussi insatisfaisants qu’après une demi-douzaine de sommets climatiques. Entre 2000 et 2015, les émissions de CO2 sur le plan mondial ont augmenté de 2,2%. Contrairement à ce qu’annoncent les apôtres du capitalisme vert, cette nouvelle production « verte » est restée une niche, destinée à ceux qui veulent et peuvent se la procurer. L'ensemble de la production capitaliste n’est pas devenue plus écologique – particulièrement pas à l’échelle mondiale.

Et ce n’est pas tout : ce secteur « vert » est principalement basé sur des mensonges et des falsifications. De manière évidente dans le cas de Volkswagen (qui a vendu pendant des années des véhicules équipés pour fausser la mesure des émissions de CO2 lors des contrôles), mais souvent aussi de manière plus cachée. Ainsi, seule la dernière étape de la production est prise en compte pour tous les labels environnementaux – quand il y a un label... Dans toutes les phases précédentes, la production se fait dans la même négligence des dommages écologiques.

La croissance de ce marché de niche est inséparable de la crise de surproduction dans laquelle le capitalisme a été piégé. Afin de maintenir leurs niveaux de profit, les capitalistes sont obligés de vendre plus de produits. Ceci est particulièrement vrai dans des domaines congestionnés, tels que la production automobile, où la lutte entre une poignée de géants est féroce. Dans cette situation, ce marché de niche verte a été perçu comme un moyen pour vendre plus ou moins les mêmes produits en les parant d’un manteau vert. Il n’est donc pas surprenant que le secteur publicitaire ait connu une énorme augmentation dans cette même période.

L’irrationalité sociale et écologique du capitalisme

Les considérations écologiques ne sont pas déconnectées des revendications sociales. Les travailleurs prennent souvent la voiture pour aller au travail car ils n’ont pas d'autre choix ; tout comme ils mangent au fast-food parce qu’ils n’ont ni le temps ni l'argent pour de la nourriture de meilleure qualité. Afin de faire face à ces problèmes, nous avons besoin d’ investissements massifs. Dans son dernier rapport de 2014, le très écouté Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat (GIEC) a essayé de calculer combien coûterait une transition vers une production verte. Une transition internationale de la production de l'énergie, des transports, de la construction et de l'industrie vers le niveau le plus avancé en matière de durabilité coûterait 483 milliards $ d’investissements supplémentaires par an. En outre, d'autres montants devraient être alloués à la recherche et au développement technologique.

D’où viendrait cet argent ? Le seul groupe de personnes qui puissent fournir une telle somme sont les gens les plus riches du monde, les capitalistes. Mais ceux-ci ne sont certainement pas disposés à céder une poignée d'argent pour améliorer la vie de la classe travailleuse à court terme. Ils sont encore moins prêts à financer une transition vers une production durable. Tout comme les exigences sociales les plus élémentaires, le problème écologique est essentiellement un problème de classe. Les intérêts de profit à court terme d'un petit groupe représentent le plus grand obstacle.

Pour les marxistes, la planification socialiste de la production est le meilleur système qui permette de prendre les mesures nécessaires à la préservation de notre environnement. Ceci veut dire que c’est à la classe travailleuse de contrôler ce qui est produit, pas aux capitalistes guidés par leur insatiable soif de profits. Sur le plan international une telle planification permettrait de réduire les émissions de CO2 et l’impact humain sur la nature de manière fondamentale. Le socialisme n’est pas automatiquement vert, mais il offre la garantie d'amener l'énorme richesse et les possibilités technologiques de la société contemporaine sous le contrôle démocratique de la population et de ses éléments les plus conscients écologiquement.

 

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